À Bois-Colombes, la succession du maire Les Républicains Yves Révillon ouvre une véritable guerre des droites. Entre conservateurs assumés et élus plus libéraux, la bataille pour la mairie de 2026 divise profondément la majorité municipale.
En octobre 2024, Yves Révillon réunit ses proches dans son bureau de l’hôtel de ville dans le 9.2., pour organiser son départ après trente ans à la tête de la commune. Lors de cette soirée arrosée, un nom s’impose : Pierre Crosnier Leconte, le favori du maire, adjoint à la planification des projets structurants, élu en 2020 et figure d’une droite très conservatrice.
Militant Les Républicains, il s’est illustré par son engagement au sein du Mouvement conservateur, ex-Sens commun, soutenant Éric Zemmour dès 2021. Opposé au mariage pour tous et à la PMA pour toutes, il considère ces évolutions sociétales comme un « changement de civilisation ». Son investiture provoque une fracture au sein de la majorité municipale, alors que d’autres lorgnaient le poste.
Une fronde menée par les élus centristes
Face à ce choix, Gaël Barbier, conseiller municipal depuis 2014, quitte la majorité et crée le groupe Agir pour Bois-Colombes, rejoint par trois membres de l’ancienne liste En Marche et l’élu Aymeric Claussmann. Ils dénoncent le virage trop conservateur de la majorité et l’absence d’ouverture vers le centre.
Claussmann, catholique pratiquant, affirme séparer foi et engagement politique. « Un élu m’a dit que je devais rejoindre Pierre parce que j’étais chrétien », confie-t-il dans les colonnes de Street Presse, se disant choqué par cet argument identitaire.
Une droite divisée entre continuité et radicalité
Pour l’opposition, cette scission n’est que la continuité d’une ligne politique déjà ancrée. David Mbanza (EELV) rappelle qu’Yves Révillon et plusieurs adjoints ont toujours affiché leur opposition au mariage homosexuel. Le maire qualifiait la loi Taubira de « scélérate », la comparant aux lois de Vichy. Gaël Barbier, souligne également dans Street Press que certains élus refusent encore aujourd’hui de marier des couples de même sexe.
Des propos polémiques au sein de la majorité
L’ambiance au conseil municipal est marquée par des dérapages. Lors d’un vote sur une subvention à SOS Méditerranée en 2023, l’élue Anne-Christine Jauffret accusait les bateaux humanitaires de « faire le jeu des passeurs », tandis qu’Yves Révillon évoquait « énormément de fraudeurs en Afrique » justifiant les migrations. Gaël Barbier rapporte également qu’un élu lui aurait demandé s’il n’avait pas « peur que ses enfants apprennent l’arabe » à l’école publique.
Une proximité assumée avec l’extrême droite
Proche idéologiquement d’Éric Zemmour, Yves Révillon avait déclaré dès 2012 qu’il existait « une caricature du FN ». En 2022, il est le seul maire des Hauts-de-Seine à lui accorder son parrainage présidentiel. « Il a toujours été fan de Zemmour avant même qu’il ne devienne une personnalité politique », confirme un élu de sa majorité.
La bataille pour la mairie de Bois-Colombes révèle les lignes de fracture d’une droite française divisée entre traditionalistes assumés et libéraux pragmatiques. Une guerre idéologique qui dépasse la ville pour incarner un débat national sur l’avenir des Républicains et de la droite française.
Source : Street Press.