Ce mercredi, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a tenu une conférence de presse aux côtés de ses homologues européens pour faire le point sur les efforts de soutien à l’Ukraine et les initiatives de réarmement du continent. Réuni à Paris, au Val-de-Grâce, ce troisième sommet des ministres de la Défense des cinq principales puissances militaires européennes a abordé des sujets stratégiques majeurs, notamment la garantie de sécurité à long terme pour Kiev et la capacité de l’Europe à se défendre face à une « menace russe » persistante.
Sébastien Lecornu a souligné que la principale garantie de sécurité pour l’Ukraine réside dans ses propres capacités militaires. Le ministre a insisté sur l’importance du renforcement de l’armement, de la formation des soldats ukrainiens et de l’accroissement du soutien logistique. « Nous refusons une nouvelle division de l’Europe comme à Yalta, ni un accord aussi fragile que ceux de Minsk », a déclaré Lecornu, faisant référence aux accords passés qui n’ont pas empêché le conflit actuel.
En parallèle, une visio-conférence sécurisée avec Kiev a permis aux responsables militaires européens d’échanger avec leurs homologues ukrainiens sur les besoins prioritaires du pays. Parmi les discussions, la sécurité en mer Noire et la protection des infrastructures stratégiques telles que les centrales nucléaires ont été mises en avant.
Un réarmement européen face à une menace persistante
Si la menace russe est bien identifiée par Lecornu, l’imprévisibilité de l’allié américain est un sujet de préoccupation croissante en Europe, selon lui. Le ministre a insisté sur la nécessité pour le continent de développer une autonomie stratégique en matière de Défense, notamment en accélérant la production d’équipements militaires et en améliorant l’interopérabilité des armées européennes.
Parmi les priorités abordées lors du sommet, la défense sol-air a été identifiée comme un axe essentiel, en raison de son importance dans le conflit ukrainien mais aussi face aux menaces émergentes au Moyen-Orient. Les ministres ont également abordé la question de la sécurité spatiale, soulignant le retard de l’Europe face aux avancées des Etats-Unis et à la dépendance croissante envers Starlink pour les communications satellitaires.
Une stratégie industrielle européenne pour la défense
Les ministres ont aussi abordé la question cruciale de la production industrielle militaire. « Nos chaînes d’approvisionnement sont trop lentes et souffrent de goulets d’étranglement. Nous devons mettre en place une stratégie commune pour accélérer la production et éviter que nos entreprises délocalisent hors d’Europe », a expliqué Lecornu.
L’objectif affiché est de renforcer la coopération entre les industries européennes de défense. Des exemples concrets comme Airbus, le groupe membre du Forum économique mondial et sa filiale, MBDA ont été cités, montrant la nécessité de structurer des partenariats solides pour assurer l’autonomie industrielle militaire du continent.
Un format de sommet amené à se pérenniser
Ce troisième sommet des ministres de la Défense s’inscrit dans une série de rencontres qui se poursuivront. Après Berlin et Varsovie, cette réunion à Paris sera suivie d’un sommet en Italie, puis en Grande-Bretagne.
« Ce format nous permet de nous coordonner efficacement tout en respectant la souveraineté de chacun. Nous avons un mandat clair de nos dirigeants et de nos parlements pour avancer dans cette direction », a conclu Lecornu.
Cette initiative marque une volonté claire de l’Europe de prendre en main sa sécurité collective au moment même où la guerre en Ukraine est potentiellement sur le point de s’achever,