Le gouvernement français engage ce mercredi une concertation avec les partenaires sociaux pour discuter du remplacement du congé parental par un nouveau congé de naissance, suscitant des débats et des inquiétudes quant à ses implications.
Le projet de remplacement du congé parental par un congé de naissance fait l’objet de vifs débats au sein de la société française. Si le gouvernement ambitionne de garantir l’équité entre les sexes et la stabilité financière des familles, plusieurs critiques émergent quant à sa mise en œuvre.
Selon les propos de la ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, Sarah El Haïry, rapportés dans La Tribune dimanche le 12 mai, le congé parental actuel présente des lacunes. « Le recours à cette aide s’est effondré », ajoutant que « Aujourd’hui, le congé parental donne droit à un forfait mensuel de 448 euros. C’est trop peu. Sa durée est longue. Cela éloigne les femmes, souvent les plus précaires, de l’emploi. » Selon une étude de l’OFCE publiée en avril 2021, le congé parental n’est que peu utilisé : seuls 0,8 % des pères et 14 % des mères le demandent.
Lors de son « rendez-vous avec les Français », mardi 16 janvier à la télévision, Emmanuel Macron a affirmé que le congé de naissance pouvait être un « élément utile » pour inverser la chute des naissances en France. Il confirme ce plan dans une interview accordée à Elle le 8 mai 2024. Le congé parental serait remplacé par un congé de naissance indemnisé à hauteur de 50% du salaire, avec un maximum de 1 900 euros par mois. Le chef de l’État a précisé dans Elle que ce nouveau dispositif serait mis en place en août 2025. Ce congé, d’une durée de trois mois pour chaque parent, serait cumulable, permettant ainsi à l’un des deux parents de rester jusqu’à six mois avec leur nouveau-né.
Cette idée avait déjà été évoquée par Aurore Bergé, ex-ministre des Solidarités (ministre française déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations depuis 2024), le 8 novembre 2023, sous l’appellation « congé familial », lors d’une interview à l’Express. Deux députées avaient déposé, à l’automne 2023, une proposition de loi mettant en place un congé parental d’un an rémunéré à hauteur de 67% du salaire.
Les préoccupations autour du projet, des voix discordantes s’élèvent
Familles de France soulève des inquiétudes quant à la durée relativement courte du nouveau congé proposé, arguant que les trois années offertes par le système actuel sont mieux adaptées pour assurer une présence parentale continue dans les premiers jours de l’enfant.
Patrick Chrétien, de la même organisation, met en lumière la rigidité du système envisagé, qui ne prendrait pas en compte les besoins spécifiques des familles.
Parallèlement, Myriam Lebkiri la secrétaire confédérale cégétiste exprime des préoccupations quant à ce qu’elle perçoit comme un recul gouvernemental, mettant en avant les implications potentielles sur les services de la petite enfance et la difficulté accrue pour les parents à trouver des modes de garde adéquats.
Enfin, l’association Parents et féministes déplore la divergence entre la promesse initiale d’un congé mieux rémunéré et la réalité d’un congé plus court et moins bien indemnisé, soulignant l’absence d’une extension du congé de paternité.
La concertation lancée ce 15 mai permettra peut-être de débattre de ces questions et d’affiner les contours du nouveau congé de naissance, qui devrait entrer en vigueur d’ici 2025.
*SOURCES : La Tribune dimanche, Elle, Capital, Libération*
Par Armelle Hervé