Le Directeur général de l’OMS et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, a présenté lundi le rapport annuel de l’organisation lors de la 77e Assemblée mondiale de la Santé. Estimant que les objectifs fixés par les Nations unies, avaient été ralentis par la pandémie de Covid, l’OMS a lancé le « cycle d’investissement », un nouveau mécanisme afin d’effectuer « un changement radical de cap » et de financer une nouvelle stratégie mondiale de santé, fixant la voie à suivre pour remettre le monde sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable liés à la santé.
Dans le cadre des Objectifs de Développement Durable 2030 des Nations Unies, influencés par le programme Vision 2030 du Forum économique mondial, l’OMS dispose depuis 2015 d’un programme de planificaction avec des Objectifs à atteindre fixés par les ODD.
Il a été renforcé le 6 mars 2019, par le lancement du Treizième Programme Général de Travail, des objectifs des « triple milliard », un plan stratégique quinquennal visant à faire en sorte qu’un milliard de personnes supplémentaires bénéficient de la couverture sanitaire universelle, qu’un milliard de personnes supplémentaires soient mieux protégées face aux situations d’urgence et qu’un milliard de personnes supplémentaires bénéficient d’un meilleur état de santé et d’un plus grand bien-être.
Lundi, le Dr Tedros a présenté quelques points saillants, des objectifs des « triple milliard » du 13e Programme général de travail. Dimanche, il avait estimé que « Même avant la pandémie de Covid-19, le monde était en retard par rapport aux objectifs de développement durable liés à la santé ». « Maintenant, c’est encore pire ».
Des populations en meilleure santé.
Selon, le Dr Tedros, « C’est le seul des trois objectifs que nous estimons atteindre, avec 1,5 milliard de personnes devant bénéficier d’une meilleure santé et d’un meilleur bien-être d’ici 2025 ». Il souligne que cela était permis grâce aux efforts des États membres pour lutter contre les causes profondes de la mauvaise santé, telles que la pollution de l’air, les régimes alimentaires malsains, et les environnements pollués. La consommation de tabac a diminué dans 150 pays, avec 19 millions de fumeurs en moins par rapport à deux ans auparavant.
Couverture sanitaire universelle : des progrès, mais des défis subsistent
L’objectif de voir un milliard de personnes supplémentaires bénéficier de la couverture sanitaire universelle avance, bien que plus lentement que prévu, selon lui. Environ 585 millions de personnes supplémentaires devraient être couvertes par des services de santé essentiels d’ici 2025, soit un peu plus de la moitié de l’objectif fixé. L’OMS travaille dans plus de 120 pays pour réaliser cet objectif, avec des initiatives telles que la Plateforme d’investissement à impact sur la santé, dans le cadre de laquelle, l’organisation onusienne a rejoint un consortium de banques multilatérales de développement, avec des fonds de 1,5 milliard d’euros pour soutenir les projets de soins de santé primaires dans les pays.
Lutte contre les maladies et accès aux médicaments
En 2023, l’OMS a préqualifié 120 médicaments, vaccins et autres produits pour diverses maladies, y compris le VIH, le paludisme et la COVID-19. Des efforts continus ont été faits pour renforcer les systèmes de réglementation dans les pays, avec des reconnaissances importantes pour la Turquie, du contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Erdogan, l’Egypte du contributeur du FEM, Abdel Fattah El-Sisi et l’Arabie saoudite, de Mohammed Ben Salmane, dont la fondation est affiliée au FEM.
Singapour, la République de Corée et la Suisse sont les trois premiers pays à devenir des autorités de réglementation inscrites sur la liste de l’OMS, les qualifiant de « régulateurs de référence ». 33 autres régulateurs nationaux et régionaux, ont été inscrit la semaine dernière selon le Dr Tedros.
15 partenaires ont rejoint le programme de transfert de technologie de l’ARNm, et avec le soutien de l’OMS, ils ont commencé à élargir la pipeline technologique pour inclure de nouveaux vaccins d’intérêt régional et mondial.
