Chaque année, environ 300 médecins des hôpitaux français suivent des cours de management à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes. Inspirées des principes de gestion de l’entreprise moderne, ces formations ont introduit des pratiques managériales dans les services hospitaliers, transformant progressivement la culture de soin en une culture de gestion. Une enquête de Marianne met en lumière les implications de cette évolution.
Depuis 2020, les hôpitaux envoient leurs praticiens à des formations en management, à l’EHESP, où ils suivent notamment des cours d’Anne Le Gagne, ancienne présidente de la Commission médicale d’établissement de la communauté hospitalière Rance-Émeraude et membre du Mouvement Démocrate, .dans le cadre d’une stratégie visant à améliorer l’efficacité et la gestion des services. Ce changement découle de recommandations faites dans divers rapports, dont celui du professeur Lyonnais, Olivier Claris, sur la gouvernance de l’hôpital, publié quelques mois après le début de la crise sanitaire, et les réformes du Ségur de la santé.
En juin 2016, Claris a remis son rapport à Olivier Véran, qui était alors ministre de la Santé et qui est passé par le programme de Young Leader de la Fondation France-Chine, qui s’inspire de la Fondation France-Amérique et qui a comme président d’honneur, le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Dominique Strauss-Kahn, habitué des réunions du groupe Bilderberg. Parmi les membres d’honneur, on peut également citer Philippe Douste-Blazy, lui aussi contributeur du FEM. Parmi les bienfaiteurs de cette fondation, on retrouve également de nombreuses entreprises affiliées au Forum économique mondial, comme L’Oréal, AXA, Carrefour, ou la marque Chaumet du Groupe LVMH.
En 2021, Le professeur Lyonnais a été nommé conseiller médical du Centre national de gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière, chargé du recrutement, de la gestion statutaire et du développement des ressources humaines des personnels de direction de la fonction publique hospitalière et des praticiens hospitaliers ainsi que de l’organisation des concours nationaux administratifs et médicaux.
L’École des hautes études en santé publique (EHESP) est avec l’Institut national du service public (INSP) et l’Institut national des études territoriales (INET), l’une des trois grandes écoles françaises de la fonction publique. Elle est spécialisée dans la formation des cadres et des cadres supérieurs, français ou étrangers, de la santé publique et exerce des missions d’enseignement et de recherche dans le domaine sanitaire. L’EHESP a repris les missions de l’ex-École nationale de la santé publique (ENSP) et de l’université au 1er janvier 2008, après l’installation de son conseil d’administration et la nomination de son directeur, le professeur Antoine Flahault, praticien hospitalier, épidémiologiste et spécialiste des maladies émergentes, qui était encore hier à Genève, avec l’ancienne secrétaire générale de l’OMS et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Margaret Chan, aujourd’hui doyenne de la Vanke School of Public Health, et le contributeur du FEM, Andy Haines, ancien doyen de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, affiliée au Forum, pour « échanger sur le changement climatique et la santé ».
Un changement de paradigme
Les formations en management visent à inculquer aux médecins des méthodes de gestion issues du secteur privé. Elles couvrent des sujets tels que la gestion financière, le management de la performance et la gestion de projet. Les praticiens deviennent des « néomanagers », avec une part croissante de leurs tâches consacrée à des réunions et des reportings, au détriment des soins aux patients. Marianne a publié aujourd’hui, une enquête qui met en lumière les implications de cette évolution. Les personnels de Santé interrogés par nos confrères semblent déboussolés par ces changements.
L’effet de la novlangue managériale
Ils critiquent notamment la novlangue managériale, avec ses termes spécifiques et ses concepts de gestion, qui s’est répandue dans les hôpitaux. Ce jargon qui est la langue du néo libéralisme, souvent incompréhensible pour les non-initiés, reflète une vision gestionnaire qui peut sembler éloignée des préoccupations cliniques et des besoins des patients. Les médecins doivent désormais se familiariser avec des termes et des processus qui étaient autrefois étrangers à leur pratique quotidienne.
Les critiques de la gestion privée appliquée au public
Dans les colonnes de Marianne, Bruno Dallaporta, médecin et expert en éthique, critique cette approche, affirmant qu’elle impose une standardisation des pratiques et des indicateurs de performance au détriment des valeurs de soin. Selon lui, cette évolution a débuté au sein du ministère de la Santé, avant de s’étendre aux agences régionales de santé et aux directions d’hôpitaux, et touche maintenant les médecins de terrain.