Le 15 mars 2025 restera une date marquante dans l’histoire politique de la Serbie. Des centaines de milliers de manifestants ont investi les rues de la capitale pour dénoncer la corruption et le régime autoritaire du président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Aleksandar Vučić. Porté par la jeunesse et les étudiants, ce mouvement massif rappelle les mobilisations qui ont conduit à la chute de Slobodan Milosevic en 2000.
Dès le début de l’après-midi, les places de Belgrade étaient bondées. Venus à pied, en vélo, en moto et même en tracteur, les manifestants ont bravé les blocages des transports mis en place par le gouvernement pour empêcher leur venue. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 107 000 personnes ont participé à la manifestation, un chiffre minimisé par les autorités, alors que des sources indépendantes évoquent une marée humaine bien plus imposante.
Des slogans tels que « Pompez », symbole de la persévérance du mouvement, résonnaient dans les rues, tandis que les manifestants dénonçaient un régime corrompu et autoritaire.
La jeunesse à l’avant-garde du combat démocratique
Depuis quatre mois, les étudiants mènent la fronde contre le pouvoir. Leur créativité et leur détermination ont mobilisé une population longtemps résignée. De nombreux citoyens, écœurés par la répression médiatique et politique, voient en eux un espoir de changement.
Une corruption dénoncée, un pouvoir sur la défensive
La tragédie de Novi Sad, où 15 personnes ont péri lors d’un accident ferroviaire en novembre dernier, est devenue le symbole de la corruption du Parti progressiste serbe, au pouvoir depuis treize ans.
Face à la contestation, Aleksandar Vucic durcit son discours. Il accuse les étudiants de vouloir provoquer une « révolution de couleur » et met en place un dispositif de surveillance et de répression inquiétant. Face au Parlement, dans le parc des Pionniers, des tentes ont été installées et entourées de tracteurs sans plaques d’immatriculation.
Les rares médias indépendants serbes ont signalé la présence de hooligans ainsi que d’anciens membres de la JSO, une unité paramilitaire tristement célèbre pour ses exactions durant les guerres des années 90.
Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, plusieurs étudiants ont signalé la présence suspecte de sacs de pierre disséminés à divers endroits de la ville, tandis que des canons à eau ont été aperçus, renforçant les inquiétudes sur une possible escalade des tensions.
Mais le plus inquiétant est l’utilisation d’une « arme acoustique » contre les manifestants signalée par le compte X Tribune Populaire.
Un tournant politique pour la Serbie ?
Cette mobilisation massive pourrait bien marquer un tournant décisif pour la Serbie. Le régime de Vucic, fragilisé par les scandales et la contestation, est confronté à une pression populaire sans précédent.
Les manifestants l’affirment avec conviction : le 15 mars 2025 est le début d’un nouvel élan démocratique en Serbie. Reste à savoir si le gouvernement optera pour la répression ou des concessions, dans un pays où la jeunesse refuse désormais de se taire.
Source : Libération