You are currently viewing Kretinsky envisage-il de vendre Marianne suite aux critiques envers Macron et Attal ?

Kretinsky envisage-il de vendre Marianne suite aux critiques envers Macron et Attal ?

L’avenir de l’hebdomadaire « Marianne » pourrait connaître un tournant significatif alors que son propriétaire actuel, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, envisage de vendre le magazine, officiellement, car il serait en désaccord avec la ligne éditoriale souverainiste de la rédactrice en chef Natacha Polony. Des récentes critiques à l’égard des contributeur de l’agenda 2030 et Young Global Leader du Forum économique, Emmanuel Macron et Gabriel Attal, pourraient être la raison réelle à l’origine de cette décision. 

Marianne, qui compte environ 60 000 abonnés à l’édition imprimée, 12 000 abonnés numériques, et 20 000 exemplaires vendus en kiosque, a enregistré en 2023, une diminution de sa diffusion de 1,3 % par rapport à l’année 2022, selon les données de l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias, et généré 12 millions d’euros de chiffre d’affaires contre un déficit de 3 millions. 

Depuis son acquisition par Kretinsky en 2018 via Czech Media Invest (CMI), l’hebdomadaire a vu plusieurs transformations, y compris une réduction de sa pagination en mars dernier pour optimiser les coûts et baisser le prix de vente de l’hebdomadaire. Cette récente modernisation de sa présentation semble avoir eu un effet bénéfique, ayant conduit à une augmentation moyenne de 8 000 ventes en kiosque depuis l’adoption de la nouvelle formule. De plus, les abonnements, tant en format papier que numérique, ont également connu une hausse, comme l’indique CMI France.

La Lettre a révélé lundi que « Daniel Kretinsky veut se séparer de Marianne ». « Le milliardaire n’était plus en phase avec la ligne édito souverainiste de l’hebdo. Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin – fondateur des coffrets-cadeaux Smartbox – ont déjà manifesté leur intérêt.»

En 2019, la directrice de Marianne, a déclaré avoir « réorienté le journal vers les fondamentaux alors qu’il avait glissé vers la social-démocratie », a-t-elle affirmé, tout en réfutant les accusations selon lesquelles elle serait « antieuropéenne et nationaliste ».

Mardi, Denis Olivennes, président de CMI France, proche du contributeur de l’agenda 2030 du FEM, Laurent Fabius, Young Leader de la Fondation France-Amérique, par laquelle sont passés entre autre, les contributeurs du FEM, François Hollande, Macron ou Bill Clinton, a répondu sur une éventuelle vente de l’hebdomadaire par son actionnaire Daniel Kretinsky, sur le plateau de l’émission de Figaro TV Esprit d’Entreprise, média qui appartient au groupe Dassault, affilié au Forum économique mondial. «Natacha Polony, excellente patronne de Marianne, que Daniel Kretinsky a nommée il y a quelques années, a réussi à remettre Marianne sur les rails en étant très rigoureuse et intelligente sur son positionnement dans le paysage de la presse», a-t-il expliqué, précisant qu’elle avait radicalisé « son positionnement ». « Il faut dire que plus Natacha Polony se rapproche de son lectorat, plus elle s’éloigne de Daniel Kretinsky intellectuellement», a estimé Olivennes, évoquant les idées pro-européennes, pro-atlantisites, libéral et pro-entreprise de Kretinsky. 

Le lendemain, la Société des rédacteurs, le CSE et la rédaction de Marianne, se sont réunis en assemblée générale et ont publié un communiqué dénonçant « fermement la brutalité de ces méthodes ». La rédaction de l’hebdomadaire regrette que Denis Olivennes, n’ait pas fournir d’explications aux salariés s’estime « maintenue dans le flou et l’incertitude quant à l’avenir du journal ».« La rédaction demande instamment une clarification des intentions de l’actionnaire, par respect des salariés et des lecteurs. »

Les tensions au sein de la rédaction ne sont pas nouvelles. En avril 2022, pendant l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, la société des rédacteurs du magazine Marianne a accusé Daniel Kretinsky de modifier la « une » du journal pour afficher un soutien au contributeur du FEM, Emmanuel Macron, malgré ses promesses de respecter l’indépendance éditoriale des journalistes. La rédactrice en chef Natacha Polony a publié un communiqué le lendemain dans lequel elle démentait l’intervention du milliardaire. 

