Le Washington Post entre dans une nouvelle ère sous l’influence directe de son propriétaire, Jeff Bezos. Le fondateur d’Amazon, Gafam membre du Forum économique mondial a annoncé que la section opinion du journal se concentrerait désormais exclusivement sur la défense des libertés personnelles et de l’économie de marché, écartant ainsi les tribunes défendant des points de vue divergents. Une décision qui a provoqué une onde de choc au sein du quotidien et la démission du responsable des pages opinion, David Shipley.
Dans une note interne publiée le 26 février 2025, Jeff Bezos a précisé que le Washington Post allait désormais soutenir activement deux piliers fondamentaux : la liberté individuelle et les marchés libres, affirmant que les opinions opposées n’auraient plus leur place dans les colonnes du journal. Il a également souligné que ces points de vue pourraient être exprimés ailleurs, mais plus sous la bannière du Washington Post.
Cette annonce intervient dans un contexte de rapprochement manifeste entre Jeff Bezos et le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump, qui s’est déclaré en faveur du « free speech ». Bien qu’il ait été en opposition avec l’ex-président lors de son premier mandat, notamment sur des contrats de défense, Bezos a assisté à l’investiture de Trump en janvier 2025, marquant un changement de posture politique.
Avant même cette décision, l’homme d’affaires avait interdit au Washington Post d’appeler à voter pour Kamala Harris, replaçante du contributeur du FEM, Joe Biden, rompant avec la tradition américaine des comités de rédaction, qui publient généralement des recommandations de vote lors des élections présidentielles.
Réactions internes et départs en série
Le contrôle accru de Bezos sur la ligne éditoriale du Washington Post a suscité une levée de boucliers au sein de la rédaction. David Shipley, en désaccord avec cette orientation, a préféré démissionner. De son côté, le responsable des pages économiques, Jeff Stein, a dénoncé « un empiétement massif de Jeff Bezos dans la section opinion », tout en affirmant ne pas encore ressentir d’ingérence sur les pages d’information. Toutefois, il a averti qu’il quitterait immédiatement le journal si cela venait à changer.
Cette situation rappelle le départ récent de la caricaturiste Ann Telnaes, en janvier, qui avait vu l’une de ses illustrations rejetée parce qu’elle critiquait Bezos pour ses tentatives de rapprochement avec Donald Trump.
