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Narendra Modi. Photo : @Prime Minister's Office

Inde : Le silence assourdissant de la communauté internationale face au suprémacisme hindou de Modi

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Dans un contexte où l’Inde se positionne comme une superpuissance émergente, tant sur le plan économique que diplomatique, il est frappant de constater l’absence de réaction internationale face à la montée du suprémacisme hindou sous la direction du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Narendra Modi. Depuis plusieurs années, le Premier ministre indien, avec son bras droit Amit Shah, met en place une politique d’uniformisation religieuse et culturelle sous le drapeau de l’hindutva. Ce phénomène, marqué par une domination systématique de l’hindouisme, semble passer sous silence, malgré les persécutions infligées aux minorités musulmanes et chrétiennes du pays.

Depuis l’accession de Narendra Modi et de son parti nationaliste au pouvoir en 2014, l’Inde a progressivement évolué vers une « démocratie ethnique », dominée par la majorité hindoue. L’hindutva, ou suprémacisme hindou, l’idéologie selon laquelle l’Inde devrait être une nation exclusivement hindoue, effaçant les traces de l’histoire musulmane et des autres religions, s’est peu à peu imposée.

La persécution des communautés musulmane et chrétienne

En 2019, l’Inde a abrogé l’autonomie du Jammu-et-Cachemire, une région à majorité musulmane, tandis qu’en 2020, un décret a exclu les réfugiés musulmans venant d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh des demandes de nationalité indienne. En revanche, les hindous et autres communautés non musulmanes sont invités à demander la citoyenneté indienne. Le discours politique d’Amit Shah, qualifiant les musulmans de « termites » et promettant de les expulser du pays, est un exemple flagrant de cette rhétorique raciste et islamophobe qui se répand dans les hautes sphères du pouvoir indien.

Des groupes nationalistes se sont constitués en milices et patrouillent dans les rues et sur les campus universitaires pour empêcher les jeunes musulmans d’entretenir des relations avec des hindoues, et pour les dissuader de s’installer dans des quartiers à majorité hindoue. Selon une étude de 2023 de l’université américaine du Massachusetts, membre du Forum économique mondial, les crimes de haine à l’encontre des musulmans et des chrétiens ont augmenté de 300 % depuis l’arrivée de Modi au pouvoir. Par ailleurs, plusieurs États gouvernés par le BJP ont adopté des lois restrictives concernant les mariages inter-religieux et les conversions religieuses.

Cette politique est marquée par une réécriture de l’histoire, où la période moghole, ainsi que des figures musulmanes emblématiques comme Maulana Abul Kalam Azad, militant pour l’indépendance aux côtés de Nehru, sont effacées des manuels scolaires. Cette approche touche également la science et la culture, avec des théories telles que celles de Charles Darwin ou des découvertes scientifiques majeures qui sont écartées, jugées incompatibles avec les textes sacrés hindous.

Le recul des libertés

La liberté de la presse a également souffert sous le gouvernement de Modi. Le BJP entretient des liens étroits avec de puissants oligarques, qui ont acquis une grande partie des médias, notamment dans le secteur audiovisuel. Les médias indépendants sont soumis à des pressions, telles que des descentes de police, des enquêtes administratives et fiscales, ou la suppression de contrats publicitaires, comme le dénonce Human Rights Watch. Les journalistes sont fréquemment arrêtés et parfois emprisonnés sans procès. En conséquence, l’Inde a constamment chuté dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, se retrouvant à la 161e place sur 180 en 2023.

Les partis d’opposition subissent eux aussi des pressions et des tentatives d’intimidation. L’exemple le plus marquant est celui de Rahul Gandhi, leader du parti du Congrès, qui a été condamné en 2023 à deux ans de prison pour diffamation envers Narendra Modi, une condamnation qui le rend inéligible pour les législatives de 2024, où il était considéré comme le principal rival de Modi pour le poste de Premier ministre.

À la fin du mois de janvier, c’est sa mère Sonia Gandhi, épouse d’origine italienne de Rajiv Gandhi, fils aîné d’Indira Gandhi, et ancienne présidente du Congrès indien qui a été pris pour cible par Modi. Il l’accusait d’avoir manqué de respect à la présidente du Congrèss, Droupadi Murmu, issue d’une communauté tribale et donc à l’ensemble des castes les moins favorisées. Une vidéo dénigrant Sonia Gandhi a d’ailleurs circulé sur les réseaux sociaux à ce moment là.

Selon l’universitaire Christophe Jaffrelot, le Parlement, quant à lui, est devenu une simple chambre d’enregistrement des décisions exécutives. De plus, la Commission électorale indienne est désormais placée sous l’autorité directe du gouvernement, ses membres étant nommés par le président.

Un double standard dans la réaction internationale

Le racisme systémique envers les minorités en Inde ne suscite pas de débat mondial ni de dénonciation sur les plateaux de télévision internationaux. La réaction des gouvernements européens, notamment, est souvent teintée de silence, voire d’une forme de paternalisme, qui voit l’Inde comme une « éternelle victime » et les pays occidentaux comme les « bourreaux ». Ce double standard soulève des questions sur l’engagement réel de la communauté internationale en matière de droits de l’homme et de lutte contre la montée des idéologies suprémacistes.

Si le monde a largement dénoncé les dérives autoritaires et racistes de régimes comme celui de Donald Trump ou de Vladimir Poutine, le silence entourant l’Inde de Narendra Modi est assourdissant. Pourtant, aucune indignation publique ne s’élève pour dénoncer ces politiques répressives en Inde, où les persécutions des musulmans et chrétiens semblent se poursuivre dans l’indifférence générale. Après avoir été l’invité d’honneur du 14 juillet 2023 du président et contributeur de l’agenda 2030 fu Forum économique mondial, Emmanuel Macron, Modi était même le co-président du Sommet de l’IA qui vient de se tenir à Paris.

Les 12 et 13 février derniers, Modi était également l’invité du contributeur du FEM, Donald Trump. Même si la presse indienne a signalé la “forte relation personnelle” entre les deux dirigeants et les intérêts convergents de leurs deux nations, Trump a toutefois annoncé que l’Inde ne bénéficiera d’aucun régime de faveur pour ses exportations vers les États-Unis.

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