Le Dr Tedros est revenu sur « The Big Catch Up » la campagne lancée l’année dernière avec l’UNICEF, présidée par la contributrice du FEM, Catherine Russell et Gavi, l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, dirigée par les contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Seth Berkley et José Manuel Barroso et qui compte parmi ses principaux donateurs, la Fondation Bill et Melinda-Gates, affiliée au FEM. « The Big Catch Up » vise à rattraper les « enfants Zéro doses », qui n’ont pas pu être vaccinés à cause de la pandémie et à restaurer les programmes de vaccination au moins à leurs niveaux pré-pandémiques.
Le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination, SAGE, a recommandé l’année dernière de nouveaux vaccins contre la dengue, la méningite et un deuxième vaccin contre le paludisme, le vaccin R21-Matrix M.
De plus, la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies a convenu de nouveaux objectifs pour mettre fin à la tuberculose, et l’OMS a lancé lors de Davos 2023, le Conseil accélérateur des vaccins contre la tuberculose pour faciliter le développement, l’homologation et l’utilisation équitable de nouveaux vaccins contre la tuberculose.
Préparation et résilience face aux pandémies
L’OMS a lancé plusieurs initiatives pour renforcer la préparation et la résilience face aux pandémies, Y compris la capacité de laboratoire, avec le soutien du bureau de Lyon, de réponse aux situations d’urgences sanitaires, le Système BioHub de l’OMS, le Réseau international de surveillance des pathogènes, le lancement de l’ i-MCM-net, un mécanisme de coordination intérimaire pour faciliter l’accès mondial rapide et équitable à des contre-mesures médicales et l’Initiative de préparation et de résilience aux menaces émergentes, une approche intégrée de la planification des pandémies. Par ailleurs l’OMS continue de plancher sur son Traité sur les pandémies, qui pourrait encore accroitre ses prérogatives supranationales.
Le Fonds pour les pandémies a distribué 338 millions de dollars américains à 37 pays pour renforcer les capacités de réponse et l’OMS assure soutenir « la France et le Comité international olympique pour préparer les Jeux olympiques de cette année à Paris ».
L’OMS toujours en quête de moyens supplémentaires
Le Dr. Tedros a exprimé sa gratitude envers les États membres pour leur soutien continu, mais l’OMS a lancé le 26 mai, le « cycle d’investissement »une nouvelle méthode de financement destinée à lever 11 milliards de dollars pour financer ses priorités sur la période 2025-2028. L’organisation onusienne estime pouvoir engrengé 4 milliards, grâce à la hausse prévue des contributions des Etats membres, qui se sont engagés, il y a deux ans, à augmenter progressivement leurs contributions jusqu’à 50% d’ici 2030. L’OMS va tenter de trouver les 7 milliards de dollars manquants en faisant appel à une large palette de donateurs, notamment des fondations.
Pourtant l’OMS devrait avoir les poches, alors qu’elle a percue en 2022 un don du roi d’Arabie Saoudite pour la prévention des épidémies de rougeole et de poliomyélite deux semaines après l’attribution des jeux asiatiques d’Asie à Neom et qu’elle a mis en place le Fonds intermédiaire financier disposant d’un budget de 1,4 milliard, visant à financer le plan « Une Seule Santé ». Le Dr Tedros a d’ailleurs souligné que son organisation continuait de travailler avec ses partenaires de la Quadripartite, qu’elle forme avec la FAO, l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement(PNUE) dont le cadre de cette approche qui vise à résoudre des problèmes de santé complexes, qui naissent des interactions entre les hommes, les animaux, les végétaux et l’environnement, notamment la résistance aux antimicrobiens et les zoonoses émergentes, mais qui donne également à l’OMS des prérogatives supranationales via la publication de directives aux pays. Par ailleurs, l’OMS avait également effectué une levée de fonds de 18 milliards par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
L’OMS a également créé la Fondation OMS pour élargir et accéder à de nouvelles sources de financement. Un « Sommet du cycle d’investissement » visant à récolter de nouveaux fonds, sera même organisé en novembre 2023.