Dans le cadre de « Salam Shalom Salut », une initiative lancée en 2018 par SOS Racisme, en partenariat avec des associations communautaires, des étudiants de différentes origines ont entamé un « Tour de France » cette année pour partager leurs expériences sur le racisme et la promotion de l’égalité. Une démarche a priori louable alors que le contexte international semble mettre à mal le vivre ensemble dans notre pays et que les discours de haine et le rejet de l’autre prolifèrent, mais en y regardant de plus prêt, on constate une nouvelle fois l’influence du Forum économique mondial. L’étape lyonnaise s’est déroulée ce jeudi 18 avril dans les ors de l’Hôtel de Ville en présence d’élus de la Ville, de la Métropole de Lyon et du président de SOS Racisme, Dominique Sopo.
C’est d’ailleurs Sylvie Tomic, adjointe au maire de Lyon en charge de l’accueil, de l’hospitalité, de l’égalité, de la Mémoire, des cultes et de la spiritualité qui a ouvert le bal, se félicitant d’accueillir un tel événement, dans un contexte de « libération de la parole raciste et antisémite », rappelant que la municipalité lyonnaise prônait « une société du vivre ensemble ».
Les politiques de la Ville de Lyon en faveur du « vivre ensemble »
Elle est revenue sur les politiques menées par la Ville, comme un plan de lutte contre les discriminations en partenariat avec la Métropole de Lyon et la Ville de Villeurbanne, annonçant l’organisation de testings entre Rhône et Saône, terre historique de cet instrument juridique permettant de mettre en évidence les pratiques discriminatoires, lancé à l’époque de l’ancien président de SOS Racisme, Malek Boutih, qui s’était inspiré d’une pratique provenant des pays anglo-saxons, avant d’être nommé quinze ans plus tard, parlementaire en mission, chargé d’une réflexion sur les phénomènes de « basculement de nouvelles générations dans le terrorisme en lien avec les filières djihadistes », par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Manuel Valls. L’une des premières opérations de testing avait en effet été lancée au tournant du siècle dernier, par l’association antiraciste, au « Quai Ouest », une boîte de nuit lyonnaise située sur les quais de Saône qui étaient alors un haut lieu du nightclubbing lyonnais. Le journal Lyon Capitale s’était d’ailleurs inspiré de cette opération pour réaliser son propre testing, une enquête qui avait eu un certain retentissement médiatique, suite à laquelle SOS Racisme avait décidé de poursuivre les établissements de nuit ayant pratiqué la discrimination. Sylvie Tomic a toutefois précisé que la Ville de Lyon avait choisi de se focaliser sur les testings à l’embauche, car « c’est le domaine dans lequel il y a le plus de discriminations ». L’adjointe au maire a également précisé que la municipalité souhaitait revoir le réseau de permanence juridique pour les personnes s’estimant victimes de discriminations. Elle a évoqué le Plan d’action « Ville hospitalière », visant « à mieux accueillir les personnes migrantes » et « à promouvoir une culture de l’hospitalité, l’acceptation de l’autre ».
Une conférence en partenariat avec la LICRA contre la haine en ligne
Sylvie Tomic a également annoncé la tenue d’une conférence organisée en partenariat avec la LICRA, contre la haine en ligne, une initiative sur laquelle nous sommes beaucoup plus mitigés, car si nous nous opposons bien évidemment au racisme et à la haine, nous redoutons également les dérives qui ont lieu actuellement en matière de liberté d’expression sur les réseaux sociaux, comme en témoigne les polémiques autour de la mise en place du DSA, le texte régulant les plateformes sur le territoire européen et la campagne #Nonàlahaine des Nations Unies, qui sous prétexte de lutter contre les messages haineux, permet à l’ONU d’intervenir dans la modération des GAFAM. D’autant plus, que le lendemain, nous avons participé à une conférence organisée au Grand Temple de la Croix Rousse par Utopia Masonica, les Loges du Grand Orient de France, au cours de laquelle, le militant de la LICRA et Franc-maçon, Bernard Ravet, ancien proviseur et auteur du livre « Principal de collège ou Imam de la République ? », a brandi la menace des Fake News et de la désinformation sur les réseaux sociaux, lors d’une intervention qui n’est pas sans rappeler le « réarmement civique », du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron.
