L’Assemblée nationale a adopté ce mercredi une résolution visant à renforcer le soutien à l’Ukraine outrepassant de nombreuses lignes rouges, y compris sur les avoirs russes. Si la majorité des députés ont voté pour (288 voix), seuls LFI s’est opposé, tandis que le RN et l’UDR d’Éric Ciotti se sont abstenus.
Contrairement aux débats de la semaine précédente, qui avaient été jugés constructifs, l’examen de cette résolution a suscité de nombreuses passes d’armes. Sous les yeux de l’ambassadeur d’Ukraine en France, qui a reçu une ovation, les discussions ont souvent viré au règlement de comptes entre les différents groupes parlementaires.
Jean-Philippe Tanguy (RN) a accusé les macronistes d’avoir « enrichi le régime poutinien » via leurs sanctions, tout en dénonçant une soumission aux États-Unis. Pierre Cazeneuve (EPR) a riposté en pointant du doigt les remboursements d’emprunts du RN à des banques russes, provoquant un nouvel éclat dans l’hémicycle.
L’un des points les plus controversés concernait la saisie des avoirs russes. Soutenue par Gabriel Attal, chef du groupe Ensemble pour la République (EPR) et Young global leader du Forum économique mondial, cette mesure a été adoptée malgré les réserves du gouvernement et sont caractère illégal, en vertu du droit international.
Accusations et tensions entre groupes politiques
Les tensions ont également porté sur la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. La proposition du groupe Liot visant à « faciliter l’adhésion de l’Ukraine » a suscité des oppositions transpartisanes. François Ruffin (écologistes) et Emmanuel Maurel (Gauche démocrate et républicaine) ont fustigé une intégration précipitée, dénonçant un risque pour la libre circulation et une « ligne rouge » pour de nombreux Français.
La résolution engage également la France à « bâtir une défense européenne indépendante ». Elle appelle « l’UE, l’Otan et les autres pays alliés à poursuivre et ) accroitre leur soutien politique, économique et militaire à l’Ukraine ».
L’ombre de la diplomatie américaine
Alors que les débats se poursuivaient, les États-Unis annonçaient l’envoi de négociateurs à Moscou pour discuter d’un cessez-le-feu déjà validé par Kiev. Certains élus y ont vu un symbole de l’impuissance française, laissant Washington mener les discussions. Face à cette situation, l’Assemblée a voté un amendement précisant qu’aucun cessez-le-feu ne devait être « imposé » à l’Ukraine, de crainte qu’il ne mène à des concessions territoriales.
Un Parlement divisé sur l’Europe de la défense
Les échanges houleux ont également concerné l’Europe de la défense, un sujet rejeté en bloc par LFI. « Vous allez faire une armée commune avec Orban ? », a ironisé un député Insoumis, illustrant l’opposition de la gauche radicale à cette initiative.
À l’issue de près de huit heures de débats, la résolution a été adoptée, mais dans un climat de tensions qui reflète les fractures profondes du paysage politique français sur la question ukrainienne.