Le premier ministre François Bayrou a pris la parole aujourd’hui à l’Assemblée nationale pour un discours marquant sur la situation géopolitique actuelle. Le président du Modem a décrit un monde en pleine mutation, confronté à des bouleversements majeurs et à des menaces qui, selon lui, n’ont jamais été aussi graves depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le débat, organisé dans le cadre de l’article 50-1 de la Constitution, avait pour objectif de permettre au gouvernement de partager avec les députés une analyse de la situation mondiale. François Bayrou a mis en lumière un contexte international déstabilisé, marqué par la guerre entre la Russie et l’Ukraine et par des tensions croissantes au sein même des alliances occidentales.
Selon lui, la scène survenue vendredi soir dans le Bureau ovale de la Maison Blanche illustre une rupture majeure. Il a évoqué « Une scène sidérante, marquée de brutalité, de volonté d’humiliation dont le but était de faire plier par la menace le président Volodymyr Zelensky pour qu’il se rende aux exigences de ses agresseurs». «Pour l’honneur de la responsabilité démocratique, pour l’honneur de l’Ukraine, et j’ose le dire, pour l’honneur de l’Europe, le président Zelensky n’a pas plié. »
La fin d’un ordre mondial fondé sur le droit international ?
François Bayrou a comparé la situation à la seconde guerre mondial, expliquant que depuis 1945, les principes de souveraineté et de respect des frontières prévalaient. Aujourd’hui, ces règles sont remises en cause par des puissances qui font primer la loi du plus fort sur le droit international. Le premier ministre a même évoqué à demi mot le retour de la bête immonde. Selon lui « nous avons basculé dans un autre monde. »
Ce tournant inquiète Bayrou, qui voit dans cette évolution une menace non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour l’ensemble des nations attachées aux principes de liberté et de démocratie. « Tout ceci est fini. Nous avons basculé dans un autre monde », a-t-il déclaré, soulignant que les dispositifs diplomatiques et les institutions internationales sont aujourd’hui affaiblis et contournés.
L’Europe face à un défi existentiel
Bayrou a appelé les Européens à prendre conscience de leur propre force, en appelant au Général de Gaules qui affirmait « on ne sait jamais d’où peut venir le danger », y compris des Etats-Unis.
Avec plus de 450 millions d’habitants et une économie dix fois supérieure à celle de la Russie, l’Union européenne dispose selon lui des ressources nécessaires pour assurer sa propre sécurité. Pourtant, il dénonce une posture de faiblesse qui, met en danger le projet européen.
Face à la crise actuelle, Bayrou exhorte les Européens à s’organiser pour garantir leur propre défense, sans dépendre exclusivement des États-Unis. « Si l’on compare les arsenaux (…), nos forces armées continentales additionnées à celles du Royaume-Uni, c’est plus de 2 millions et demi de soldats professionnels, 25 % de plus que les forces russes. Ce sont 3 000 avions de combat (…), deux fois plus que les Etats-Unis et deux fois plus que l’aviation russe », s’est-il risqué.
Il a rappellé que la France, grâce à sa dissuasion nucléaire et à son armée autonome, joue un rôle central dans cette stratégie de souveraineté européenne.
Une union européenne plus forte pour affronter l’avenir
En conclusion, François Bayrou a appelé à un sursaut collectif et à une solidarité renforcée entre les pays européens. Il a insisté sur l’importance d’une stratégie commune en matière de défense, d’économie et d’innovation technologique. Selon lui, l’Europe ne peut rester passive face aux bouleversements mondiaux et doit agir avec détermination pour défendre ses intérêts et ses valeurs.