Donald Trump a annoncé ce mercredi 10 juillet l’imposition de droits de douane supplémentaires de 50 % sur les produits brésiliens, dénonçant le procès intenté contre Jair Bolsonaro. Une ingérence politique inédite qui provoque la colère de Lula et ouvre une nouvelle crise diplomatique.
Les tensions latentes entre le Brésil et les États-Unis ont explosé mercredi après l’annonce de Donald Trump d’imposer des droits de douane punitifs sur les produits brésiliens. Dans un courrier adressé au président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le président américain a officialisé une hausse de 50 % des taxes à l’importation, motivée non pas par un différend économique mais par son opposition au procès de l’ex-président Jair Bolsonaro, jugé pour sa participation présumée à la tentative de coup d’État de janvier 2023.
Trump qualifie dans sa lettre ce procès de « chasse aux sorcières » et exige l’arrêt immédiat des poursuites, estimant que « la manière dont le Brésil a traité l’ancien président Bolsonaro, un dirigeant très respecté dans le monde entier pendant son mandat, est une honte internationale ». Cette intervention directe dans le système judiciaire d’un autre pays suscite l’indignation de la presse internationale, même si au Brésil comme ailleurs des voix se sont également élevées pour dénoncer une persécution politique à l’égard de l’ancien président brésilien. « Une ingérence sans précédent », note El País, qui souligne que la décision n’obéit à aucune logique commerciale, les États-Unis affichant même un excédent commercial avec le Brésil.
La menace de droits de douane supplémentaires s’inscrit dans un contexte plus large : depuis avril, la Maison-Blanche a notifié à plusieurs pays sa volonté d’appliquer des taxes punitives à partir d’août. Mais la lettre envoyée mercredi au Brésil se distingue par son ton politique explicite, selon la BBC, qui rapporte que vingt-deux pays ont reçu un courrier similaire cette semaine, sans que ceux-ci ne comportent de telles exigences internes.
À Brasilia, la réaction de Lula ne s’est pas fait attendre. Le président brésilien a dénoncé une atteinte à la souveraineté de son pays et a promis des mesures de réciprocité si Washington met à exécution sa menace. « Le Brésil est un pays souverain avec des institutions indépendantes, qui n’acceptera la tutelle de personne », a-t-il martelé. Dans les colonnes de Folha de São Paulo, la manœuvre est perçue comme un chantage visant à imposer l’impunité à Bolsonaro, rappelant que l’ancien président est jugé pour avoir orchestré un coup d’État et projeté l’arrestation ou l’assassinat de hauts fonctionnaires.
Le quotidien pointe aussi l’influence du clan Bolsonaro, notamment celle d’Eduardo Bolsonaro, fils de l’ex-président, aujourd’hui exilé en Floride où il entretient des liens privilégiés avec les cercles trumpistes. O Globo s’insurge contre un « chantage explicite » de Trump pour défendre son allié, tandis que Politico note que cette stratégie reflète sa vision des droits de douane comme un levier universel, allant du commerce aux questions judiciaires étrangères.
Pour le New York Times, cette décision révèle surtout le risque d’embrasement économique d’une telle politique. « La tentative de Trump d’utiliser les droits de douane pour intervenir dans un procès pénal à l’étranger est un exemple extraordinaire de son usage des taxes comme arme politique. Elle pourrait déclencher un désastre économique. »
Source : Courrier International, article publié le 10 juillet 2025