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François Bayrou. Image : Capture d'écran BFMTV.

François Bayrou sonne l’alarme sur la dette et annonce un vote de confiance le 8 septembre

François Bayrou a profité de la conférence de presse organisée ce lundi 25 août, pour dresser un constat alarmant de la situation française et internationale, agitant les peurs, brandissant les défis. Dans un discours dense et grave, le premier ministre a alerté sur le risque de surendettement de la France, qu’il juge désormais imminent, et annoncé la convocation d’une session parlementaire extraordinaire le 8 septembre prochain, au cours de laquelle le gouvernement engagera sa responsabilité sur une déclaration de politique générale.

Dès l’entame, l’ancien ministre d’État a replacé la rentrée dans un contexte mondial particulièrement instable. Guerre en Ukraine, tensions persistantes au Moyen-Orient, rivalités commerciales avec la Chine, protectionnisme américain et indifférence face au réchauffement climatique composent, selon lui, une « série d’épreuves de force » qui fragilise l’ordre international. L’Europe, malgré son marché de 450 millions d’habitants et sa puissance scientifique et industrielle, demeure trop divisée pour peser réellement sur la scène mondiale, d’après Bayrou. « Cet été, le rêve d’une Europe qui compte s’est évanoui », a-t-il cité en reprenant les mots de Mario Draghi.

Sur le plan national, Bayrou a dressé un portrait contrasté d’un pays « extraordinairement doué au sommet de la pyramide » – dans les sciences, les technologies de pointe, le nucléaire, l’aéronautique, l’agriculture ou encore la culture – mais « à la traîne » dans les productions de base de la consommation courante, comme l’électroménager ou l’équipement du quotidien. Cette dualité nourrit un paradoxe : la France excelle dans les secteurs stratégiques mais souffre d’un commerce extérieur dégradé et d’un chômage persistant chez les jeunes, avec près d’un sur cinq sans emploi.

Le cœur de son intervention a toutefois été consacré à la question de la dette publique. En vingt ans, celle-ci a doublé, augmentant de 2 000 milliards d’euros, soit en moyenne 12 millions de dette supplémentaire par heure. Pour Bayrou, le seuil d’alerte est franchi : en 2025, le service de la dette atteint 66 milliards d’euros et devient le premier poste budgétaire de la nation, devant l’éducation nationale et les armées. Le premier ministre a souligné que si rien n’est fait, la Cour des comptes prévoit une charge annuelle de 107 milliards dès 2029, soit l’équivalent de l’ensemble des budgets cumulés de la recherche, du logement et de la justice. « C’est notre liberté et notre souveraineté qui sont en jeu », a-t-il martelé rappelant qu’un État dépendant de ses prêteurs se trouve aussi vulnérable qu’une famille menacée par la saisie ou une entreprise au bord du redressement judiciaire.

François Bayrou a insisté sur le cercle vicieux que constitue l’accumulation de dettes utilisées pour des dépenses courantes plutôt que pour l’investissement. Selon lui, les crises successives – subprimes, gilets jaunes, Covid, guerre en Ukraine, inflation, tensions commerciales avec les États-Unis – ont conduit à emprunter massivement, mais sans doter le pays des infrastructures nécessaires pour l’avenir. Résultat : les intérêts de la dette absorbent chaque année une part croissante de la richesse produite par les Français, au détriment de l’investissement public.

Face à ce danger, il appelle à une prise de conscience collective. Si l’effort à fournir est chiffré : réduire le déficit de 44 milliards d’ici 2029, soit environ 2 % des dépenses de l’État, Bayrou promet un partage équitable de l’effort, précisant que « tout le monde participera, l’État le premier, et les plus favorisés prendront leur juste part ». Cette déclaration intervient alors que de plus en plus de Français qui sont majoritairement hostiles à la proposition du premier ministre dénoncent le train de vie des politiques. Mais Bayrou met en garde contre la tentation de « faire semblant » ou de se réfugier dans l’inaction. Le débat, selon lui, doit porter sur l’urgence et la nécessité d’un plan d’ensemble, et non sur des mesures isolées comme la suppression de jours fériés, qui ne peuvent venir qu’ensuite dans la discussion parlementaire.

Le leader centriste n’a pas manqué de critiquer les appels à la grève générale portés par Jean-Luc Mélenchon et les propos polémiques de Sandrine Rousseau sur l’agriculture, estimant qu’ils alimentent le désordre et affaiblissent les forces vives du pays. « La France, ce n’est pas ceux qui veulent l’abattre par le désordre, c’est ceux qui veulent la construire par le courage et la générosité », a-t-il lancé.

C’est dans cet esprit que Bayrou a demandé, et obtenu du président de la République, la convocation d’une session extraordinaire du Parlement le 8 septembre. Il y engagera la responsabilité du gouvernement sur une déclaration de politique générale en vertu de l’article 49-1 de la Constitution. Ce rendez-vous, qu’il qualifie de « clarification nécessaire », pour expliquer aux Français la gravité du danger.

Lors de l’échange avec la presse, François Bayrou a été interrogé sur l’opportunité – et le risque – de convoquer une session extraordinaire du Parlement le 8 septembre. Un journaliste lui a demandé si cette décision n’était pas dangereuse, dans un contexte social tendu et face à une opposition déterminée à bloquer le débat.

Bayrou a assumé pleinement ce choix, estimant qu’il n’y avait « pas d’autre voie » que celle de la clarification démocratique. Selon lui, l’urgence de la situation – le risque de surendettement qui pèse sur la France – impose un débat ordonné et public, dans le cadre parlementaire, plutôt que dans « le désordre des affrontements de rue et des injures ».

Il a ajouté que le véritable danger ne résidait pas dans le fait d’engager la responsabilité du gouvernement devant les députés, mais dans l’inaction. Attendre, temporiser ou repousser la décision reviendrait, selon lui, à « courir à l’accident ».

Bayrou a enfin insisté sur le fait que le Parlement est l’institution légitime pour trancher, et qu’il est de son devoir de premier ministre d’État d’y confronter le gouvernement et la majorité. « Le courage, ce n’est pas de différer, mais d’affronter le problème. »

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