En Toscane, un projet de parc éolien a été la cible d’attaques violentes menées par des individus cagoulés et armés de couteaux. Ces intrusions, survenues à deux reprises près de Dicomano, ont semé la peur parmi les ouvriers et relancé le débat autour de l’acceptabilité des énergies renouvelables en Italie.
La quiétude apparente des collines toscanes a été brutalement rompue la semaine dernière lorsque plusieurs dizaines d’hommes masqués ont pris d’assaut un chantier de parc éolien dans la région du Mugello, à l’est de Florence. Ces intrusions, survenues les 2 et 3 juillet, ont visé un projet contesté qui prévoit l’installation de sept turbines de 168 mètres sur une surface de 5,4 hectares, capables d’alimenter en électricité 100 000 personnes et d’économiser 40 000 tonnes de CO2. Un investissement de 35 millions d’euros, assorti de compensations pour les communes de Vicchio et Dicomano concernées.
« Ils nous ont dit d’interrompre immédiatement les travaux, en nous menaçant. J’ai vu deux couteaux. Ils cherchaient à nous intimider, leurs visages étaient masqués par des cagoules. Ils avaient l’air jeunes, mais pas trop, la trentaine. Ils parlaient avec des accents différents. Ils ont causé beaucoup de dommages », a témoigné Niccolò Bruschi, responsable du chantier, dans les colonnes de La Repubblica. Selon les sources, entre vingt et cinquante personnes auraient participé à ces raids, endommageant et volant du matériel.
Pour la presse italienne, l’hypothèse la plus vraisemblable est celle d’une action militante. Le groupe Siamo montagna, littéralement « Nous sommes la montagne », avait organisé entre le 2 et le 6 juillet un « camping de lutte » contre l’éolien dans le Mugello, annonçant une « opposition collective » à ce projet qu’il accuse de détruire la forêt et de bouleverser l’équilibre écologique de la région.
Depuis son lancement en 2019, le projet cristallise de fortes tensions locales. Certains habitants soulignent la nécessité de développer les énergies renouvelables pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, tandis que d’autres dénoncent l’impact environnemental et paysager de ces installations. « On ne peut pas détruire la nature au nom de la nature », résume Maurizio Gori, responsable d’un comité local opposé aux turbines, dans Il Post.
Malgré les divergences de fond, un point fait consensus : la violence est inacceptable. « Ceux qui ont pénétré sur le chantier sont des imbéciles. Ils ont détruit du matériel et menacé des ouvriers qui viennent de ces terres. Les militants pacifiques eux-mêmes craignent que ces actions violentes ne desservent leur combat et ne réduisent l’écoute dont bénéficie leur cause auprès des institutions et de l’opinion publique.
Source : Courrier international