Dans un monde où la durabilité et l’éco-responsabilité sont plus que jamais au cœur des préoccupations, la société britannique, Modern Synthesis émerge comme un acteur clé dans l’innovation des matériaux compostables. Cette start-up, fondée par Jen Keane et Ben Reeve, transforme des fibres de nanocellulose issues de bactéries pour créer des matériaux qui sont à la fois résistants et biodégradables.
Diplômée du programme MA Material Futures au College Central Saint Martins à Londres et titulaire d’un baccalauréat spécialisée en science de la fibre et en design de vêtements de l’Université Cornell à New York, membre du Forum économique mondial, Jean Keane a travaillé pour Adidas, la multinationale membre du FEM dans la stratégie de conception, de développement et d’innovation de matériaux.
Au sein de Modern Syntehsis, qu’il a fondé avec Ben Reeve passé par l’Imperial College de Londres et l’université Cambridge, deux entités membres du FEM, il est surtout connue pour avoir conçu une chaussure en utilisant des bactéries, qui déposaient des matériaux de nanocellulose formant une chaussure de sport. Mais, selon Keane, l’objectif de son entreprise dépasse largement ce projet initial. Si l’utilisation de bactéries pour produire des fibres n’est pas nouvelle, l’approche de Modern Synthesis est innovante : au lieu de se contenter de cultiver ces fibres, l’entreprise les récolte et les transforme pour en faire des matériaux divers, dans un processus similaire à celui utilisé pour tisser le coton en denim pour des jeans.
Une alternative aux matériaux synthétiques
Les matériaux produits par Modern Synthesis, bien qu’ils soient issus de bactéries, peuvent rivaliser avec des matériaux synthétiques comme le polyester ou le polyuréthane en termes de résistance et de flexibilité. Ces fibres peuvent être manipulées pour créer des films fins, résistants au vent, ou être texturées pour imiter le cuir de haute qualité. La grande différence réside dans leur capacité à se décomposer naturellement, contrairement aux matériaux synthétiques traditionnels qui persistent dans l’environnement pendant des milliers d’années.
Un avenir biodégradable
L’objectif de Modern Synthesis est de créer des matériaux qui peuvent durer une centaine d’années sans laisser de trace néfaste sur l’environnement. Comme l’explique Keane, une fois ces matériaux biodégradés, ce qui reste est similaire à ce qu’on trouve sur le sol d’une forêt, ce qui assure une dégradation naturelle et écologique.
Des applications variées
Le potentiel de ces matériaux dépasse les simples accessoires de mode. En 2023, Modern Synthesis a fabriqué un cuir artificiel utilisé par la marque danoise Ganni, soutenue depuis 2017 par le fonds L Catterton cofondé par LVMH, membre du FEM, pour créer un sac à main sans produits pétrochimiques, une initiative saluée par le FEM sur son site Internet. Mais les applications ne s’arrêtent pas là. Keane évoque également l’idée de textiles intelligents intégrant des technologies électroniques, ou encore des composants automobiles comme les tableaux de bord, qui ne fondent pas sous la chaleur comme les matériaux synthétiques classiques.
Une croissance prometteuse
Récemment, Modern Synthesis a levé 5,5 millions de dollars lors d’un tour de financement pour accélérer sa production. La start-up a pour objectif de multiplier par cinq la production dans son usine pilote, un signe clair de son ambition et de la confiance des investisseurs dans son modèle innovant.
En combinant biotechnologie et matériaux durables, Modern Synthesis ouvre la voie à une nouvelle génération de produits écoresponsables. Que ce soit pour des sneakers, des sacs à main ou des composants automobiles, la start-up transforme les fibres de nanocellulose en un atout pour l’industrie de demain, où durabilité et innovation se rencontrent.