Changement de cap stratégique pour les États-Unis : Donald Trump annonce la livraison prochaine de systèmes Patriot à l’Ukraine via l’Otan. Une décision à haute portée militaire et diplomatique, qui intervient dans un climat de tensions croissantes entre Washington et Moscou.

C’est une annonce inattendue au cœur d’un été déjà marqué par une escalade des frappes en Ukraine. Ce dimanche 13 juillet 2025, Donald Trump a déclaré que les États-Unis allaient fournir à Kiev des systèmes de défense antiaérienne Patriot, qualifiés d’« essentiels » pour contrer les missiles russes. Le président américain a précisé ne pas avoir encore arrêté le nombre d’unités envoyées, mais a affirmé que l’Ukraine « en aurait, car elle en a besoin ».

Ces systèmes, capables d’intercepter des missiles balistiques ou de croisière, sont particulièrement demandés par Kiev alors que les attaques aériennes russes se multiplient. Vendredi dernier encore, une salve de drones et de missiles s’est abattue sur plusieurs régions ukrainiennes, relançant les appels de Volodymyr Zelensky à renforcer la « protection du ciel ». Un appel entendu à Washington.

Cette livraison se fera sous l’égide d’un accord financier inédit : l’Otan paiera les États-Unis « à 100 % », selon les termes du président américain. Cette clause, assumée par Donald Trump dans sa stratégie de « paix par la force », reflète sa volonté de faire contribuer pleinement les alliés européens au soutien militaire de l’Ukraine. Elle marque aussi une inflexion nette, deux semaines seulement après que Washington avait annoncé suspendre certaines livraisons d’armes.

Ce revirement s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu. Trump s’est dit « déçu » par Vladimir Poutine, accusant le président russe d’user de duplicité : « Il parle gentiment et bombarde tout le monde la nuit ». Lundi, Trump devait recevoir à la Maison Blanche le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, en présence de Marco Rubio et de l’émissaire Keith Kellogg, de retour d’Ukraine. Côté ukrainien, Andriy Yermak, bras droit de Zelensky, a salué sur Telegram cette dynamique comme conforme à la doctrine Trump de « la paix par la force ».

Le tournant se reflète aussi au Congrès. Lindsey Graham, sénateur influent, a de nouveau plaidé pour un arsenal de sanctions renforcées contre Moscou. Parmi ses propositions : la possibilité pour Trump d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 500 % à tout pays soutenant la machine de guerre russe. Il milite aussi pour l’utilisation des avoirs russes gelés et la vente massive d’armes aux alliés européens, qui pourraient bénéficier indirectement à l’Ukraine. Son projet, soutenu par Richard Blumenthal, sénateur Démocrate du Connecticut sera au menu des échanges avec l’Otan.

Sur le terrain, la Russie multiplie les tirs, avec une industrie militaire désormais totalement mobilisée. Le Kremlin, de son côté, affirme avoir pris une localité dans la région de Dnipropetrovsk, alors que l’état-major ukrainien assure avoir « repoussé les assauts » dans la zone.

Alors que le conflit s’enlise et que les négociations diplomatiques restent à l’arrêt, l’entrée en scène directe de l’Otan comme financeur des livraisons américaines marque une étape cruciale. Si l’aide militaire se concrétise rapidement, elle pourrait modifier l’équilibre des forces dans le ciel ukrainien – mais aussi redéfinir les rapports de puissance au sein de l’Alliance.

Source : Sud Ouest, avec AFP, publié le 14 juillet 2025.