Trois semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, le président sénégalais et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Macky Sall, a annoncé samedi le report sine die du scrutin, provoquant une vive réaction de l’opposition et suscitant des inquiétudes quant à la stabilité démocratique du pays.
Le pays a été surpris, presque abasourdi, samedi, par la brève allocution du président sénégalais et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Macky Sall, annonçant le report de l’élection initialement prévue pour le 25 février, en raison d’un conflit ouvert entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, lié à une présumée affaire de corruption de juges.
La décision de Macky Sall de reporter les élections présidentielles, prétextant un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, a été qualifiée de « régression démocratique » par une partie de l’opposition. Des manifestations ont été organisées dimanche. Elles ont été immédiatement réprimées.
Ce lundi matin à Dakar, l’accès aux données mobiles Internet a été coupé, exacerbant les tensions. De nombreux utilisateurs à Dakar ont exprimé leur mécontentement face à l’indisponibilité des données mobiles sur leurs téléphones depuis la matinée.
Le Syndicat des travailleurs de Sonatel, principal opérateur de téléphonie au Sénégal, avait anticipé une éventuelle coupure en exprimant son désaccord, dans un communiqué dimanche, envers toute initiative de l’État sénégalais visant à couper ou restreindre l’accès à Internet.
Il faut dire que Mack Sall avait déjà eu recours à ce genre de procédé après l’arrestation d’ousmane Sonko et les manifestations qui en avaient découlées.
La tension s’est accentuée lundi avec les débats à l’Assemblée sur un projet de loi visant à reporter le scrutin. Ce texte a été approuvé en fin de journée après des échanges animés et certains juristes évoquent même un « coup d’État institutionnel ».
Les conséquences de cette décision sont potentiellement graves. Avec le mandat de Macky Sall arrivant à échéance le 2 avril, des observateurs avertissent d’un possible vide juridique. À partir de cette date, le président ne serait plus légalement considéré comme le président du Sénégal, suscitant ainsi des inquiétudes quant à une crise institutionnelle sans précédent dans un pays qui a jusqu’ici évité les coups d’État militaires.
Cette situation trouve ses racines dans les choix politiques de Macky Sall concernant sa succession. Après avoir annoncé qu’il ne briguerait pas un troisième mandat en raison des limites constitutionnelles, il avait choisi son premier ministre, Amadou Ba, comme dauphin. Cependant, la popularité limitée de Ba et la montée en puissance d’Ousmane Sonko, ont créé des tensions politiques.
Celui-ci se disait victime de persécution politique. La condamnation d’Ousmane Sonko à deux reprises en 2023, notamment pour corruption de la jeunesse, a déclenché des manifestations réprimées violemment, conduisant à la dissolution de son parti, le Pastef. Le Conseil constitutionnel a ensuite rejeté sa candidature à l’élection présidentielle de 2024, renforçant ainsi les tensions politiques.
Le plan de Macky Sall pour un second tour impliquant son dauphin Amadou Ba et l’ancien adversaire Karim Wade a également échoué en raison de l’invalidation de la candidature de Wade pour double nationalité franco-sénégalaise.
La décision de reporter les élections est largement critiquée, certains dénonçant un « prétexte » pour permettre à Macky Sall de gagner du temps et de trouver un nouveau candidat, mais la tension monte de le pays, qui risque de plonger dans une crise politique et sociale profonde.