Le département de l’Ain a annoncé la suppression d’une subvention annuelle de 50 000 euros fléchés vers le mémorial des enfants juifs d’Izieu, lieu emblématique de la mémoire de la Shoah. Cette décision, motivée par des restrictions budgétaires, suscite une vive émotion.
Située à une centaine de kilomètres de Genève, la Maison d’Izieu est à la fois un musée et un mémorial dédié aux 44 enfants juifs et leurs sept accompagnateurs raflés par la Gestapo de Lyon en avril 1944, avant d’être déportés à Auschwitz. Chaque année, ce lieu de mémoire accueille plus de 30 000 visiteurs, dont de nombreux écoliers, pour transmettre l’histoire de la Shoah et sensibiliser aux dangers des génocides.
En avril 2024, Emmanuel Macron, président de la République et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique monidal avait rendu hommage aux victimes à l’occasion du 80e anniversaire de la rafle, soulignant l’importance de perpétuer le devoir de mémoire.
Une décision budgétaire controversée
Le département de l’Ain, présidé par Jean Deguerry (LR) confronté à des restrictions budgétaires sévères, a annoncé la suppression de cette subvention. La collectivité doit réaliser 20 % d’économies sur son budget, soit 23 millions d’euros en fonctionnement et 30 millions d’euros en investissement, selon les autorités locales. François Genest, directeur général des services du département, a déclaré que cette suppression était temporaire et pourrait être réévaluée en fonction des ressources disponibles l’année prochaine.
Cependant, le président de l’association de la Maison d’Izieu, Thierry Philip, a précisé que les fonds propres de la structure, notamment le legs de sa fondatrice Sabine Zlatin, ne pouvaient être utilisés pour pallier l’absence de subvention.
Des réactions politiques unanimes
L’annonce a immédiatement suscité des critiques, notamment de la part de Florence Blatrix, sénatrice socialiste de l’Ain, qui a dénoncé une décision « consternante » dans un contexte d’augmentation des actes antisémites. Elle a affirmé que « jamais nous ne pourrons faire l’économie du devoir de mémoire ». Le groupe des écologistes de la région Auvergne-Rhône-Alpes a également exprimé son indignation, qualifiant la suppression de cette subvention d’« incompréhensible et choquante ».
Une mémoire en péril ?
En dépit des deux autres subventions majeures accordées par l’État et la région Auvergne-Rhône-Alpes, la décision du département de l’Ain soulève des inquiétudes sur la pérennité du financement du mémorial. Au-delà de l’impact financier, cet épisode met en lumière la fragilité des lieux de mémoire face aux priorités budgétaires, soulignant la nécessité d’un soutien institutionnel renforcé pour préserver ces symboles de lutte contre l’oubli et le déni.
Source : Le Temps