Lors du SIDO Lyon 2024, des experts en IA, cybersécurité et innovation numérique se sont réunis pour réfléchir aux enjeux du monde connecté de demain. Ils ont beaucoup évoqué les défis de souveraineté numérique, de sécurité et de régulation , alors que pour la première fois, le Sido accueillait pour sa 10e édition, la Lyon Cyber Expo, réunissant les professionnels de la cybersécurité en région Auvergne-Rhône-Alpes.
À l’occasion de la conférence « Quel monde connecté voulons-nous dans 10 ans ? » organisée lors du SIDO Lyon 2024, plusieurs spécialistes du numérique, dont Laurence Devillers (Sorbonne Université), Emanuela Girardi (ADRA), et Florent Kirchner (France 2030), ont partagé leurs visions du futur numérique. Les débats ont porté sur les impacts sociétaux des technologies telles que l’IA générative, la robotique, et les objets connectés, ainsi que sur la manière dont elles redéfinissent les structures économiques, politiques et sociales actuelles.
Souveraineté et régulation numérique
L’une des principales questions soulevées lors de cette table ronde a été celle de la souveraineté numérique. Les intervenants ont insisté sur l’importance de réduire la dépendance européenne vis-à-vis des grandes plateformes américaines. Laurence Devilliers a cité l’exemple de Health Data Hub, qui devait être hébergé par Microsoft, le gafam affilié au Forum économique mondial, mais qui pourrait finalement débuché sur une solution hybride avec OVH (Français) et Google, un autre membre du FEM. Elle a également cité le choix par le ministère de l’Agriculture du logiciel, Palentir, qui est lié selon elle à la CIA, et fait parti du FEM. Elle a signalé que l’état Français pouvait se tourner vers des entreprises françaises, comme Atos et Thales, même si celles-ci, ont également des liens avec le Forum (Thales par son actionnaire Dassault).
Alors que l’Europe a déployé sa boussole numérique 2030 au travers de l’adoption d’un certain nombre de textes réglementaires (Data Governance Act, Digital Service Act, Digital Market Act, Data Act) et dont le dernier n’est autre que l’AI Act, les experts ont également mis en avant la nécessité d’une régulation stricte pour encadrer l’innovation et ont loué ses textes.
Florent Kirchner a notamment souligné le rôle clé que doit jouer l’Europe dans la régulation des technologies, afin de protéger les données et garantir un usage éthique des innovations technologiques. Il a souligné que le numérique fait partie de notre infrastructure et que notre monde était fragmenté. Dans ce contexte, la sécurité devient, selon lui, une question incontournable.
Le représentant de la Région AuRa, a également estimé les dangers du numérique sur les réseaux sociaux et appelant de ses voeux une régulation.
Cybersécurité et coopération européenne
La cybersécurité a également occupé une place centrale dans les discussions. François Terrier (CEA) et Jean Bolot (Orange) ont insisté sur l’importance de la coopération entre les États européens pour faire face aux cybermenaces croissantes. La montée en puissance des technologies connectées entraîne selon eux, une vulnérabilité accrue aux attaques, rendant cruciale la formation et le renforcement des compétences en cybersécurité.
Vers un écosystème numérique éthique et responsable
Enfin, Laurence Devillers a mis l’accent sur la nécessité d’une approche éthique dans le développement des technologies. Elle a plaidé pour un usage encadré et responsable des innovations, notamment dans l’éducation, en soulignant l’importance d’impliquer les citoyens dans la construction de ce monde connecté. Elle a évoqué le travaille d’éducation qu’elle réalise en tant que présidente de la Fondation Blaise Pascal, dont le président d’honneur est Cédric Villani, Young Leader de la Fondation France Amérique fondée par les présidents Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg.
Emanuela Girardi a de son côté insisté sur la collaboration entre le secteur privé et les pouvoirs publics pour créer des écosystèmes d’innovation européens capables de rivaliser avec les géants technologiques mondiaux. Le rapport du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Mario Draghi, sur l’avenir de la décarbonation en Europe, appelant les états européens à coopérer dans la course à l’IA, était d’ailleurs sur toutes les lèvres, à commencer par l’experte transalpine. La collaboration entre Microsoft et Black Rock, deux entités liées au FEM, qui ont annoncé investir dans un premier temps 30 milliards d’euros dans les infrastructures IA, a été cité en exemple.
Quid des libertés individuelles ?
S’il a été vaguement question d’écologie et de développement durable, il n’a en revanche pas été du tout question de libertés individuelles, qui sont souvent les grandes perdantes, lorsque l’ont veut développer la sécurité. Le DSA, le texte régulant les plateformes de réseaux sociaux en Europe est par exemple dénoncé par de nombreux défenseur de la liberté d’expression, alors que sous prétexte de lutter contre les messages de haine et la désinformation, il permet à l’Europe d’imposer sa régulation.
Intelligence artificielle et cybersécurité
Deux heures plus tard, la conférence « Intelligence artificielle et cybersécurité : prime à l’attaque ou à la défense ? » a exploré comment l’IA générative transforme la cybersécurité. Les experts ont discuté des avantages et des risques liés à l’automatisation des systèmes de défense et d’attaque. L’IA permet selon eux, de mieux détecter et prévenir les cyberattaques, mais elle présente aussi de nouvelles vulnérabilités, telles que la manipulation des données d’entraînement. Ils ont aussi souligné l’importance de former les équipes en cybersécurité et d’intégrer l’éthique dans le développement de l’IA, de la régulation par design, comme préconiser par le président et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron, à Davos 2024.