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Arabie saoudite : Les scandales se multiplient autour de la mégalopole Néom et ce n’est sans doute pas fini…

Les scandales se multiplient autour du projet de mégalopole futuriste, Néom, voulu par le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, qui s’inscrit dans le plan Saudi Vision 2030, s’inspirant du plan Vision 2030 du Forum économique mondial. Après l’attribution scandaleuse des jeux asiatiques d’hiver 2029 à Trojan, l’une des smart cities de ce projet pharaonique, la BBC a révèlé dans une enquête publiée le 8 mai dernier, que les forces de l’ordre saoudiennes auraient reçu l’ordre d’utiliser la force létale pour faciliter l’évacuation des terrains nécessaires à sa construction. Le Fonds d’investissement public (PIF) de l’Arabie saoudite serait également sur le point de racheter le géant de la construction du Royaume, Binladin Group, fondé par le père d’Ousama Ben Laden.

Après l’aberration de la Coupe du Monde au Qatar, pour lesquels des milliers d’ouvriers ont perdu la vie, ainsi que le scandale des Jeux Olympiques d’Hiver de Pékin avec leurs canons à neige artificielle, le Comité Olympique d’Asie a annoncé le 4 octobre 2022 que Trojan, une des smart cities de Néom s’apprêtait à accueillir les Jeux Asiatiques d’Hiver de 2029, avec des pistes de ski dans le désert.

On apprenait par la suite, que les autorités saoudiennes ont lancé en octobre 2021, un plan de démolition et d’expulsion à grande échelle pour la ville de Djeddah, afin de pouvoir bâtir Néom. Les démolitions ont touché 558 000 personnes dans plus de 60 quartiers de la ville.

Amnesty International l’ONG affiliée au Forum économique mondiale, a critiqué ce plan, notant que certains habitants ont été informés de leur expulsion seulement 24 heures à l’avance. Les autorités ont justifié ces actions en affirmant que les quartiers concernés étaient envahis par la criminalité et la maladie.

Un programme de compensation a été annoncé en janvier 2022, fournissant des logements temporaires aux citoyens et des indemnités basées sur la légalité de leurs titres de propriété. Cependant, les ressortissants étrangers, représentant 47 % des expulsés, n’étaient pas éligibles.

En parallèle, le média britannique Middle Esat Eye, révélait le 7 octobre 2022 qu’un tribunal saoudien a condamné à mort trois membres de la tribu Huweïtat, qui habite sur les terrains visés par les autorités saoudiennes pour leur opposition au projet de mégapole. Le groupe de défense des droits humains, Alqst, basé au Royaume-unie affirmait que Shadli, Atallah et Ibrahim al-Howeiti avaient été arrêtés et condamnés à mort le 2 octobre 2020 par le tribunal pénal spécialisé d’Arabie saoudite. Le frère de Shadli al-Huweiti, Abdul Rahim al-Howeiti, âgé de 43 ans ayant même été abattu par les forces spéciales saoudiennes en avril 2020 après avoir protesté contre les ordres d’expulsion du gouvernement, y compris dans des vidéos qu’il a régulièrement publiées sur YouTube. Deux autres membres de la tribu Huweïtat, Abdulilah al-Howeiti et Abdullah Dukhail al-Howeiti, ont été condamnés à 50 ans de prison et à une interdiction de voyager de 50 ans en août 2020 pour avoir soutenu le refus de leur famille d’être expulsés.

Le vice-président de l’Organisation saoudienne des droits de l’homme, Adel al-Saeed, avait alors critiqué l’utilisation de la peine de mort pour étouffer toute opposition aux décisions du gouvernement.

