À 58 ans, Igor Tulchinsky, fondateur du fonds WorldQuant, s’apprête à redéfinir l’avenir du trading algorithmique. Ce milliardaire américano-biélorusse a bâti sa fortune en exploitant les micro-mouvements du marché grâce à des algorithmes baptisés “alphas”. Désormais, il parie sur une nouvelle arme : les modèles de langage de grande taille (LLM), comme ChatGPT, pour optimiser et générer ses stratégies d’investissement.
« 80 % des données sont non structurées. Les LLM, c’est comme un déjeuner gratuit », affirme Tulchinsky depuis ses bureaux de Manhattan.
De Minsk à Wall Street : l’ascension d’un pionnier du quant
Né à Minsk en 1966, Tulchinsky a fui l’URSS à 11 ans avec sa famille pour les États-Unis. Passionné par la programmation dès son adolescence, il a étudié l’informatique et la finance avant de se faire un nom dans le secteur du trading algorithmique chez Timber Hill, puis chez Millennium Management, dirigé par Izzy Englander.
En 2007, il fonde WorldQuant, un fonds quantitatif aujourd’hui fort de 10 milliards de dollars sous gestion. Sa spécialité ? L’arbitrage statistique, basé sur des millions d’algorithmes qui traquent les inefficiences de marché.
Les modèles d’IA générative : l’avenir du trading quantitatif
WorldQuant utilise déjà l’IA dans ses recherches, mais l’intégration de LLM pour créer de nouveaux alphas est une révolution. Selon Tulchinsky, l’objectif est d’entraîner ces modèles avec les données internes du fonds pour générer des stratégies inédites.
« Les possibilités sont infinies », assure-t-il. « On peut leur poser des questions complexes et recevoir des prédictions quasi humaines. »
En associant l’IA à des modèles économiques complexes, comme celui de Ray Dalio, WorldQuant espère anticiper des scénarios macroéconomiques avec une finesse inédite.
Un empire mondial fondé sur la donnée
WorldQuant compte aujourd’hui 1 000 employés dans 27 villes et 16 pays, de Tokyo à Erevan. L’entreprise valorise la diversité intellectuelle et la recherche de talents STEM, avec plus de 150 titulaires de doctorats.
En parallèle, Tulchinsky développe WorldQuant University, un programme de master en ingénierie financière gratuit et en ligne, financé par sa fondation philanthropique.
Un homme, une obsession : quantifier le monde
« Avec la prolifération des données et de l’IA, on peut “quantifier” presque tout », confie Tulchinsky.
Soutenu par des figures comme le général Stanley McChrystal, consultant stratégique de WorldQuant, Tulchinsky ne voit pas l’IA comme une simple technologie, mais comme une philosophie de pensée prédictive.
Son mantra ? « Change is progress ». Une devise qui résonne parfaitement avec l’ambition d’un homme qui veut automatiser l’intuition financière grâce à l’intelligence artificielle.
À noter qu’Igor Tulchinksy n’est pas le seul à utiliser l’IA à des fins d’arbitrage statistique. C’est également le cas de BlackRock, via ses filiales utilisant le modèle Aladin.
Source : Forbes.