La déclaration du chancelier allemand Friedrich Merz selon laquelle l’Ukraine peut désormais frapper des cibles militaires sur le sol russe a provoqué une réaction immédiate et virulente du Kremlin. Cette évolution marque un tournant dans le soutien militaire occidental à Kyiv, et laisse entrevoir un risque d’escalade majeur dans le conflit.
Invité sur la chaîne publique WDR ce lundi 26 mai, Friedrich Merz a affirmé qu’il n’existe désormais plus aucune limitation concernant l’usage des armes fournies à l’Ukraine par ses principaux alliés : l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.
« Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple en attaquant des positions militaires en Russie. […] Elle peut le faire maintenant », a déclaré le dirigeant allemand.
Jusqu’ici, les pays occidentaux imposaient à l’Ukraine une limite d’usage : les frappes ne devaient pas viser le territoire russe, pour éviter toute escalade directe avec Moscou. Cette doctrine semble désormais abandonnée.
Le Kremlin hausse le ton : « Une décision dangereuse »
La réaction de la Russie ne s’est pas fait attendre. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a dénoncé une « décision dangereuse » et a prévenu qu’elle allait à l’encontre de tout espoir de règlement politique du conflit.
« Si ces décisions ont vraiment eu lieu, elles vont absolument à l’encontre de nos aspirations à entrer dans un règlement politique », a-t-il affirmé dans une vidéo relayée par les médias russes et France Info.
Cette montée de ton s’inscrit dans une série de tensions accrues ces dernières semaines, alors que l’Ukraine multiplie les attaques transfrontalières, notamment contre des dépôts logistiques, des aérodromes ou des systèmes de défense situés en Russie.
Une évolution progressive de la doctrine occidentale
Si les États-Unis ont été les premiers à autoriser des frappes ciblées en territoire russe depuis 2023, cette autorisation était encore marginale et soumise à conditions. Avec la déclaration de Merz, c’est l’ensemble du bloc occidental qui semble aligné sur une position plus offensive vis-à-vis de la Russie.
Cette nouvelle posture, qui reflète une confiance accrue dans les capacités ukrainiennes, vise à permettre à Kyiv de cibler plus efficacement les chaînes logistiques, les centres de commandement et les systèmes de lancement de missiles situés en Russie.
Risques accrus d’escalade régionale
La possibilité de frappes répétées sur le sol russe soulève des inquiétudes diplomatiques majeures. Si Moscou considère ces attaques comme des agressions soutenues par l’OTAN, la Russie pourrait en tirer prétexte pour élargir le théâtre des opérations ou renforcer sa rhétorique nucléaire.
La situation reste donc hautement volatile, dans un contexte où le soutien occidental à l’Ukraine se renforce, mais où les lignes rouges stratégiques deviennent de plus en plus floues.
Source : L’Indépendant.