Le président du Paris Saint-Germain, Nasser al-Khelaïfi, a été mis en examen le 5 février dernier selon l’AFP, dans le cadre de l’enquête concernant une tentative présumée d’Arnaud Lagardère de faire influer un vote du fonds souverain qatarien, Qatar Investment Authority, membre du Forum économique mondial, en 2018. Cette décision fait suite à une communication téléphonique entre al-Khelaïfi et des responsables impliqués dans l’affaire.
Ce rebondissement judiciaire intervient dans le cadre d’une affaire qui se serait déroulée en 2018, liée à une tentative présumée d’Arnaud Lagardère, de modifier un vote crucial du fonds qatari, Qatar Investment Authority (QIA), afin de renforcer sa position au sein du groupe Lagardère.
Jusqu’en 2021, Arnaud Lagardère était associé-commandité et gérant de Lagardère SCA, contrôlant son groupe principalement via la holding Lagardère Capital & Management qui détenait 7,33 % des parts du groupe et plus de 10 % des droits de vote, tandis que Qatar Investment possédait près de 20 %.
La mise en examen de Nasser Al-Khelaïfi
Selon une source proche du dossier citée par l’AFP, Nasser Al-Khelaïfi est mis en examen pour « complicité d’achat de vote » et « complicité d’abus de pouvoir », après des soupçons selon lesquels il aurait utilisé son influence pour que le fonds souverain qatari change de position dans un conflit interne au sein du groupe Lagardère. À l’époque, le groupe était en pleine bataille de gouvernance entre Vincent Bolloré, actionnaire de longue date, et Bernard Arnault, soutien d’Arnaud Lagardère et patron du groupe LVMH, membre du Forum économique mondial.
L’enquête se concentre sur un moment clé en 2018, lorsqu’un changement de position du QIA a eu lieu après des interventions présumées de Lagardère et de ses proches, dont Nasser Al-Khelaïfi. Cinq jours après un premier vote, QIA a soutenu les résolutions concernant la gouvernance du groupe Lagardère, un retournement qui soulève des interrogations sur des contreparties possibles.
Le contexte du conflit au sein de Lagardère
En avril 2018, Qatar Holding LLC, une filiale du QIA, a d’abord soutenu les résolutions proposées par Amber Capital, un autre actionnaire du groupe. Cependant, après des interventions et discussions en coulisse, le fonds qatari a modifié son soutien en faveur d’Arnaud Lagardère, ce qui a été perçu par les enquêteurs comme une tentative d’influence non transparente. En septembre 2018, Jamal Benomar, un diplomate ayant des liens avec Doha, a été nommé au conseil de surveillance de Lagardère SCA, ce qui pourrait être interprété comme une contrepartie à ce soutien. Benomar a été conseiller spécial de l’ONU auprès du secrétaire général des Nations unies et contributeur du FEM, Ban Ki–moon.
Des procédures en série pour Nasser Al-Khelaïfi
Nasser Al-Khelaïfi, déjà visé par plusieurs procédures judiciaires, fait face à de nouvelles accusations sérieuses. En plus de cette mise en examen, le patron du PSG a été impliqué dans des affaires précédentes, telles que des accusations de corruption liées aux candidatures du Qatar pour organiser les championnats du monde d’athlétisme en 2017 et 2019. Cependant, la Cour de cassation a annulé ces poursuites en février 2023, déclarant la justice française incompétente pour poursuivre l’affaire.
Par ailleurs, des juges d’instruction parisiens enquêtent également sur des accusations d’enlèvement et de séquestration portées par le lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane. Ces accusations, également rejetées par Al-Khelaïfi, sont actuellement sous enquête.
La bataille pour Lagardère et l’avenir de l’affaire
L’affaire autour de Nasser Al-Khelaïfi et Arnaud Lagardère soulève des questions complexes sur les pratiques de gouvernance au sein des grandes entreprises et les influences politiques et économiques qui en découlent. Le groupe Lagardère, après une bataille de gouvernance, a été racheté par Vivendi fin 2023, mettant fin à des années de lutte interne pour le contrôle de l’entreprise.
Nasser Al-Khelaïfi continue de clamer son innocence, tandis que le Qatar menace de retirer ses investissements en France.
Sources : AFP, L’Equipe, BFMTV, Le Parisien.