L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été officiellement exclu de la Légion d’honneur, selon un arrêté publié le 15 juin au Journal officiel, une première depuis le Maréchal Pétain. Cette décision fait suite à sa condamnation définitive à un an de prison ferme pour corruption dans l’affaire dite « des écoutes ». En parallèle, il a également été radié de l’ordre national du Mérite.
Emmanuel Macron s’était publiquement opposé à une telle mesure. « Ce ne serait pas une bonne décision », avait-il déclaré en avril dernier. Pourtant, le président de la République, bien qu’il soit le grand maître de la Légion d’honneur, n’a aucune autorité dans les cas de condamnation pénale définitive. Conformément au code de la Légion d’honneur, un retrait est automatique en cas de peine de prison ferme d’au moins un an.
Une onde de choc à droite
La décision provoque l’indignation dans les rangs de la droite. Othman Nasrou, vice-président des Républicains, a dénoncé une « honte », tout en exprimant son soutien à Nicolas Sarkozy, qu’il qualifie de « grand président de la République ». Sophie Primas, porte-parole du gouvernement et ancienne sénatrice LR, a de son côté regretté les comparaisons avec le maréchal Pétain, seul autre chef d’État français à avoir subi une telle déchéance.
Jordan Bardella vient lui aussi au secours du président en déclarant que le retrait de la médaille de l’ancien président vise à « l’humilier ». Le président du RN a rappelé le rôle de Sarkozy dans la prise d’otages de Neuilly en 1993.
La prince indépendante s’insurge contre les « privilèges »
Le compte X Nils Wilcke rappelle toutefois que le rôle de Nicolas Sarkozy dans la prise d’otages de Neuilly en 1993 n’est pas à l’origine de sa décoration.
Edwy Plenel estime que « la droite, l’extrême-droite et le pouvoir macroniste » se sont « unis pour défendre Sarkozy ». « Une nouvelle nuit du 4 août s’impose afin d’abolir les privilèges de cette nouvelle aristocratie qui transforme l’élection en impunité. Il n’aiment pas l’égalité, y compris devant la loi commune. »
Le journaliste Alexis Poulin souligne quant à lui que « Macron avait refusé de lui retirer en tant que grand maître de l’ordre c’est donc la justice administrative qui a fait le boulot ». « Une première depuis le Maréchal Pétain. »
Bruno Gaccio se demande, non sans humour si « quelqu’un sait où et à quelle heure se tient la cérémonie ou on arrache la légion d’honneur à Sarkozy ? »
L’association Anticor qui était à l’origine d’une pétition pour le retrait de la légion d’honneur de l’ancien président parle d’une « une victoire importante pour l’égalité devant la loi et contre l’impunité ! »
Une procédure encadrée, une bataille juridique encore en cours
Le général François Lecointre, Grand chancelier de la Légion d’honneur, a souligné que la procédure suivait strictement les textes. L’ancien chef de l’État a pu faire valoir ses observations, mais cela n’a pas suffi à empêcher la sanction. Son avocat, Me Patrice Spinosi, a indiqué que Nicolas Sarkozy attend désormais l’examen de son recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Source : Huff Post, Libération.