L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté, jeudi 12 juin, une résolution condamnant l’Iran pour non-respect de ses engagements nucléaires, accentuant la pression à la veille d’un nouveau round de négociations avec les États-Unis.
L’Iran a annoncé, jeudi 12 juin, un renforcement de ses activités nucléaires, notamment par la construction d’un nouveau site d’enrichissement d’uranium et une hausse significative de la production. Cette décision survient dans un climat diplomatique tendu, alors que l’AIEA venait de voter une résolution critique à l’encontre de Téhéran, l’accusant de manquer à ses obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
L’instance onusienne appelle l’Iran à « remédier d’urgence au non-respect de ses engagements », soulignant qu’elle n’est plus en mesure de garantir le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien. Cette prise de position pourrait ouvrir la voie à un rétablissement des sanctions internationales via le Conseil de sécurité des Nations unies.
Négociations sous tension avec les États-Unis
Malgré cette condamnation, un sixième cycle de discussions indirectes entre Washington et Téhéran est prévu dimanche à Mascate, sous l’égide du sultanat d’Oman. Le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghtchi, a qualifié la résolution de l’AIEA d’« obstacle supplémentaire » aux négociations. Selon lui, elle complique la tâche des diplomates iraniens qui doivent défendre les « droits du peuple iranien » face à des exigences jugées excessives.
L’un des points d’achoppement majeurs reste l’enrichissement d’uranium, que les États-Unis veulent voir totalement abandonné, tandis que l’Iran revendique son droit à une technologie civile. Le retrait américain de l’accord de Vienne en 2018, sous l’administration Trump, avait déjà déséquilibré l’architecture de surveillance mise en place en 2015.
Réactions israéliennes et occidentales
Dans un contexte régional déjà instable, Israël a appelé à une réponse « décisive » de la communauté internationale. Le Premier ministre israélien a de nouveau évoqué la possibilité d’une frappe préventive contre les installations nucléaires iraniennes. Une hypothèse évoquée avec prudence par le président américain Donald Trump, qui a toutefois appelé son allié à ne pas agir unilatéralement, évoquant la proximité d’un « bon accord ».
L’Iran a répliqué en menaçant de cibler les « installations nucléaires secrètes » d’Israël en cas d’attaque. Par ailleurs, Téhéran a averti qu’en cas de conflit avec les États-Unis, les bases militaires américaines dans la région pourraient également être visées.
Pression accrue de l’UE et des grandes puissances
Les Européens, notamment la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni (UE-3), ont exprimé leur vive inquiétude. Selon eux, l’Iran dispose désormais d’un stock d’uranium enrichi suffisant pour produire plus de neuf bombes atomiques, avec une concentration à 60 %, proche du seuil militaire (90 %). Ces développements sont jugés incompatibles avec tout usage civil crédible.
L’Union européenne appelle l’Iran à faire preuve de retenue et à renouer avec la transparence, condition indispensable à toute levée des sanctions. Le représentant américain auprès de l’AIEA a pour sa part affirmé que Washington négocie « de bonne foi » et que Téhéran a une « opportunité claire de bâtir la confiance ».
Source : Le Monde.