Confronté à un blocus jihadiste sur le carburant et à une recrudescence d’attaques autour de Bamako, le Mali s’enfonce dans une crise sans précédent. L’ambassade des États-Unis a demandé ce mardi à tous ses ressortissants de « quitter immédiatement » le territoire, évoquant une situation devenue « imprévisible et dangereuse ».
La tension monte d’un cran au Mali. Dans un communiqué publié mardi 28 octobre, l’ambassade américaine à Bamako a appelé tous les citoyens des États-Unis présents sur le territoire à quitter le pays « immédiatement » par vols commerciaux. Une recommandation exceptionnelle, qui témoigne de la dégradation rapide de la situation sécuritaire dans la capitale et ses environs.
« Les citoyens américains actuellement présents au Mali doivent quitter le pays immédiatement », indique le message de l’ambassade, précisant que l’aéroport international de Bamako « reste ouvert et que des vols commerciaux sont disponibles ». L’institution diplomatique souligne que « la pénurie de carburant, la fermeture des écoles et universités » ainsi que « les affrontements persistants entre les forces maliennes et les groupes terroristes » aggravent une situation déjà « hautement imprévisible ».
Un pays paralysé par un blocus jihadiste
Depuis septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) — coalition jihadiste affiliée à Al-Qaïda — a imposé un blocus sur les approvisionnements en carburant à destination du Mali. Ses combattants ciblent notamment les camions-citernes en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, principaux corridors logistiques du pays enclavé.
Les attaques, souvent menées dans les régions de Kayes, Sikasso et Koulikoro, ont provoqué l’incendie de dizaines de véhicules, ainsi que la mort ou l’enlèvement de plusieurs chauffeurs et militaires escortant les convois. Le JNIM justifie ce blocus par des représailles à une mesure du gouvernement malien interdisant la vente informelle de carburant en milieu rural, jugée par les autorités comme un moyen de couper les jihadistes de leurs ressources.
Mais cette stratégie a produit un effet inverse : stations-service à sec, files d’attente interminables, économie paralysée et hausse généralisée des prix. À Bamako, la pénurie se double désormais d’un sentiment d’insécurité croissant. Plusieurs axes routiers menant à la capitale sont devenus impraticables, et les convois militaires peinent à sécuriser les approvisionnements.
Une junte sous pression
La crise du carburant vient aggraver un contexte déjà explosif. Depuis les coups d’État successifs de 2020 et 2021, le Mali est gouverné par le général Assimi Goïta, dont la junte militaire promettait de « restaurer la souveraineté et la sécurité » du pays. Cinq ans plus tard, la situation reste alarmante : les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique contrôlent toujours de vastes portions du territoire, notamment dans le centre et le nord.
Face à la montée des attaques jihadistes à proximité même de Bamako, le chef de la junte a limogé la semaine dernière plusieurs hauts responsables militaires, dont le chef d’état-major adjoint des armées et le directeur de la sécurité militaire, pour « insuffisance de résultats ». Une mesure qui traduit la difficulté du régime à enrayer la progression des groupes armés.
Une capitale menacée d’isolement
Selon des analystes sécuritaires cités par France 24 et l’AFP, la stratégie actuelle du JNIM consisterait à isoler progressivement Bamako en ciblant les routes menant à la capitale. Les jihadistes imposeraient désormais leurs propres règles dans certaines zones, allant jusqu’à édicter des codes vestimentaires et de conduite pour les voyageurs : port du voile obligatoire pour les femmes et séparation stricte des sexes dans les transports.
Alors que le pays sombre dans une crise économique et humanitaire, les partenaires occidentaux se font de plus en plus rares. Depuis le départ de la MINUSMA et la montée en puissance du groupe paramilitaire russe Wagner, la présence étrangère se limite essentiellement à des missions diplomatiques réduites et à quelques ONG.
Sources :
France 24 – Mali : l’ambassade américaine demande à ses ressortissants de quitter immédiatement le pays – 28 octobre 2025 – https://www.france24.com
AFP – Blocus jihadiste et crise sécuritaire au Mali : Washington tire la sonnette d’alarme – octobre 2025 – https://www.afp.com
 
								 
															 
		 
							 
							