Les révélations de la BBC

La BBC qui tient ses informations de Rabih Alenezi, un ancien colonel saoudien exilé au Royaume-Uni, révèle que les forces de l’ordre saoudiennes auraient reçu l’ordre en avril 2020 d’utiliser la force létale pour faciliter l’évacuation des terrains, majoritairement habités par les Huweïtats. Alenezi, affirme que les autorités ont autorisé la mise à mort de quiconque résiste à l’évacuation du village d’Al-Khoraybah. Les autorités justifient leur démarche en affirmant que le village était rempli de « rebelles », selon la BBC.

D’après des sources de l’ONU et d’ALQST, au moins 47 autres villageois auraient été arrêtés pour leur opposition aux ordres d’expulsion, dont certains simplement pour avoir exprimé publiquement leur deuil après la mort d’Al-Huwaiti. Quarante d’entre eux seraient toujours détenus, avec cinq faisant face à une possible exécution.

Les chiffres officiels font état de plus de 6 000 personnes déplacées, bien qu’ALQST estime ce nombre beaucoup plus élevé. Les images satellites analysées par la BBC montrent trois villages détruits : Al-Khoraybah, Charma et Gayal, où maisons, écoles et hôpitaux ont été complètement rasés.

Mohammed ben Salmane avait qualifié ces terrains de « toile vierge » lors de l’annonce du projet Néom, comprenant « The Line », une structure reflétante initialement prévue pour s’étendre sur 170 kilomètres avec une hauteur de 500 mètres. Les habitants déplacés se montrent réticents à parler aux médias étrangers, mais certains ont partagé leurs expériences avec la BBC.

Par exemple, un ancien résident d’un quartier de Djeddah a évoqué comment plus d’un million de personnes ont été expulsées, parfois avec moins d’un mois de préavis, pour permettre la construction d’un opéra, d’un quartier sportif, de commerces de luxe et de logements.

Néom le projet phare du programme Vision 2030

Le plan « Saudi Vision 2030 » est un plan de développement établi par le gouvernement saoudien en 2016 à la demande de MBS, dont la fondation MISK, est affiliée au Forum économique mondial, visant à diversifier l’économie du pays au-delà de sa dépendance historique au pétrole. Pour financer ce projet, MBS a annoncé en janvier 2016 l’introduction en bourse de la compagnie d’hydrocarbures Saudi Aramco, membre du FEM, avec la mise en vente publique de seulement 5% de l’entreprise.

Le projet de villes intelligentes devait être dirigé par l’entrepreneur britannique et contributeur de l’Agenda 2030 du Forum Économique Mondial, Richard Branson. Cependant, il a suspendu sa collaboration avec l’Arabie Saoudite le 11 octobre 2018, après l’assassinat de Jamal Khashoggi. Suite à cet assassinat, de nombreuses entreprises internationales ont renoncé à participer au forum d’investissement annuel organisé par le Fonds public d’investissement d’Arabie Saoudite (PIF) pour financer ce projet. Pour tenter de limiter la casse, MBS a signé en juin 2020, en pleine crise sanitaire, un contrat d’une valeur de 1,7 million de dollars avec la société américaine de relations publiques Ruder Finn, affiliée au FEM.

Le Plan Saudi Vision 2030 s’inspire du plan Vision 2030 du Forum économique mondial

Quelques mois avant le lancement de Saudi Vision 2030, le Forum économique mondial avait lancé en 2015, le « Plan Vision 2030 », une initiative, qui est constituée d’une alliance d’entreprises, de gouvernements et d’experts, visant à maximiser l’impact des technologies numériques sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Lancé lors d’une l’Assemblée général de l’ONU qui s’est déroulée à New York en 2015, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 vise à éradiquer la pauvreté, à promouvoir l’égalité des sexes, les droits humains et lutter contre le réchauffement climatique à travers 17 ODD.

Parallèlement, le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) a élaboré une note d’orientation pour une Vision 2030 dans le cadre du Programme des Nations Unies pour le développement. Cette note vise à intégrer les ODD dans les politiques nationales, tout en renforçant les capacités et en promouvant la collaboration entre différents acteurs, dont le secteur privée pour un développement durable et intégré.