Si la rédaction de Marianne s’était montrée plutôt docile à l’égard du gouvernement, proposant au mois de janvier 2023 une série de mesures « visant à faire des enfants de meilleurs citoyens », après que le chef de l’Etat ait appelé de ses voeux un « réarmement civique » de notre jeunesse lors de son rendez-vous avec les Français organisé le 16 janvier, au cours des derniers mois, le magazine a fréquemment critiqué Emmanuel Macron et son Premier ministre Gabriel Attal. Ils ont été décrits comme des « tocards de l’économie » en première page le 4 avril, et Attal a été qualifié d’« antisocial » dans l’édition du 8 février. 

Lorsque Daniel Kretinsky est entré en 2019 dans le capital du Monde, ou plutôt de la holding  Le Nouveau Monde qui le détient, Emmanuel Macron a indiqué qu’il serait vigilant quant à l’indépendance des journalistes, tout en soulignant qu’il n’avait aucun problème à voir un Tchèque entrer dans le capital d’un média français : « Lorsque ce sont des investisseurs de l’Union européenne, il n’y a pas d’interdiction ou de limite ». Le rachat par EPH, le groupe énergétique de Kretinsky, des actifs français du groupe allemand Uniper est intervenu quelques semaines après la prise de capital du Tchèque dans Le Nouveau Monde.

Le milliardaire Tchèque a en effet fait fortune grâce à son groupe EPH, mais en 2013, il a acquis la filiale tchèque de Ringier, un groupe de médias suisse affilié au Forum économique mondial. Il a cofondé Czech News Center, qui possède, via la société CMI, plusieurs des principaux journaux et magazines tchèques, lus par quelque 3,5 millions de personnes. Mais son empire médiatique ne se limite pas à la République tchèque. Depuis plusieurs années, Kretinsky a pris une place croissante sur le marché des médias français, qu’il envisageait comme le « pilier de sa stratégie dexpansion internationale ».

En 2018, après avoir racheté les radios internationales du groupe Lagardère en République tchèque, Pologne, Slovaquie et Roumanie pour 73 millions d’euros, CMI s’est lancé dans le rachat de titres français comme Elle, Télé 7 jours et Marianne, puis est entré en négociations exclusives pour racheter Le Nouveau Monde, la holding qui détient Le Monde et lObs. Début 2019, il a nommé Denis Oliviennes à la tête de CMI France. Lors d’un entretien accordé aux Echos de Bernard Arnault, le 3 novembre 2023, il avait justifié sa volonté d’investir dans Le Monde afin de s’investir dans la régulation du monde numérique, menacée selon lui, par les GAFAM. Kretinsky avait également indiqué que la Tchéquie était « un territoire trop étroit ». « Si ont peut devoir un membre de la famille média en France, on sera plus puissant pour pousser ces idées. »

Lors d’une conférence de presse intitulée « La face cachée de la société de Daniel Křetínský » organisée le 9 novembre 2023 au Parlement européen par l’eurodéputé tchèque Mikulas Peksa, membre du Groupe des Verts/Alliance libre européenne, des journalistes ont expliqué comment le milliardaire investissait dans les médias, pour influencer l’opinion alors que le groupe EPH est le troisième pollueur européen. Gaby Khazalová, journaliste chez Danik referendum, a expliqué que Daniel Kretinsky s’était fortement enrichi après l’acquisition de la compagnie slovaque Eustream, coïncidant avec la réduction de l’approvisionnement de gaz russe en Europe. Cette opération, n’aurait pas été possible, selon elle, sans l’approbation de l’ancien gouvernement slovaque. Hors celui-ci était dirigé par le Premier ministre et contributeur de l’Agenda 2030 du Forum économique mondial, Eduard Heger. Par ailleurs, Kretinsky était intéressé par le rachat d’Atos et de Casino, deux multinationales membres du FEM. 

Laisser un commentaire