Dans une interview accordée le 4 avril au journaliste Tucker Carlson, la représentante républicaine Marjorie Taylor Greene a soulevé des questions sur les motivations du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, membre de son partie, suggérant qu’il pourrait avoir été victime de chantage. Greene a critiqué les changements apparents dans les positions politiques de Johnson sur des questions cruciales telles que l’avortement, les problèmes à la frontière, les cliniques trans pour mineurs et la loi 702 sur la surveillance, des sujets brulants outre-atlantique, l’accusant de s’éloigner de ce que représente le Parti républicain.
La déclaration de Greene intervient après que Johnson ait conclu un accord bipartisan sur les dépenses pour éviter un « Shutdown », un arrêt des activités gouvernementales qui intervient lorsque le président et une, voire les deux chambres, n’arrivent pas à trouver un accord concernant les allocations budgétaires avant la fin du cycle budgétaire en cours.
Greene avait déjà déposé une motion pour déstituer le président de la Chambre des représentants le mois dernier avant la pause du Sénat américain, mais elle a qualifié la motion d’« avertissement » à Johnson et n’a pas demandé de vote, même si cette procédure fait désormais figure d’épée de Damoclès. Reed reproche à Johnson son soutien à l’accord budgétaire qui représente selon elle, un manque de loyauté envers le mouvement conservateur.
Un contexte suspicieux
L’initiative de Greene à l’encontre de Johnson survient à peine cinq mois après que Kevin McCarthy ait été évincé de son poste de président par le parti Républicain, accusé par les trumpistes d’avoir accepté un accord avec les démocrates sous prétexte, déjà, d’éviter un « shutdown ». Les accusations de Green a l’encontre de Johnson suscitent un vaste débat aux Etats-unis, comme en témoigne le tweet du journaliste, Simon Ateba, ci dessous.
La question des problèmes à la frontières
Au moins de février dernier, Green évoquait également les cas des représentants républicains Ken Buck, Mike Gallagher et Tom McClintock, suggérant l’hypothèse qu’ils aient été victimes de chantages, alors qu’ils avaient voté contre la destitution du secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, accusé par les Républicains d’avoir provoqué une crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
La question de l’aide à l’Ukraine
L’apparente volonté de Johnson de fournir plus d’aide à l’Ukraine pour contrer l’invasion russe, alors qu’il était un des plus farouches opposants à ce projet a agacé les conservateurs. Le 5 février, Johnson, Steve Scalise, Tom Emmer et Elise Stefanik avaient en effet annoncé dans une déclaration commune que le projet de loi supplémentaire du Sénat concernant l’aide à l’Ukraine était « mort né », demandant un rejet rapide du texte.
Greene a souligné d’autres domaines politiques où Johnson aurait changé de cap depuis son élection à la présidence de la Chambre en octobre 2023.
La question de l’avortement
Elle a particulièrement critiqué son revirement sur la question de l’avortement, notant qu’il avait récemment soutenu le financement de cliniques d’avortement tardif, en contradiction avec ses positions pro-vie antérieures.
La question des « clinique transgenre » pour mineurs
Elle a également relevé que Johnson a financé un programme trans pour les enfants, une question qui fait grand bruit outre atlantique, sur laquelle s’opposent Républicains et Démocrates. Jamie Reed, ancienne employée d’une « clinique transgenre », qui se présente comme étant de gauche et une femme queer mariée à un homme trans, a lancé une alerte sur les procédures alarmantes menées sur des mineurs confus par rapport à leur genre. Sous serment, elle a détaillé des pratiques dérangeantes, notamment la facilité avec laquelle les mineurs pouvaient commencer des traitements hormonaux avec peu de supervision. En réaction, le Missouri a fait une proposition de loi visant à protéger les enfants dysphoriques par rapport au genre des préjudices potentiels dans l’industrie transgenre. L’American Civil Liberties Union (ACLU) une association de Défense des droits humains s’est retrouvée au cœur de la controverse après avoir intenté des actions contre la lanceuse d’alerte. Le ciblage de Reed par l’ACLU a soulevé aux Etats-unis des questions sur les priorités de l’organisation concernant les droits individuels et la protection des lanceurs d’alerte dans des contextes sensibles. L’ACLU emploie le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Jay Stanley, et a employé Laleh Ispahani, qui est désormais directrice général aux États-Unis de l’Open Society Foundation du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Georges Soros. À la fin du mois d’octobre dernier, sur le podcast The Joe Rogan Experience, Elon Musk a accusé Soros de propager un « virus mental », par les réseaux sociaux et d’autres plateformes technologiques qui est devenu selon le milliardaire, une menace sérieuse pour la Santé sociale et culturelle des communautés.
La question de la loi sur la surveillance du renseignement étranger
Johnson a également opéré un virage à 180° concernant la section 702 de la loi sur la surveillance du renseignement étranger (FISA). Cette loi adoptée par le Congrès en 2008 en réponse aux révélations d’espionnage sans mandat de citoyens américains par l’administration Bush, a accordé des pouvoirs étendus qui ont été critiqués au fil des ans pour différentes raisons. Les groupes de défense des libertés civiles et les magistrats pensaient que davantage de protections de la vie privée étaient nécessaires. Même les Big Tech, Google, Meta et Apple qui sont affiliées au Forum économique mondial, souhaitaient que le Congrès limite l’article 702, qui les obligent à collecter et à partager des informations personnelles de leurs utilisateurs avec les agences de renseignement des États-Unis. L’année dernière, Bloomberg évoquait dans un article intitulé La loi sur l’espionnage que la Tech veut limiter, « un consensus bipartite croissant au Congrès (…) pour apporter des changements en réponse à une série de rapports et d’audits internes documentant les abus ». Johnson qui était autrefois critique à l’égard de ce programme, avait également changé sa position, militant ensuite pour faire adopter son renouvellement. Toutefois, on a cru un temps que Johnson était revenu à sa position initiale, quand la représentante Républicaine du Colorado, Lauren Boebert, a assuré aujourd’hui sur X aux citoyens américains, qu’elle travaillait avec le « Président Johnson pour obtenir de véritables réformes qui PROTÉGENT VOS LIBERTÉS ! »
Boebert qui s’est impliquée en matière de liberté d’expression sur les plateformes de réseaux sociaux s’était montrée très critique à l’égard des anciens dirigeants de Twitter, lors de leur audition à la Chambre des représentants au mois de février 2023, les accusants d’ingérences électorales présumées en faveur du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Joe Biden, en collaboration avec les services de renseignements américains, comme semblaient en attestés les « Twitter Files ». Johnson a affirmé lui aussi au mois d’octobre dernier, que le gouvernement fédéral a utilisé Twitter et les autres réseaux sociaux pour censurer le « free speech » avant qu’Elon Musk ne reprenne le réseau.
Cependant, Ateba a annoncé sur X, que « La Chambre a voté par 273 voix contre 147 pour prolonger l’autorité de surveillance sans mandat de la section 702 de la FISA jusqu’en 2026, dépassant la date limite du 19 avril ». « Les Américains seront désormais espionnés sans mandat, grâce aux efforts du président Mike Johnson et de la Maison Blanche. »