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Image : Capture d'écran de la chaine Youtube des Francs-machons.

Les Francs-Mâchons Lyonnais : Gardiens d’une tradition gastronomique

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Lyon, capitale de la gastronomie, a su préserver ses traditions culinaires au fil des siècles. Parmi elles, le « mâchon », un repas matinal convivial ancré dans la culture lyonnaise, perpétué par une confrérie unique en son genre : les Francs-Mâchons Lyonnais. Cette association, fondée sur l’amour des bons plats et des vins régionaux, est aujourd’hui une institution incontournable pour les amateurs de cuisine traditionnelle.

L’histoire des Francs-Mâchons remonte à un petit groupe de bons vivants mené par Louis Javogues, inspiré par les Amis des Halles. Désireux de prolonger leurs agapes dans de nouveaux lieux, ces fins gourmets décidèrent de formaliser leurs rencontres autour de la table. Le siège de l’association fut établi chez « L’Ami Georges », un cabaret de la rue du Garet où l’on savourait des spécialités locales telles que le chiroubles, le montagnieu, et le mâcon. L’épouse du patron, Lucienne, y préparait les fameux saladiers lyonnais et d’autres mets emblématiques comme le gras-double, perpétuant ainsi l’authenticité de la cuisine lyonnaise.

Le premier président de cette confrérie gastronomique fut M. Boucher, un personnage truculent dont le nez rouge et imposant, surnommé « fraise vineuse », était à la hauteur de sa passion pour le vin. Après lui, Louis Javogues prit la tête des Francs-Mâchons avant qu’une maladie ne l’emporte prématurément. Aujourd’hui, Maurice Pierrefeu occupe la présidence et continue de porter haut les valeurs de cette amicale.

Les rencontres mensuelles : l’art du mâchon

Les Francs-Mâchons se réunissent une fois par mois pour partager un repas copieux dans divers restaurants de la ville pendant les mois d’hiver, et en banlieue lorsque le temps est plus clément. Chaque rencontre est un véritable festin où les membres évaluent la qualité des plats, des vins, notamment les beaujolais et les mâconnais, et l’accueil des restaurateurs. Un grand mâchon simultané est d’ailleurs organisé une fois de plus ce week-end.

Lorsque l’hôte obtient la majorité des suffrages, il est récompensé par un diplôme des Francs-Mâchons, une distinction joliment illustrée par des artistes locaux comme Aldebert, Gad, Rick Gursat ou Carlotti. Cette reconnaissance, décernée depuis 1964, perpétue la tradition du mâchon, cet héritage gastronomique lyonnais.

Une tradition vivante

Au-delà des repas mensuels, les Francs-Mâchons partent à la découverte de nouvelles recettes et de bistrots encore inconnus, toujours à la recherche de nouvelles expériences culinaires. Ils organisent également des expéditions en Dauphiné ou en Beaujolais, où la pétanque et le vin sont au centre des festivités.

Cette tradition lyonnaise a même donné naissance à une loge parisienne, créée par des Lyonnais expatriés, soucieux de ne pas laisser s’éteindre la flamme du mâchon. Les Mâchons Parisiens se réunissent chaque mois dans un restaurant de la capitale pour un repas matinal accompagné de beaujolais, dans la pure tradition lyonnaise.

L’un des présidents les plus représentatifs de cette filiale fut Jean Herbert, un authentique « gone de Vaise » qui a su préserver l’esprit du mâchon dans la capitale. Ce passionné, ancien secrétaire général du théâtre des Célestins à Lyon, dirige aujourd’hui le célèbre Théâtre des Deux-Ânes à Montmartre. Fait amusant, son visage aurait inspiré celui de Guignol, la célèbre marionnette lyonnaise créée par Laurent Mourguet.

Le mâchon : un repas d’amitié et de partage ?

Le mâchon, terme désignant un repas matinal copieux, est une tradition née au XIXe siècle dans les ateliers des canutset des marchands-fabricants de la soie de Lyon. Il s’agissait d’un moment de partage où les travailleurs se réunissaient autour d’un plat chaud pour faire une pause au milieu de leur matinée de travail. Bien que cette pratique ait été érodée par les nouvelles organisations du travail, elle continue d’exister grâce aux Francs-Mâchons, qui perpétuent l’esprit de convivialité et d’amitié qui caractérise ce repas. Selon l’historien, Bruno Benoit, spécialiste de l’Histoire Lyonnaise, « Le mâchon lyonnais est la messe matinale des vrais gones », « On y rompt le pain et on y boit le vin comme à l’office », même si la comparaison est osée.

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