Alors que l’IA Act, le règlement qui encadre l’Intelligence artificielle sur le territoire européen entre progressivement en application, entreprises et régulateurs cherchent à concilier innovation et responsabilité. Lors d’une conférence organisée ce mercredi 5 novembre par Synthesia, multinationale britannique membre du Forum économique mondial spécialisée dans l’intelligence artificielle qui éveloppe des logiciels de création de contenu vidéo généré par l’IA, des représentants de l’entreprise, mais également de Decathlon, distributeur de français d’articles de sports dirigé pr la contributrice de l’agenda 2030 du FEM, Barbara Martin Coppola et A-LIGN ont débattu d’un enjeu central : comment transformer la contrainte réglementaire en levier stratégique durable.
Le European Union AI Act marque un tournant historique dans la régulation mondiale de l’intelligence artificielle. En plaçant la transparence et la resonsabilité au cœur de son architecture, l’Europe espère instaurer une gouvernance exemplaire, tout en préservant la compétitivité des acteurs économiques. C’est ce délicat équilibre qu’a exploré aujourd’hui Synthesia, pionnier des technologies de génération vidéo par IA, lors de sa conférence « La loi européenne sur l’IA : transformer la conformité en avantage concurrentiel ».
Une loi au-delà des frontières européennes
Pour Alexandru Voica, directeur des affaires publiques chez Synthesia et modérateur de la discussion, l’IA ACT n’est pas une simple norme locale : « comme pour le RGPD, ses effets dépasseront les frontières de l’Union ». Une analyse partagée par Sasa Markota, responsable produit et confidentialité juridique chez Synthesia, pour qui « il est devenu presque impossible d’opérer sur le marché mondial sans tenir compte de la législation européenne ».
L’analogie avec le RGPD est inévitable. Déjà, le précédent cadre européen sur les données personnelles avait imposé de nouveaux standards mondiaux. L’IA Act, s’appuyant sur une logique de « risques gradués », promet d’étendre encore cette influence : interdiction de certains usages jugés inacceptables, obligations renforcées pour les systèmes à haut risque, et transparence accrue pour les modèles dits à usage général.
De la conformité au bon sens industriel
Patrick Sullivan, vice-président stratégie et innovation chez A-LIGN, y voit avant tout une forme de gouvernance « de bon sens ». Selon lui, l’enjeu n’est pas d’ajouter une couche administrative, mais de bâtir des fondations durables : « l’IA Art n’est pas incompatible avec une bonne gouvernance. Il formalise des attentes que les entreprises responsables devraient déjà avoir. »
L’expert rappelle que nombre d’organisations commettent l’erreur d’attendre que la régulation s’impose pour réagir. Une approche réactive qui les condamne à un retard stratégique : « Construire un programme de conformité ou une gouvernance IA solide ne se fait pas du jour au lendemain. C’est un processus organique, comparable à la culture d’un jardin. »
L’innovation sous contrainte, ou protégée par la règle ?
Olivier Duband, directeur mondial de la communication digitale chez Decathlon, partage cette conviction, non sans pragmatisme : « Chez Decathlon, la régulation fait partie de notre ADN. Mais l’innovation aussi. Il faut apprendre à équilibrer les deux. »
Pour le groupe sportif, l’IA n’est pas un gadget mais un « collègue de travail » au service de l’efficacité et de la cohérence globale. L’entreprise s’appuie sur Synthesia pour créer rapidement des vidéos multilingues à destination de ses équipes dans plus de 70 pays. « L’IA Act peut sembler contraignant, reconnaît Duband, mais il protège aussi notre marque, notamment contre les risques de deepfakes. »
Synthesia : la conformité comme culture d’entreprise
Sasa Markota a illustré concrètement cette philosophie. Bien avant l’adoption de l’IA Act, Synthesia avait mis en place un modèle exigeant : pas d’avatar sans consentement explicite, vérification biométrique des acteurs, modération interne des contenus et traçabilité systématique des décisions. Cette approche leur a valu une certification ISO 42001, la référence mondiale en matière de gouvernance IA.
« Nous avons pris des décisions fondées sur le sens commun et sur le risque, explique Markota. C’est exactement ce que la loi demande aujourd’hui. » Pour lui, la clé réside dans une responsabilité partagée : « Les développeurs d’IA doivent intégrer la gouvernance dans leurs produits, mais les entreprises utilisatrices doivent aussi appliquer ces principes dans leurs usages. »
Vers un nouvel avantage compétitif
À l’horizon 2026, la conformité ne sera plus une option, mais un critère de compétitivité. Patrick Sullivan l’assure : « Comme l’ISO 27001 pour la cybersécurité, les certifications IA deviendront un prérequis pour collaborer avec les grands groupes. »
L’enjeu n’est donc plus seulement d’éviter la sanction, mais de gagner la confiance du marché. Olivier Duband abonde : « Nous ne travaillons qu’avec des partenaires capables d’anticiper la régulation. C’est une condition de crédibilité. »
Dans cette optique, les petites entreprises devront, elles aussi, s’aligner sur ces standards. Markota les invite à s’appuyer sur leurs partenaires technologiques plutôt que de tenter d’improviser : « Se reposer sur des solutions d’IA auditées et certifiées, c’est s’assurer de ne pas être seuls face à la complexité réglementaire. »
Sources :
Synthesia – The EU AI Act: Turning Compliance into Competitive Advantage (conférence, 2025) – synthesia.io