À l’époque de l’annonce de la nomination de Trojan, comme ville hôte des jeux asiatiques 2029, l’ancien député LREM de la Loire, Jean-Michel Mis a d’ailleurs souligné sur X (qui s’appelait encore Twitter) que cette « ville futuriste » fait partie du « Plan Vision 2030 », sans que l’on sache trop s’il faisait allusion au plan Saudi Vision 2030 ou au Plan Vision 2030 du Forum économique mondial.

Le roi d’Arabie Saoudite fait un don de 10 millions de dollars à l’Unicef et l’OMS pour la prévention des épidémies de rougeole et de poliomyélite deux semaines après l’attribution des jeux asiatiques d’Asie à Neom 

Toujours est-il que l’Organisation mondiale de la Santé et l’UNICEF, deux agences des Nations unies affiliées au Forum économique mondial ont salué dans un communiqué publié au mois d’octobre 2022 les accords de financement de KSRelief, le Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane, d’une valeur de 10 millions de dollars américains pour renforcer les programmes de lutte contre la poliomyélite et la rougeole dans huit pays. L’accord a été signé en marge du Sommet mondial de la Santé à Berlin deux semaines après l’attribution des jeux asiatiques d’hiver de 2029 à NEOM.

Le Fonds d’investissement public (PIF) de l’Arabie saoudite sur le point de racheter le géant de la construction du Royaume, Binladin Group

Au mois de février dernier, ArabNews, relayait une information de Bloomberg, média affilié au FEM, indiquant que Le Fonds d’investissement public de l’Arabie saoudite était sur le point d’acquérir une participation de 36 % dans le géant de la construction du Royaume, Binladin Group, fondé par le père d’Oussama ben Laden. Bien que le PIF se montrait discret, Bloomberg a rappelé que le fonds souverain, supervisait plusieurs méga-projets tels que NEOM et travaillait avec Morgan Stanley, la banque affiliée au Forum économique mondial, « sur un potentiel accord pour acheter une participation dans Saudi Binladin Group ». Les Échos confirmaient le 5 mars 2024 les ambitions du PIF a l’égard de Binladin Group, qui a notamment participé à la construction de 25 aéroports au Moyen-Orient et dans le reste du monde.

Un plus gros scandale à venir ?

Marc Chesney et Loriano Mancini, des professeurs de l’Université de Zurich ont publié une enquête en 2015, commencée en 2005, mettant en évidence des délits d’initiés juste avant les attentas du 11 septembre, perpétrés par Oussama Ben Laden. J’ai pu constater précédemment que parmi les entreprises citées par les universitaires comme ayant fait l’objet de spéculations à la baisse, beaucoup avaient des liens avec le Forum économique mondial. C’était le cas de Jp Morgan, Bank of America, AXA et City Group, des multinationales membres du FEM. J’avais également constaté qu’United Airlines, tout comme Delta Airlines, deux compagnies aériennes qui figuraient dans l’enquête de Marc Chesney, faisaient parti de la First Movers Coalition, mise en place par le FEM, qui regroupe 86 membres issus des plus grandes entreprises mondiales et organisations à but non lucratif ayant pris des engagements ambitieux pour atteindre l’objectif de zéro émission net d’ici 2030. 

Une étude intitulée « Trader sur le terrorisme ? » publiée le 3 décembre 2023 dans la revue scientifique SSRN, menée par Robert J. Jackson, professeur de Droit à l’Université de New York University et ancien commissaire de la Securities and Exchange Commission des États-Unis (SEC), David J. Greenwald, professeur de Droit à l’université de Columbia et Joshua Mitts, un expert financier, a documenté « une augmentation significative des ventes à découvert dans les ETF (fonds négociés en bourse NDLR.) des principales sociétés israéliennes quelques jours avant lattaque du Hamas du 7 octobre ». L’une des entités citées était la Banque Israëlienne Leumi, affiliée au Forum économique mondial.

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