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Tapisserie de Bayeux : la France prête son trésor médiéval au British Museum en 2026

Pour la première fois en près d’un millénaire, la tapisserie de Bayeux, chef-d’œuvre du XIe siècle illustrant la conquête normande, sera exposée à Londres. Un prêt historique, symbole d’une amitié franco-britannique renouvelée sous le mandat d’Emmanuel Macron.

C’est un évènement culturel et diplomatique d’ampleur qui s’annonce. La tapisserie de Bayeux, longue de près de 70 mètres, quittera la Normandie en septembre 2026 pour rejoindre la prestigieuse galerie Sainsbury Exhibitions du British Museum à Londres, où elle sera exposée jusqu’en juin 2027. L’annonce a été faite mardi 8 juillet par le président Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, à l’occasion de la visite d’État du chef de l’État français au Royaume-Uni, marquée par un climat d’amitié retrouvée entre les deux rives de la Manche.

Commandée en 1077 par l’évêque Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant, la tapisserie retrace en 58 scènes et près de 626 personnages la conquête de l’Angleterre par les Normands, aboutissant à la bataille d’Hastings en 1066. The Telegraph rappelle qu’elle pourrait même avoir été brodée en Angleterre, dans le Kent, avant d’être conservée en France, où elle est classée monument historique depuis 1840 et inscrite au registre Mémoire du monde de l’Unesco. Aujourd’hui exposée au musée de Bayeux, elle attire chaque année près de 400 000 visiteurs.

Les Britanniques, eux, saluent un « retour chez elle » de cette pièce emblématique de leur histoire médiévale. The Times souligne qu’en près de 950 ans, jamais la tapisserie n’avait traversé la Manche pour être exposée outre-Manche, malgré plusieurs demandes formulées par Londres en 1931, 1953 et 1966, toutes restées lettres mortes. Un projet de prêt avait bien été annoncé par Theresa May et Emmanuel Macron en 2018, mais la détérioration des relations diplomatiques, la pandémie de Covid-19 et la fragilité du tissu avaient repoussé l’échéance. Les responsables français avaient notamment estimé qu’il faudrait « réparer 10 000 trous et éliminer 24 000 taches » avant tout déplacement.

En contrepartie, la France accueillera plusieurs trésors archéologiques britanniques pendant l’absence de la tapisserie. Les musées normands exposeront ainsi les célèbres objets du bateau-tombe de Sutton Hoo, découvert en 1939 dans le Suffolk, ainsi que les figurines en ivoire de l’échiquier de Lewis, datant du XIIe siècle et mises au jour en Écosse en 1831. Le British Museum envisage d’ailleurs de compléter cet échange par d’autres prêts d’objets majeurs issus de ses collections.

La ministre britannique de la Culture, Lisa Nandy, a salué un geste « symbolisant la profondeur et la continuité de l’histoire commune entre la France et le Royaume-Uni ». Emmanuel Macron, lui, a déclaré lors du banquet d’État au château de Windsor : « Pour la première fois depuis neuf cents ans, la tapisserie de Bayeux suivra le même chemin que les guerriers dont elle raconte l’histoire et atterrira sur le sol britannique. »

Le musée de Bayeux fermera ses portes dès septembre prochain pour un chantier de rénovation de deux ans. La tapisserie y retrouvera sa place à l’issue de son voyage londonien, renforçant encore son statut d’incontournable témoignage visuel de l’histoire européenne.

Source : Courrier international, The Times, The Telegraph, The Guardian, The Independent

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