Les politiques de la Métropole de Lyon en faveur de l’Hospitalité
Jeudi, le Vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’Habitat et du Logement, Renaud Payre, est revenu sur l’histoire de la Ville de Lyon, sur le « temps long », à la manière de Fernand Braudel, qui situait la capitale des Gaules au « cœur de l’isthme européen », évoquant une ville « carrefour » par laquelle sont passées des populations d’origines diverses, mais également le « temps court », celui de la Marche pour l’égalité et contre le racisme lancée en 1983 après les révoltes urbaines qui avaient eu comme origine le plateau des Minguettes, suite à des faits divers racistes. Renaud Payre a regretté que la crainte de la montée de l’extrême droite, qui orientait autrefois le vote et la mobilisation, « ne suffise plus ». « C’est la cohésion nationale, ce qui a fait longtemps l’universalité de la France, qui est menacée ». En réponse, l’exécutif métropolitain a, lui aussi, mis en place une politique axée sur l’hospitalité, qui « traverse toutes les politiques publiques », avec le « contrat de ville », « le lien avec les politiques publiques à destination des quartiers populaires », mais « également l’accueil dès les premiers pas », sur le territoire métropolitain, comme nous l’a rappelé Renaud Payre, après la séance de débat. Il est aussi revenu sur les Stations 1 et 2, des dispositifs mis en place par la Métropole en partenariat avec la Préfecture du Rhône, chargés d’accueillir les réfugiés en attente de la reconnaissance de leur minorité, qui rentrent dès lors dans une zone grise, ne leur permettant ni d’être pris en charge par la Métropole, qui a la responsabilité de la mise à l’abri des mineurs, ni par la Préfecture, qui a la responsabilité des majeurs. Nous avions déjà rencontré le vice-président en charge du Logement et de l’Habitat, mais également Lucie Vacher, responsable de l’action sociale et de l’enfance, au mois de juillet 2022, qui avaient eu l’amabilité de nous recevoir dans un contexte difficile marqué par l’incendie du squat « Chez Gemma », conjugué à la fermeture du « Chemineur », qui intervenaient malheureusement alors que l’ouverture de la Station 2 venait parachever des mois de travaux et de négociations avec la Préfecture. Les deux vice-présidents avaient fait valoir que ces dispositifs étaient « inédits en France », mettant déjà en avant l’engagement de la Métropole en matière d’hospitalité, la collectivité outrepassant même ses compétences en continuant de suivre des mineurs non accompagnés après qu’ils aient atteint leur majorité. Mais les problèmes perdurent malgré tout, comme en témoigne l’occupation de l’Église de la Sainte-Trinité cet hiver, ou l’installation d’un campement dans le square du Béguin, situé dans le 7e arrondissement de Lyon, où nous nous sommes déplacés ce mercredi, pour suivre une séance d’entraînement organisée par la Boxe-populaire Croix-Rousse, un club ouvert à toutes et à tous. Un petit effort supplémentaire de la part de la collectivité, permettrait d’opposer véritablement un « modèle lyonnais », à un contexte national marqué par les discours de haine et le rejet de l’autre.
Les témoignages des jeunes militants de SOS Racisme
Mais les acteurs principaux de la soirée étaient les cinq jeunes castés par SOS Racisme. Les jeunes militants sont venus partager leurs expériences du racisme, leur désir d’une société plus ouverte et égalitaire, issus d’origines diverses, ce qui était considéré comme une richesse en 1998. Ils et elles ont évoqué les raisons de leur engagement militant, telles que Mborea, un Albertivillarien d’origine comorienne, qui s’est engagé « grâce à l’association ‘Jalon pour la paix’ et au conseil local des jeunes d’Aubervilliers, à un moment » où il se cherchait beaucoup. « J’essayais de comprendre qui j’étais et ce que je cherchais à représenter. »
Fiona, une Parisienne issue d’une double culture, martiniquaise et juive, descendant de déportés, a évoqué le problème de la « concurrence des mémoires », notamment entre les crimes contre l’humanité que sont l’esclavage et la Shoah. « Nous vivons dans une société assez égocentrique, ce qui explique pourquoi les gens se focalisent souvent sur leur propre vécu. »
Dans ce contexte international marqué par le conflit au Moyen-Orient, les discours des deux Lyonnais, Kylian, d’origine maghrébine, et Romain, de double origine séfarade et ashkénaze, évoquant notamment leur amitié et la proximité de leurs cultures, étaient plus que rafraîchissants, ils étaient importants. « Il faut mettre en avant ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous divise », nous a confié Romain à l’issue des débats.
