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Photo : Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard. Photo : @Greg Fiori

Métropole de Lyon : Bruno Bernard critique la politique ferroviaire de la Région AuRa

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Lors de sa présentation des voeux à la presse qui s’est déroulée le 26 janvier, le président de la Métropole de Lyon Bruno Bernard a exprimé son mécontentement face à la politique régionale en matière de ferroviaire.

Bruno Bernard a regretté l’existence d’un « blocage » entre l’État et la région sur les dossiers ferroviaires, un secteur relevant de leur compétence commune. Il a contrasté les politiques de Jean-Jacques Queyranne (2004-2015), axées sur la non-financiation des routes, avec celles de Laurent Wauquiez, actuellement axées sur le financement routier, citant l’exemple du contournement du Puy-en-Velay pour 240 millions d’euros. Selon lui, cette approche a conduit à une « insuffisance des budgets sur le train depuis près de 10 ans ».

Si la Région a annoncé un plan de 5 milliards d’euros pour le ferroviaire, le président de la Métropole estime qu’il servira à combler l' »adition des déficits annuels et l’achat de nouvelles rames de train ». Selon Bruno Bernard, ce plan vise à répondre à l’augmentation de la fréquentation des trains et à la demande actuelle, mais ne résout pas les problèmes structurels du réseau ferroviaire.

Il a également déploré l’impasse des discussions sur le volet mobile du Contrats de plan État-Région (CPER), citant l’absence d’accords comme ceux signés dans d’autres régions, notamment en PACA. La situation est compliquée par l’absence d’un ministère des Transports, rendant les négociations plus difficiles.

Le président a expliqué en détail les enjeux du projet CFAL (Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise), notamment le CFAL Nord nécessaire pour désengorger la gare de Part-Dieu et améliorer le transport ferroviaire. « Pour pouvoir améliorer le transport par voie ferrée, des voyageurs du quotidien, pour faire un réseau express, ou pour transporter plus de frette, nous avons besoin, quoi qu’il arrive, du contournement ferroviaire, nord, puis sud », a-t-il indiqué.

Le président de la Métropole revient d’ailleurs en détail sur X, sur ce projet qui a été déclaré d’utilité publique en 2012, regrettant qu’« En 2024, aucun travaux n’a commencé ».

« Que vous soyez pour la création de ligne de TGV, l’augmentation du Fret, ou la création d’un RER Lyonnais ou pour le nouveau Lyon-Turin : ce projet est capital. C’est un préalable à l’ensemble des projets », précise Bruno Bernard sur X.

Devant les journalistes et graphique à l’appuie, le président de la Métropole a montré la pertinence du projet CFAL, alors que le tunnel international du Lyon-Turin devrait être opérationnel en 2032. « À cette date, les voies existantes, montant vers le nord, seront améliorées pour un coût de 600 millions d’euros. Cette modernisation facilitera le transport de marchandises du nord vers l’Italie », a souligné Bruno Bernard, regrettant qu’« il n’existe actuellement aucune solution viable pour le trafic venant du sud, en raison de la saturation de la gare de Part-Dieu à Lyon ». « Le projet CFAL Nord, avec une extension de la ligne Saint-Fons-Grenay de deux à quatre voies, permettrait de gérer efficacement ce trafic. Ce projet, dont le coût est estimé à environ 3 milliards d’euros, serait essentiel pour atteindre les objectifs de transport de marchandises supplémentaires par train d’ici 2035. »

La seconde phase concerne les accès discutés actuellement, notamment le Piret Rouge, qui relierait Saint-Jean-de-Maurienne à Grenet, que l’on appele le « Grand Gabarit ». « Pour éviter la saturation de la future voie Saint-Fons-Grenay, il est crucial de réaliser également le CFAL Sud. Sans ce dernier, les accès alpins seraient inutiles », a indiqué le président de la Métropole, précisant que le coût des accès du Grand Gabarit s’élève à 7,2 milliards d’euros, alors que le coût total s’élève à 12 milliards.

Le président de la Métropole a souligné que le Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI), une instance transpartisane, « recommande dans son rapport de février 2023 de prioriser la modernisation des lignes existantes, puis le CFAL et Saint-Fons-Grenay, avant de s’occuper du Grand Gabarit après 2038 ». « Cette approche est également soutenue par le gouvernement français dans son scénario de planification écologique. »

Bruno Bernard a regretté que « comme souvent en France, on n’a pas retenu ce qui avait été proposé par des experts qui avaient travaillé pendant des mois ». « Le gouvernement sous une pression médiatique veut remettre au même niveau le CFAL et le Lyon-Turin au risque de ne rien faire. »

La Métropole de Lyon, consciente de ces enjeux, est prête à outrepasser ses compétences en finançant 5 millions d’euros sur les 220 millions nécessaires à la réalisation des premières études du CFAL et des accès au Lyon-Turin, sous certaines conditions, notamment l’intégration de Saint-Fons-Grenay dans le cadre du volet CPER mobilité et que la Région s’engage, elle aussi.

Sur les 220 millions d’euros nécessaires aux études préliminaires, l’Union européenne devrait financer environ la moitié, un gros quart serait pris en charge par l’Etat, et le reste reviendrait aux collectivités locales.

« Parmi toutes les collectivités, nous sommes celle qui contribue le plus financièrement. La Savoie, bien qu’étant la deuxième plus grande contributrice, ne finance que 3 millions d’euros. D’autres départements de droite, clairement concernés par ce projet, tels que l’Ain, l’Isère ou la Haute-Savoie, n’ont apporté aucune contribution financière. Donc ce double discours des élus proches de Wauquiez, en tout cas, de dire qu’ils soutiennent, mais qu’ils ne mettent pas l’argent, et que c’est la faute des écolos, que le projet risque de planter, est quand même d’une démagogie sans limite », a conclu le président de la Métropole se disant toutefois prêt à débattre avec Laurent Wauquiez, pour trouver des solutions bénéfiques pour la région et le pays. Le projet CFAL n’est en effet pas seulement nécéssaire à l’échelle régional, il a une dimension européenne en vertu de la position stratégique de la Ville de Lyon au sein de l’isthme européen.

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