You are currently viewing Arabie saoudite : au « Davos du désert », l’intelligence artificielle devient le nouveau pilier du développement
Cette image a été générée à l'aide d'une intelligence artificielle. Elle ne constitue pas une photographie réelle de la scène ou de la personne représentée.

Arabie saoudite : au « Davos du désert », l’intelligence artificielle devient le nouveau pilier du développement

Clôturé le 30 octobre à Riyad, le Forum de l’investissement international (FII) a mis en avant une nouvelle priorité stratégique pour le royaume : faire de l’intelligence artificielle le moteur du projet Vision 2030. Alors que les mégaprojets pharaoniques du prince héritier Mohammed Ben Salman peinent à aboutir, l’Arabie saoudite réoriente ses ambitions vers la technologie et l’innovation.

Sous les lustres du Future Investment Initiative (FII), surnommé le « Davos du désert », le royaume saoudien a affiché ses nouvelles ambitions : faire de l’intelligence artificielle (IA) un levier majeur de son développement économique. Du 27 au 30 octobre à Riyad, investisseurs et dirigeants mondiaux se sont réunis pour une neuvième édition placée sous le signe de la technologie, marquant un virage dans la stratégie Vision 2030, le vaste plan de diversification économique lancé par le prince héritier Mohammed Ben Salman.

Longtemps vitrine de cette ambition, les projets gigantesques tels que Neom, la ville futuriste en construction au nord-ouest du pays, ont été relégués au second plan. Les retards et les coûts colossaux de ces chantiers poussent désormais le pouvoir saoudien à miser sur une ressource nouvelle : les données.

Au centre de cette réorientation, la start-up Humain, fondée en mai 2025 et détenue par le Fonds d’investissement public (PIF) du royaume, a été présentée comme la nouvelle vitrine de l’innovation saoudienne. Dirigée par Tareq Amin, ancien cadre d’Aramco Digital, l’entreprise ambitionne de devenir, selon ses propres mots, « le troisième fournisseur mondial d’infrastructures d’IA, derrière les États-Unis et la Chine ».

Lors du forum, Humain a dévoilé son système d’exploitation Humain One, basé sur l’IA, et annoncé un plan massif d’investissements via son fonds Humain Ventures, doté de 10 milliards de dollars. L’entreprise prévoit de construire 6 gigawatts de capacité de centres de données et de déployer 400 000 puces de calcul d’ici 2030 pour alimenter ses plateformes d’intelligence artificielle multi-agents.

Le projet attire déjà les géants américains du secteur. En mai dernier, lors de la visite du président Donald Trump, Humain a signé des partenariats avec Nvidia, AMD, Qualcomm, le concepteur de semi-conducteurs Groq, et le fonds d’investissement Blackstone. Selon Jonathan Ross, PDG de Groq, « l’Arabie saoudite a deux atouts décisifs : son énergie bon marché et sa position géographique qui permet de desservir trois milliards de personnes entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe ».

Mais derrière ce dynamisme affiché, les difficultés économiques du royaume demeurent. Le PIF, fonds souverain de 925 milliards de dollars, a vu son bénéfice net chuter de moitié en 2025, en raison de la baisse des prix du pétrole, de la hausse des taux d’intérêt et de la dépréciation d’actifs. Le déficit budgétaire s’annonce deux fois plus important que prévu, tandis qu’Aramco, le géant pétrolier national, enregistre une baisse continue de ses profits depuis ses records de 2022.

Dans ce contexte, le gouvernement cherche à attirer davantage d’investissements privés pour financer Vision 2030. « Le moment est venu de dire au secteur privé : vous nous avez vus tenir nos promesses, à vous d’investir », a lancé Khaled Al-Faleh, ministre de l’investissement, lors du forum.

Le gouverneur du PIF, Yasser Al-Rumayyan, a souligné que « 250 milliards de dollars de transactions » avaient été conclues depuis la création du FII en 2017, et que les investissements étrangers avaient progressé de 24 % en 2024, atteignant 31,7 milliards de dollars. Près de 9 000 délégués — un record — ont assisté à cette édition, parmi lesquels David Solomon (Goldman Sachs), Jamie Dimon (J.P. Morgan), mais aussi Donald Trump Jr et le vice-président chinois Han Zheng, illustrant la capacité de Riyad à réunir des intérêts souvent opposés.

Si Neom et les projets spectaculaires de Mohammed Ben Salman ont perdu de leur éclat, l’intelligence artificielle apparaît désormais comme l’outil d’une reconstruction stratégique : moins symbolique, plus pragmatique, mais toujours orientée vers le prestige international. L’Arabie saoudite veut prouver qu’elle n’est pas seulement un géant pétrolier, mais une future puissance numérique mondiale.

Sources :

  • Le Monde – « Au “Davos du désert”, l’Arabie saoudite érige l’intelligence artificielle en nouvel axe de développement » – lemonde.frAttachment.tiff – 30 octobre 2025
  • Reuters – « Saudi Arabia shifts Vision 2030 focus to AI amid project delays » – 30 octobre 2025
  • Bloomberg – « AI becomes Saudi Arabia’s new oil at Riyadh investment forum » – 31 octobre 2025

Laisser un commentaire