Les pourparlers pour établir un nouveau traité international visant à renforcer la prévention, la préparation et la riposte aux pandémies se poursuivent à Genève. Initialement prévues pour se conclure le 10 mai 2024, juste avant l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) du 27 mai, ces discussions ont finalement été prolongées. Ce traité et la réforme du Règlement Sanitaire International ne sont pas sans susciter certaines inquiétudes concernant un transfert de souveraineté des Etats-membres à l’OMS. L’agence des Nations unies affiliée au Forum économique mondial, de son côté, pousse pour un accord, en brandissant les menaces qui pèsent surl’humanité, comme une hypothétique maladie X, pire que la Covid.
C’est le président du Conseil européen et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Belge Charles Michel, qui a évoqué pour la première fois la proposition d’un traité international sur les pandémies lors du Forum de Paris sur la paix en novembre 2020. Cette idée a été soutenue par les dirigeants du G7 le 19 février 2021.
Lors du Conseil européen du 25 février 2021, les dirigeants de l’Union européenne ont souligné la nécessité d’une coopération multilatérale mondiale pour faire face aux menaces sanitaires actuelles et futures. Ils ont convenu de travailler sur un traité international sur les pandémies dans le cadre de l’OMS pour promouvoir la sécurité sanitaire mondiale.
En mars 2021, les chefs d’État et de gouvernement de plus de vingt pays ont publié une déclaration d’engagement dans laquelle ils appellent à une collaboration mondiale pour se préparer, prévenir et répondre aux pandémies. En décembre 2021, les États Membres de l’OMS ont décidé de lancer un processus mondial pour rédiger et négocier une convention, un accord ou un autre instrument international juridiquement contraignant, afin de renforcer la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies.
La première réunion de l’organe de négociation intergouvernemental chargé de travailler sur la rédaction et la négociation de ce traité a eu lieu le 24 février 2022 pour définir les méthodes de travail et les délais. Il est co-présidé par la Sud Africaine, Malebona Precious Matsoso, d’Afrique du Sud, et le néerlandais Roland Driece.
Le 3 mars, le Conseil de l’Europe a autorisé l’ouverture de négociations en vue d’un traité international sur la prévention, la préparation et la réaction en cas de pandémie. Dans un communiqué publié le même jour, le ministre de la Santé Français, Olivier Véran, passé par le programme de Young Leader de la Fondation France-Chine, qui compte parmi ses co-fondateurs le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Arnaud Ventura, affirmait que « la COVID-19 a mis en évidence l’importance de la coopération internationale pour lutter contre les menaces mondiales pour la santé des personnes » et que « Ce nouvel instrument international » était « donc essentiel pour mieux réagir en cas de nouvelle pandémie ».
Il avait été décidé de la mise en place d’un Organe intergouvernemental de négociation (OIN), co-présidé par la Sud Africaine, Malebona Precious Matsoso, d’Afrique du Sud, et le néerlandais Roland Driece, des Pays-Bas, chargé de travailler à l’élaboration de ce rapport.
Le texte sur lequel travaillait l’OIN, visait à « prévenir », à « mieux répondre aux pandémies, ainsi qu’à faire progresser les principes d’équité, de solidarité et de santé pour tous », selon l’OMS. Il établissait des principes de priorités et d’objectifs pour aider les pays à améliorer leur préparation et leur réponse aux pandémies, renforcer leur résilience et promouvoir l’égalité d’accès à des contre-mesures médicales de qualité, le partage des données de surveillance, des données génétiques, des échantillons, des technologies, le tout sous le concept « One Health », « une seule Santé », dans la languie de Molière, pour relier la Santé animale et environnementale. Parallèlement, il a d’ailleurs été mis en place lundi Fonds intermédiaire financier sous les présidences du G20 de l’Italie de Romano Prodi et de l’Indonésie du contributeur du FEM, Joko Widodo, pour financer la nouvelle architecture de Santé, « Une seule Santé », qui permet à l’OMS d’envoyer des directives à destination des pays, lui conférant ainsi des compétences supranationales. Les experts de l’OIN ont également discuté de la nécessité de modifier le Règlement sanitaire international.
