« Cela aura d’énormes répercussions positives sur toute la région. » Le 12 septembre 2002, Benyamin Netanyahou, alors Premier ministre israélien, se tenait devant le Congrès américain pour défendre une intervention militaire contre l’Irak. À l’époque, il affirmait que Saddam Hussein était sur le point de se doter de l’arme nucléaire. Deux décennies plus tard, le chef du gouvernement israélien tient exactement le même discours… mais cette fois à propos de l’Iran.
À l’automne 2002, alors que l’administration Bush cherchait un prétexte pour envahir l’Irak, Netanyahou a joué un rôle clé dans la fabrique du consentement. Lors d’une audition devant le House Committee on Oversight and Government Reform, il martèlait que renverser Saddam Hussein serait « bénéfique pour la stabilité de tout le Moyen-Orient ».
Ses arguments étaient clairs : l’Irak cherchait activement à acquérir l’arme nucléaire, et l’intervention américaine devait être facile, rapide et salutaire. L’histoire a jugé ces affirmations : les armes de destruction massive n’ont jamais été trouvées, la guerre a duré près d’une décennie, coûté des centaines de milliers de vies, et engendré l’émergence de l’État islamique.
2025 : la même stratégie contre l’Iran ?
Aujourd’hui, face à l’escalade des tensions entre Israël et l’Iran, Netanyahou réactive la même rhétorique préventive. Il affirme que Téhéran est à deux doigts de l’arme atomique et que seule une action militaire pourra stopper « les forces du mal ». Dans une interview récente à la chaîne américaine ABC News, il va jusqu’à déclarer que tuer le guide suprême iranien Ali Khamenei mettrait fin au conflit. Des mots lourds de conséquences.
Pourtant, les services de renseignement américains n’ont jamais confirmé que l’Iran avait franchi le seuil de l’arme nucléaire. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), malgré des tensions avec Téhéran, continue de prôner la voie diplomatique et la réintégration de l’Iran dans le cadre du JCPOA, l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, même si le rôle de l’agence onusienne est trouble.
Une posture critiquée, même aux États-Unis
Le parallèle entre l’Irak de 2003 et l’Iran de 2025 n’échappe pas aux observateurs. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont exhumé la vidéo dans laquelle on pouvait voire Netanyahu conseiller aux USA d’attaquer l’Irak de manière préventive. « Cela aura d’énormes répercussions positives sur toute la région », promettait-il.
Vingt ans après l’Irak, le Moyen-Orient pourrait de nouveau basculer dans un conflit majeur déclenché sur la base de suspicions, d’intoxication médiatique et de stratégies électoralistes. La communauté internationale, échaudée par les mensonges de 2003, devra-t-elle croire une fois encore aux promesses d’un « choc positif » sur la région ?