Kyllian, comme la plupart des jeunes qui ont pris la parole ce jeudi soir, a exprimé le sentiment étrange qu’il avait d’être perçu comme étranger à la fois dans son pays natal et son pays d’origine, en particulier dans un contexte où « l’on demande sans arrêt de faire des choix ». « Je suis franco-algérien, je suis français, je suis né en France, mais je suis aussi algérien. J’aime l’Algérie, qui est aussi mon pays, autant que la France. Il faut savoir parler de vivre ensemble, mais aussi revendiquer ces questions d’identité, car c’est dans la différence que nous trouvons notre identité », a-t-il affirmé.
Léa, d’origine italienne et ayant grandi dans un quartier cosmopolite du 93, a choisi de s’engager après avoir été confondue avec une personne maghrébine et avoir subi des insultes racistes. Elle déplore les idées racistes d’un membre de sa famille, qu’elle attribue au fait qu’il regarde « certaines chaînes qui tiennent des propos intolérants ».
Dominique Sopo est revenu sur la genèse de cet évènement en 2018, qui faisait suite au crime antisémite de Mireille Knoll et au crime raciste d’un père de famille, tué par son voisin, parcequ’il était musulman. Il a lui aussi dénoncé le rôle des médias, souvent plus prompts à légitimer « des discours de stigmatisation ou de haine » ou à marginaliser « la parole des antiracistes sur les ondes », qu’à couvrir ce genre d’événements. « Ce soir, nous avons eu une très belle soirée, avec énormément de jeunes, de toutes origines, qui viennent poser des paroles très fortes dans le cadre de ce programme ‘Salam, Shalom, Salut’. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’a pas intéressé les médias. Or, il me semble que c’est aussi cela, la société française. Pourquoi cacher ce qu’il y a de beau, de fort, d’envie de solidarité et de fraternité au sein de notre pays ? »
L’ombre du Forum économique mondial
Dans le communiqué publié le 7 avril 2018 à l’occasion du lancement de l’opération « Salam, Shalom, Salut », il était indiqué que ce projet a pour « vocation à mettre en place un espace de discussion dans tout le territoire français autour de la question des relations multiples et complexes entre les Juifs et les Arabes », avant qu’il n’ait été étendu à toutes les origines.
Il était également indiqué que les jeunes opérant ce « Tour de France » étaient « impliqués dans des formations menées par des historiens notamment au contexte de leurs relations depuis l’Histoire précoloniale et coloniale du Maghreb, l’Histoire de leur immigration en France ou encore à l’aune du conflit israélo-palestinien ». Nous avons demandé à une membre du bureau national de SOS Racisme, jeudi soir, qui étaient les Historiens qui intervenaient auprès de SOS Racisme et elle nous a répondu, qu’il s’agissait de Pascal Blanchard et de Nicolas Lebourg. Le premier est spécialiste de l’Histoire de l’immigration et membre du Comité d’orientation du Club XXIe siècle, une association créé par Hakim El Karoui, passé par Rothschild & Cie, la banque affiliée au Forum économique mondial et Young Leader de la Fondation France-Amérique, par laquelle sont passés les contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, François Hollande, Emmanuel Macron et Bill Clinton, ou encore le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, dont l’objectif est la promotion positive de la diversité et de l’égalité des chances. Le Club du XXIe Siècle est proche du club « Le Siècle », un club d’influence fondé par le défunt journaliste, résistant et franc-maçon Georges Bérard-Quélin, qui serait une filiale du groupe Bilderberg, dont font d’ailleurs partie Macron et Clinton. En 2020, Blanchard a été chargé par Nadia Hai, alors ministre déléguée chargée de la Ville, qui est passée par HSBC et Barclays, deux banques affiliées au Forum économique mondial, de conduire un comité scientifique paritaire visant à établir un recueil de noms de 300 à 400 fiches biographiques concernant des personnalités « qui ont contribué à notre Histoire mais n’ont pas encore trouvé leur place dans notre mémoire collective », mis à la disposition des collectivités territoriales en vue de renouveler les noms de rues ou d’établissements publics. Dans ce comité figuraient notamment Rachel Kahn, l’ancienne co-diréctrice du centre cuturel hip hop, La Place, qui s’était lancée cet été dans un clash avec le rappeur Médine, ou l’écrivaine Leïla Slimani, citée dans le livre, « Femmes puissantes », de Léa Salamé, fille du contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Ghassan Salamé.
Nicolas Lebourg est quant à lui un spécialiste de l’extreme droite qui avait été invité en mars 2017, à déjeuner par le président de la République et contributeur du FEM, François Hollande, en compagnie d’autres historiens pour évoquer l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2017. Il a participé aux programmes du Carnegie Council for Ethics in International Affairs, par laquelle sont passés de nombreux contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, comme Renée Cummings, Roland Paris, Anja Kaspersen ou Edson Prestes e Silva Junior et de la Foundation Open Society Institute, du contributeur du FEM, Georges Soros.
Dans le communiqué publié en 2018, il était également indiqué que l’opération « Salam, Shalom, Salut », a été lancée par SOS Racisme, l’association anti raciste, fondée entre autre par Julien Dray, dont le frère cadet Jean-Paul, chirurgien-ophtalmologue, est un ancien dirigeant du Tagar, la branche étudiante du Betar, mouvement de jeunesse sioniste révisionniste et proche du Likoud, qui a d’ailleurs été créé en France en 1985, en partenariat avec des organisations telles que l’Union des Étudiants Juifs de France, qui fait partie de l’Assemblée générale du CRIF, de la section française du Congrès juif mondial dont le président Ronald Lauder, est le fils de Joseph et Estée Lauder, fondateurs de l’entreprise de cosmétiques Estée Lauder Companies, membre du FEM et du conseil national du FSJU (Fonds social juif unifié) de France, dont les locaux lyonnais avaient été inaugurés en présence d’Olivier Véran, Young Leader de la Fondation France-Chine. Celle-ci compte parmi ses membres fondateurs, le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Arnaud Ventura, un entrepreneur axé sur les entreprises à fort impact social, qui a notamment co-fondé en 1998 le Groupe Planet Finance avec Jacques Attali, également contributeur du FEM, et ancien membre de la Fondation.
Parmi les autres associations qui ont participé à cette opération, on peut citer les Scouts Musulmans de France, fondés par le cheikh Bentounes, qui est également à l’origine de l’association AISA (Association internationale soufie Alawiyya), reconnue comme organisation non gouvernementale internationale (ONGI) par l’ONU et a acquis le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC, le Conseil économique et social des Nations unies, qui peut lui même être consulté par l’Assemblée générale de l’ONU concernant les questions de coopération économique et sociale internationale et les Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France. Ces deux associations font partie du movement de scoutisme, dont le fondateur Baden Powell, s’il n’était pas franc-maçon, a côtoyé durant sa carrière des loges militaires, associations à but de sociabilité et de bienfaisance qui ont beaucoup de points commun avec la Maçonnerie. Enfin, « Salam Shalom Salut » a également été soutenue par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, dirigé par David de Rothschild, président du conseil de surveillance de la banque Rothschild & Co, affiliée au Forum économique mondial.
Ainsi, si l’opération « Salam, Shalom, Salut » est louable dans le contexte actuelle de tensions entre les communautés, ont peut une nouvelle fois regretter, que le Forum économique mondial et la Maçonnerie, soient omniprésents, dans le domaine de l’inclusion, comme il l’est déjà dans celui de la lutte contre le réchauffement climatique.