Les craintes d’un transfert de souveraineté
Toutefois la question de supranationalité a posé quelques problèmes. Le journaliste américain James Roguski a d’ailleurs porté plainte contre l’OMS, craignant un transfert de souveraineté des Etats-membres, vers l’institution internationale. Lors de la 75e Assemblée mondiale de la Santé, qui a eu lieu au mois de mai 2022, de nombreux pays, comme les pays africains, ainsi que la Malaisie, l’Italie, l’Iran, la Russie et le Brésil, ont exprimé leur opposition à la réforme du Règlement sanitaire international proposée par les États-Unis. Certains dirigeants, comme le président brésilien Jair Bolsonaro, ont qualifié cette réforme de « liberticide » et ont refusé de signer le traité sur les pandémies de l’OMS. Les présidents américains et français, Biden et Macron, tous deux contributeurs du FEM, ont exprimé leur soutien à la réforme du Règlement sanitaire international lors de cette 75e Assemblée mondiale de la Santé. Ils estimaient que « l’OMS est l’institution légitime pour garantir la sécurité sanitaire mondiale et promouvoir une réponse coordonnée, unie et solidaire face aux pandémies. »
Elon Musk a eu l’occasion d’exprimer lui aussi des inquiétudes. Le Dr German Velasquez qui a travaillé 20 ans au sein de l’agence onusienne, notamment comme directeur du secrétariat de l’OMS pour la Santé publique, l’innovation et la propriété intellectuel, durant la pandémie H1N1, a souligné que « curieusement », il s’agissait « d’une initiative de l’UE » et cela en plaine pandémie.
Piotr Kolczyński d’Oxfam, indique également sur X, que lors d’un évènement organisé à Bruxelles, sur l’accès équitable aux médicaments, Velásquez a souligné la « schizophrénie » de l’UE, caractérisée par « un décalage complet entre ce que disent les responsables européens lors des réunions de haut niveau à Bruxelles et leur position de négociation concernant l’accord sur les pandémies et la réforme du RSI ». Velasquez a aussi posté le 24 mars 2024, un GIF faisant allusion à une scène de Star Wars où l’empereur Palpatine se voyait accordé les pleins pouvoirs.
Les sénateurs Républicains ont également envoyé au début du mois de mai, une lettre ouverte à Joe Biden, l’exhortant à rejeter les accords « inacceptables » de l’OMS.
L’OMS pousse pour un accord en brandissant les menaces qui pèsent sur l’humanité
Dans un communiqué publié le 10 mai dernier, le Directeur général de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, le Dr Tedros, s’est félicité que « Les États Membres de l’OMS, qui négocient intensément depuis plus de deux ans », soient « déterminés à conclure un accord historique pour éviter que ne se reproduisent à l’échelle mondiale les horreurs provoquées par la pandémie de COVID-19 ». Il a rejeté à plusieurs reprises les accusations selon lesquelles ces accords donneraient des pouvoirs étendus à l’OMS, mais dans les faits, le plan « Une Seule Santé », lui en confère déjà. De plus, les cadres de l’OMS sont confiants, car il existe d’ores et déjà des accords sur des dispositions similaires dans le cadre de préparation en cas de grippe pandémique. La Dr Wenqing Zhang, responsable du Programme mondial de lutte contre la grippe, de l’OMS vient d’ailleurs de s’exprimer dans « Science in 5 » un podcast de l’agence onusienne pour alerter sur les risques de la grippe aviaire et expliquer que l’agence était en train de préparer une riposte mondiale.
