L’usine de poudres explosives Eurenco, installée à Bergerac (Dordogne), a été ciblée mercredi 12 novembre par un nouveau survol illicite de drone, confirmant les inquiétudes des autorités après deux intrusions similaires survenues lundi soir. Malgré une intervention rapide des forces de l’ordre, l’appareil n’a pas été retrouvé et son télépilote reste introuvable.
Lundi soir, deux drones avaient déjà été repérés au-dessus de cette installation classée stratégique, spécialisée dans la production de poudres propulsives destinées aux obus de l’armée française. Moins de 48 heures plus tard, un troisième appareil a de nouveau violé l’espace aérien interdit recouvrant le site.
Ces incursions répétées ont conduit la procureure de Bergerac, Anne-Cécile Dumonteil, à ouvrir une enquête en flagrance pour “survol volontaire d’une zone interdite par le pilote d’un aéronef”. La police nationale a déployé des moyens immédiatement après la détection du drone, mais les recherches sont restées infructueuses.
Eurenco porte plainte
L’entreprise, qui avait déjà saisi la justice mardi pour les deux premiers survols, a confirmé avoir déposé une nouvelle plainte jeudi soir. Elle précise ne pas vouloir communiquer davantage “pour des raisons de sûreté et de défense”.
Eurenco, leader européen des poudres et explosifs, possède quatre sites en Europe – dont deux en France (Bergerac et Sorgues). Son usine périgourdine, inaugurée en mars 2025, marque la relocalisation d’une production stratégique rapatriée de Suède pour répondre à la montée en puissance des commandes européennes dans un contexte géopolitique tendu.
Une multiplication des survols sensibles en France
Ce nouvel incident intervient alors que d’autres sites critiques ont récemment été touchés. À Mulhouse, un drone a survolé mardi le commissariat de police ainsi qu’une gare où transitait un convoi de chars Leclerc. Là encore, le parquet local a ouvert une enquête.
Ces événements s’inscrivent dans un contexte de vigilance accrue autour des infrastructures militaires et industrielles sensibles. Les autorités redoutent à la fois des actes de repérage, des tentatives d’ingérence ou des opérations malveillantes.
Une sécurité renforcée autour d’un site hautement stratégique
Capable de produire jusqu’à 1 200 tonnes de poudres propulsives par an, l’usine de Bergerac joue un rôle central dans l’approvisionnement des munitions françaises et européennes : obus, missiles, torpilles, charges explosives… Le doublement récent du chiffre d’affaires d’Eurenco reflète d’ailleurs l’effort massif de réarmement en cours sur le continent.
La succession de survols anonymes fait donc craindre une tentative de renseignement industriel ou d’évaluation des failles de sécurité. Pour l’heure, aucune piste n’est privilégiée officiellement.
Source : Le Monde.
