Dans un ouvrage glaçant intitulé Les tueurs d’extrême droite. Enquête sur une menace française (éditions du Rocher), le journaliste Paul Conge revient sur une série de meurtres perpétrés par des militants néonazis en plein Paris. Alors que la campagne présidentielle de 2027 se profile, ce livre-enquête résonne comme une alerte sur la montée de la violence ultra-droitière en France.
L’année 2022 a été secouée par une série de cinq homicides violents à Paris, tous perpétrés par des individus issus de la mouvance ultra-droite. Le 19 mars, l’ancien joueur de rugby argentin Federico Aramburú est abattu en plein cœur de la capitale par Loïk Le Priol, un ex-militaire fiché S, affilié au Groupe Union Défense (GUD), un groupuscule radical bien connu.
Quelques semaines plus tard, au mois de mai, c’est un jeune ouvrier d’origine hispano-marocaine qui est tué à Pigalle, sous les balles de Martial Lanoir, un homme imprégné de nostalgie nazie.
Enfin, le 23 décembre, trois militants kurdes sont froidement exécutés rue d’Enghien par William Malet, un suprémaciste blanc à peine sorti de détention provisoire.
Bien qu’aucune de ces attaques ne soit le fruit d’un ordre collectif, Paul Conge souligne leur fond idéologique commun, leur inscription dans un climat radicalisé, alimenté par les discours identitaires et la banalisation de l’extrême droite.
Une résonance troublante avec la montée des droites radicales
Ces faits divers s’inscrivent dans un contexte politique plus large. La présidentielle de 2022, marquée par les percées de Marine Le Pen et Éric Zemmour, aurait selon l’auteur servi de catalyseur à certains groupuscules extrémistes. Pour Paul Conge, il ne s’agit plus de simples faits isolés, mais de signaux faibles d’une menace politique montante.
« Trois affaires. Quatre tireurs. Cinq morts. Et combien de similitudes ? », interroge le journaliste.
Des paroles qui font écho à une réalité de plus en plus visible : des cortèges d’ultra-droite dans les rues de Paris, des appels à la haine sur les réseaux sociaux, des agressions ciblées… et désormais, des meurtres.
La peste brune n’est plus un spectre, elle est tangible
Dans ce climat, Les tueurs d’extrême droite s’impose comme un travail salutaire de documentation et de mémoire. Paul Conge y déploie un style journalistique rigoureux pour donner à voir les visages de ces tueurs, analyser leurs parcours, et surtout, mettre en lumière la manière dont la violence politique d’extrême droite agit comme un poison silencieux dans la société française.
L’ouvrage fait également écho à d’autres travaux, comme Coulée brune d’Olivier Mannoni, ou les écrits visionnaires d’Umberto Eco sur la résurgence du fascisme.
Alors que la scène politique se prépare à une nouvelle présidentielle en 2027, Paul Conge conclut son enquête par une mise en garde :
« Cette série de meurtres résonne comme autant d’avertissements à l’approche de la campagne présidentielle de 2027. »
Source : Marianne.