Dans le cadre de son podcast « Santé en Europe« , publié le 10 mai, l’OMS brandit une nouvelle fois la menace de la Maladie X. Elle avait déjà publié un communiqué à fin du mois de mai 2023 pour présenter la « Maladie X« , une pathologie hypothétique qui pourrait déclencher une pandémie plus mortelle que celle du Covid-19, que l’agence onusienne agite depuis février 2018. Dans un article publié le 27 février 2020 dans le New York Times, Peter Daszak a déclaré que c’est lui , en compagnie d’un groupe d’expert, qui avait alerté l’OMS. Il avait d’ailleurs établi une liste de huit maladies considérées comme nécessitant une priorité élevée en termes de Recherche et de Développement, une classification reprise par l’agence onusienne. Or Peter Dazak, président de l’ONG EcoHealth Alliance, qui faisait partie de la Mission OMS-Chine, chargée de retrouver l’origine du Sars Cov 2, a publié le 19 février 2020 dans The Lancet, une lettre signée par 27 scientifiques, qui condamnait les « théories du complot » suggérant que la Covid-19 n’aurait pas d’origine naturelle, sans mentionner que l’Alliance EcoHealth avait financé des recherches à l’Institut de virologie de Wuhan. The Télégraphe révélait par la suite que 26 des 27 scientifiques signataires avaient des liens avec l’Institut chinois de virologie de Wuhan et trois d’entre eux faisaient partie de l’ONG, Welcome Trust, affiliée au FEM, qui a également financé ce laboratoire. Par ailleurs, EocHealth Alliance étaient la seule organisation américaine a faire des recherches sur la propagation et la transmission des coronavirus en Chine jusqu’à ce que le NIH n’interrompe son financement le 24 avril 2020. Cette décision était intervenu lorsque Donald Trump a annoncé que le virus Sars-Cov2 s’était échappé d’un laboratoire chinois subventionné par le NIH, dont le directeur était le contributeur du FEM, Francis Collins. En 2022, Vanity Fair affirmait que le soutien du NIH à l’Institut de virologie de Wuhan avait servi à financer la création de coronavirus chimériques. Francis Collins, qui a quitté son poste de directeur des National Institutes of Health (NIH) en décembre 2021, a été entendu au début de l’année 2024 par le sous-comité spécial sur le coronavirus de la Chambre des représentants des Etats-unis. Lors de cet interrogatoire, Collins a présenté des éléments suggérant que Tony Fauci, le conseiller à la Santé des présidents Trump et Biden, mais aussi contributeur du FEM, avait activement promu l’idée que le pangolin était à l’origine du virus, tout en tentant de discréditer l’hypothèse d’une fuite accidentelle de laboratoire. Collins a reconnu que l’idée d’une fuite de laboratoire ne relève pas de la théorie du complot.
Dans le communiqué publié au mois de mai 2023 par l’OMS, le Directeur général de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Richard Hatchett, indiquait quant à lui que « le X dans ‘maladie X’ représente tout ce que nous ignorons ». « Il s’agit d’une nouvelle maladie dont nous saurons peu de choses lorsqu’elle apparaîtra : elle pourra ou non être mortelle, très contagieuse et constituer une menace pour notre mode de vie. Nous ignorons également quand et comment elle franchira la barrière virale et infectera les populations. En revanche, nous savons que la prochaine maladie X apparaîtra et que nous devons être prêts. »
Le CEPI est une fondation affiliée au FEM, qui a d’ailleurs été lancée à Davos en 2017. Elle est financé par des États, dont les dirigeants sont affiliés au FEM, comme le Japon, la Norvège ou l’Allemagne, mais aussi des organisations philanthropiques et des organisations de la société civile, comme la fondation Bill & Melinda Gates ou la Welcome Trust, elles aussi liées au FEM. Son objectif est de financer des projets de recherche indépendants pour mettre au point des vaccins contre les épidémies dues à des agents infectieux et d’assurer leur « accès juste et équitable ». En 2020, la CEPI a été reconnue comme l’entité la mieux préparée pour élaborer un vaccin contre la Covid-19. Le 23 janvier 2020, elle a annoncé des investissements dans plusieurs institutions pour combattre le SARS-CoV-2 par le développement d’un vaccin. En mars 2020, les dirigeants du G7 ont exprimé leur soutien à cette initiative par le biais d’une déclaration commune. En avril 2020, le Canada du premier ministre et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Justin Trudeau, accordait 40 millions de dollars à la Coalition pour l’assister dans cette mission.
Dans le communiqué de l’OMS publié au mois de mai 2023, le Dr Pranab Chatterjee, chercheur au département de la Santé internationale de la John Hopkins Bloomberg School of Public Health à Baltimore, qui est liée au contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Michael Bloomberg, déclarait qu’ « Il n’est pas exagéré de dire qu’il existe un potentiel d’événement de maladie X juste au coin de la rue », citant « La récente vague de cas de grippe aviaire H5N1 au Cambodge ».
Dans le podcast « Santé en Europe », Alice Allen de l’OMS interroge la Dr. Maria Van Kerkhoff, directrice par intérim du Département de Préparation et Prévention des Épidémies et Pandémies à l’OMS, la Dr. Gail Carson, présidente du Groupe Consultatif Technique pour la Préparation 2.0 et le coprésident néerlandais Roland Driece, de l’OIN, chargé de négocier le traité sur la « désinformation » qui circule à propos de cet accord, mais bien sur, ils répondent qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir.