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Lyon : Le combat de Kélé, jeune Guinéen menacé d’expulsion

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Arrivé en France depuis la Guinée Conakry à seulement 14 ans, Kéletigui Sylla, plus connu sous le nom de Kélé, vit aujourd’hui à Lyon, où il est devenu un symbole local d’intégration réussie. Malgré un parcours exemplaire, Kélé qui a été confronté à un véritable parcours du combattant administratif est actuellement confronté à la menace d’une expulsion qui pourrait annuler dix ans d’efforts pour bâtir une vie en France. Une situation ubuesque que dénoncent ses soutiens.

Kélé a quitté la Guinée pour la France en 2014, arrivant seul à la gare Part-Dieu de Lyon après un voyage éprouvant, durant lequel il fut abandonné par son passeur. Malgré les difficultés initiales, y compris une période d’errance, il est parvenu à se procurer son acte de naissance et s’est rendu à Forum réfugiés, le prestataire de la Métropole de Lyon, chargée de l’évaluation de la minorité des jeunes migrants sur le territoire métropolitain. Il a fini par être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Il est ensuite entrée à l’École de production située à Gorge de Loup dans le 9ème arrondissement de Lyon pour préparer un CAP mécanique. 

Peu après, Kélé était convoqué par les forces de l’ordre pour subir des tests osseux, une méthode controversée qui a remis en question sa minorité, mais il n’a pas fait appel de cette décision, par méconnaissance de ses droits. La police aux frontières a également découvert l’existence d’un faux passeport et a remis en cause l’authenticité de son acte de naissance.

En octobre 2014, suite à un jugement en comparution immédiate pour l’utilisation de son faux passeport, Kélé a été incarcéré pendant deux mois à la prison de Corbas, puis transféré au centre de rétention administratif (CRA). Grâce à l’intervention du collectif Réseau Éducation sans Frontières (RESF69 Jeunes), il a été libéré après quatre jours mais s’est vu délivrer sa première OQTF. Toutefois, cette décision a été annulée par la suite grâce à différentes procédures judiciaires.

Nous avions rencontré Kélé le 30 mars dernier, lors d’une manifestation pour le droit au logement pour tous, lors de laquelle, il était entouré de ses soutiens. Il nous avait expliqué être parvenu à faire reconnaître en 2018, qu’il était vraiment mineur en 2014, mais la Préfecture a fait appel de cette décision au Conseil d’Etat, qui a cassé cette décision. Depuis, Kélé a l’impression d’être entré dans « un cercle vicieux ». Il nous a expliqué avoir fournis depuis de nombreux « justificatifs, extraits de naissance, passeport… », mais les autorités les remettent désormais « en cause ». Kélé désespéré, « ne sais plus quoi faire« . Il faut dire que le 11 mars 2024, Kélé a eu la mauvaise surprise de découvrir dans sa boite aux lettres, un nouvelle Obligation de quitter le territoire français (OQTF), aggravée cette fois d’une interdiction de retour sur le territoire français pour une durée de 24 mois.

Pourtant sa résilience et sa capacité d’adaptation ont facilité son intégration dans la communauté lyonnaise, notamment à travers ses études. Après avoir obtenu son CAP, Kélé a continué son parcours scolaire et a décroché un Bac professionnel. Toutefois, suite à un grave accident, il a été contraint de se réorienté vers un BTS de Management commercial opérationnel, qu’il a réussi à obtenir en 2023 après deux ans de formation. L’employeur Biocop, souhaitait même le recruté, mais cela n’a pas été possible faute de carte de séjour. Kélé a toutefois cumulé divers petits boulots tout en poursuivant ses efforts pour obtenir une régularisation. Kélé s’est également impliqué dans des activités culturelles et communautaires, rejoignant une chorale, participant à des ateliers d’écriture et publiant un recueil de poésie.

Un véritable élan de solidarité s’est créé autour du jeune homme. Une pétition contre son expulsion a recueilli plus de 4800 signatures, et une lettre demandant sa régularisation a été envoyée à la préfecture du Rhône, signée par 44 personnalités du monde culturel lyonnais. Ces démarches soulignent l’importance de Kélé dans la communauté et son intégration réussie, contrairement à ce que suggère l’OQTF. Lors de la manifestation du 30 mars, nous avions rencontré Pascal Delorme de RESF69 et Pierre Calavéra du Comité de soutien à Kélé, qui dénonçaient « l’injustice qui frappe », le jeune homme.

Aujourd’hui, Kélé reste déterminé à lutter pour son droit de rester dans le pays qu’il considère désormais comme le sien. En attendant une réponse à sa situation, une soirée d’information est prévue mi-mai pour sensibiliser davantage le public à sa cause.

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