Ce mardi matin, devant les grilles du siège d’ArcelorMittal à Paris, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a livré un discours offensif appelant à faire d’ArcelorMittal « le symbole du courage », dénonçant avec force les 636 suppressions de postes annoncées, dont 194 à Florange, et appelant à la nationalisation du groupe sidérurgique.
Devant des centaines de métallos en colère, la dirigeante syndicale a critiqué le « marchandage inacceptable » proposé par le gouvernement : accepter des licenciements massifs en échange d’un vague plan d’investissement pour la décarbonation des sites industriels, financé pour moitié par des fonds publics. Pour elle, cette logique est absurde : « De qui se moque-t-on ? », a-t-elle lancé à la foule, appelant à un sursaut politique.
Un appel au courage politique
Sophie Binet a interpellé directement le gouvernement : « Quand dira-t-on enfin aux milliardaires qu’ils doivent rendre des comptes ? ». Rappelant les nationalisations déjà engagées au Royaume-Uni (British Steel) ou en Italie, elle a exhorté l’État français à faire de même : « Le mot nationalisation doit rentrer dans le vocabulaire politique », a-t-elle martelé, citant même ironiquement Bruno Le Maire, désormais favorable à l’idée.
Un symbole de l’échec industriel français
Dans une déclaration à la presse peu après sa prise de parole, Sophie Binet a rappelé que l’acier est au cœur de toute industrie. Elle a retracé l’histoire d’Arcelor, fleuron français devenu proie de Mittal en 2006. Depuis, selon elle, le groupe n’a cessé de « fermer des sites, licencier en masse et siphonner les brevets ». Aujourd’hui, elle accuse Mittal de préparer son retrait définitif de France et d’Europe.
Des aides publiques au service des actionnaires ?
Sophie Binet a dénoncé un « hold-up sur l’argent public » : en 2024, ArcelorMittal aurait perçu 300 millions d’euros d’aides publiques, tout en procédant à 130 licenciements, avant d’en annoncer plus de 600 cette année. « Combien d’hôpitaux, combien d’écoles aurait-on pu financer avec ces fonds ? », a-t-elle interrogé, pointant l’incohérence d’un État qui subventionne les licenciements au profit des dividendes.
Une rencontre cruciale avec Emmanuel Macron
La secrétaire générale de la CGT a annoncé qu’elle remettrait ce soir-même au président Emmanuel Macron une liste de plus de 400 plans de licenciement en cours, portés par des entreprises subventionnées. Elle a promis de défendre la nationalisation d’ArcelorMittal, la hausse des salaires, et l’abrogation de la réforme des retraites lors de cet échange, affirmant : « On n’en peut plus des doubles discours, il faut sauver notre industrie et agir. »