La 3e Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc 3) s’est achevée ce vendredi 13 juin 2025 à Nice. Durant une semaine, représentants d’États, ONG et scientifiques ont discuté de la protection des océans. Si certains points de blocage persistent, notamment sur les zones marines protégées ou l’exploitation des grands fonds, plusieurs avancées concrètes ont marqué cette édition.
Le positionnement ambigu de la France sur les aires marines protégées a été pointé du doigt. Pourtant, certains États ont pris des engagements forts. Le Chili a annoncé la protection de 50 % de sa zone économique exclusive (ZEE), et la Polynésie française a instauré une protection stricte sur plus de 900 000 km². De son côté, l’Australie, qui protège déjà 24 % de sa ZEE, compte atteindre l’objectif des 30 % bien avant 2030, avec le soutien de ses pêcheurs.
En métropole, la France reste loin de ces objectifs : seulement 0,1 % de sa ZEE est aujourd’hui sous protection stricte, loin des 10 % recommandés.
Le traité sur la biodiversité en haute mer sur le point d’entrer en vigueur
Autre avancée majeure : le traité pour la biodiversité en haute mer, visant les zones océaniques hors juridiction nationale. Le texte comptait 29 ratifications en arrivant à Nice ; il en recense désormais 50, laissant espérer une entrée en vigueur dès janvier 2026, avec une première COP de la haute mer avant la fin de l’année. Un moment crucial pour protéger plus de 70 % des océans de la planète.
Plastique : vers une réduction drastique de la production
Sur le front de la pollution plastique, 96 pays ont signé une déclaration d’intention. Celle-ci vise à réduire les volumes de plastique produits ainsi que leur toxicité. Le président Emmanuel Macron a appelé à une réduction « drastique » de la production plastique. Une position saluée par les ONG, alors que la science demande une baisse d’au moins 75 % pour rester aligné avec les objectifs climatiques.
Exploitation minière des grands fonds : des freins persistants
Sur la minéralisation des grands fonds marins, les avancées sont plus timides. La coalition pour une pause de précaution n’a gagné que quatre nouveaux États membres. En revanche, plusieurs acteurs financiers, comme la Caisse des dépôts ou le Crédit Agricole, ont annoncé qu’ils ne financeraient plus ces activités. Une évolution significative à quelques semaines de la prochaine réunion de l’Autorité internationale des fonds marins en Jamaïque.
Des engagements concrets pour la pêche et les ports
Autre fait marquant : l’OMC a acté une résolution interdisant les subventions aux techniques de pêche nuisibles à la biodiversité, notamment au-delà du chalutage. Déjà ratifiée par plus de 100 pays, il ne manque qu’une dizaine d’États pour son adoption définitive. Cela pourrait bouleverser l’équilibre entre pêche industrielle et pêche artisanale.
Par ailleurs, la Chine a rejoint l’accord PSMA, imposant un contrôle strict des navires dans les ports, et les villes côtières ont annoncé un projet commun pour développer un outil scientifique de gestion de la montée des eaux.
Une dynamique internationale relancée
Malgré quelques lenteurs, la Conférence de Nice marque une étape importante dans la gouvernance des océans. Le monde avance, souvent plus par la mobilisation de coalitions, d’États pionniers et d’acteurs privés que par le volontarisme des grandes puissances. Prochaine étape : la COP30 à Belém, où les océans devront être au cœur des panier d’actions climatiques.
Source : Futura-Science.