Alors que le label « agriculture biologique » célèbre ses 40 ans, le gouvernement annonce une coupure budgétaire majeure pour l’Agence Bio, chargée de structurer, promouvoir et soutenir la filière. Près de 15 millions d’euros sont retirés de son budget 2025, une décision qualifiée de « recul historique » par ses dirigeants et dénoncée comme un abandon politique par la profession.
Le fonds Avenir Bio, bras armé financier de l’Agence, passe de 18 millions d’euros en 2024 à seulement 8,6 millionspour 2025. Les crédits de communication sont amputés de 5 millions d’euros, remettant en cause la campagne nationale pour relancer la consommation de produits bio, pourtant programmée jusqu’en 2026.
« C’est un secteur essentiel de l’agriculture qui est abandonné, à rebours de l’Histoire », déplore Jean Verdier, président de l’Agence.
Une contradiction avec les ambitions écologiques
Le gouvernement s’est engagé à atteindre 18 % de surface agricole en bio d’ici 2027. Mais aujourd’hui, ce chiffre stagne autour de 10 %, et la dynamique de conversion est en net ralentissement. L’Agence Bio estime désormais que cet objectif devient inatteignable sans moyens suffisants.
Une filière fragilisée et sous tension
Le climat est d’autant plus tendu que l’avenir même de l’Agence Bio reste incertain. Évoquée à plusieurs reprises, sa fusion ou suppression n’est plus exclue. Ses dirigeants seront entendus ce jeudi au Sénat par la commission d’enquête sur les opérateurs de l’État.
« On va finir par croire qu’Annie Genevard veut à tout prix la peau de l’agriculture biologique », fustige Loïc Madeline, coprésident de la Fnab.
Deux poids, deux mesures ?
La colère gronde aussi dans les rangs agricoles.
« Le ministère vient de trouver 30 millions d’euros pour sauver la filière noisette, soit 350 fermes. Mais rien pour les 60 000 fermes bio qui protègent les ressources naturelles », s’indigne Loïc Madeline.
Marc Batty, cofondateur de la foncière FEVE, parle de « profonde aberration », tandis que le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique) reste silencieux.
Source : Challenges.