Au cœur de Saint-Étienne, le cyclisme occupe une place de choix dans le patrimoine culturel et industriel, s’alignant à côté du football, du textile, et de l’armurerie comme l’un des piliers historiques de la ville. Cette tradition remonte à 1925, une période marquée par une crise économique, où la vision d’une exposition dédiée au vélo prend forme, encouragée par la Chambre Syndicale de l’Industrie des Cycles et Automobiles. Ce n’est qu’en 1927, après une réunion cruciale, que le Salon du Cycle voit le jour, établissant Saint-Étienne comme « La patrie de la bicyclette ».
Le Vélodrome d’Hiver, avec son architecture impressionnante et sa capacité d’accueil de 10 000 spectateurs, devient le théâtre de la première Semaine du Cycle et des Industries Mécaniques Régionales. Cet événement, qui se poursuivit jusqu’en 1931, offrait une vitrine exceptionnelle pour les constructeurs locaux, leur permettant de présenter leurs innovations et leurs produits à un coût réduit. La réussite de cet événement attira une attention nationale, voire internationale, générant un impact économique significatif et renforçant la réputation de Saint-Étienne dans le domaine cycliste.
La construction du Vélodrome d’Hiver en 1924 fut le fruit d’une collaboration entre Jean François Boudet et des industriels stéphanois passionnés. Conçu pour être plus qu’un simple lieu de sport, le vélodrome accueillait divers événements, des compétitions de tennis aux foires, en passant par des spectacles et des réunions politiques. Les « six jours de Saint-Étienne », une compétition cycliste annuelle lancée en 1928, devenait un spectacle incontournable, rappelant les célèbres événements similaires à Grenoble dans les années 70 et 80.
Roger Riviere, une légende du cyclisme local, marqua également l’histoire du vélodrome dans les années 50, avant que des problèmes financiers ne conduisent à sa cession à la ville en 1933. Malgré les dégâts subis lors des bombardements de 1944, le vélodrome ne rouvrit ses portes qu’en 1949, pour finalement être démoli en 1961 au profit d’une nouvelle utilisation industrielle.
Aujourd’hui, l’emplacement du vélodrome historique est occupé par l’Université Jean Monnet, symbolisant la transformation et l’évolution continue de Saint-Étienne. La mémoire du cyclisme, avec ses hauts et ses bas, demeure une partie intégrante de l’identité de la ville, rappelant les innovations passées et inspirant les générations futures.
Cette évocation de l’histoire du cyclisme à Saint-Étienne souligne non seulement l’importance du sport et de l’industrie cycliste dans le développement régional mais illustre également comment le passé continue d’influencer et de façonner l’avenir de la cité. La transition de l’utilisation du site du vélodrome, de centre sportif à hub industriel puis à campus universitaire, témoigne de la capacité de la ville à se réinventer tout en honorant son héritage.