Emmanuel Macron a lancé, aux côtés du Canada et du Royaume-Uni, un signal politique fort à l’international : pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, trois puissances occidentales condamnent fermement, de manière coordonnée, les actions d’Israël. Une déclaration commune qui marque un tournant diplomatique dans la gestion du conflit et qui atteste d’un changement de ton notable à Paris.
Le communiqué conjoint, diffusé le 20 mai, témoigne de la montée en puissance d’un mécontentement européen et nord-américain grandissant à l’égard du gouvernement de Benjamin Nétanyahou. Sans ambiguïté, l’Élysée dénonce le « langage odieux » de plusieurs responsables israéliens, qualifié de contraire « aux normes minimales du droit international humanitaire ». Dans le même élan, les trois pays s’élèvent contre les « actions scandaleuses » de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, où le niveau de destruction et le bilan humain continuent d’aggraver une crise jugée « d’une ampleur insoutenable ».
Un ton diplomatique inédit
Depuis le déclenchement de l’offensive israélienne en réponse aux attaques du Hamas, des voix s’étaient élevées en Europe pour appeler à la retenue, mais rarement avec une telle vigueur. Pour Paris, Londres et Ottawa, la ligne rouge semble désormais franchie. En plus de critiquer ouvertement les actes militaires de Tsahal, les trois pays s’alarment de l’ampleur des souffrances subies par la population civile. Le communiqué évoque un « niveau de souffrance intolérable » et rappelle l’urgence d’un cessez-le-feu durable, ainsi que le respect des obligations de protection des civils en zone de guerre.
Ce positionnement renforce la pression sur Israël, dont les opérations armées à Rafah, à Gaza-ville ou dans le nord de la bande, sont régulièrement accusées par les ONG de violer le droit international. En frontal avec la posture de Washington, qui continue à soutenir Israël tout en exhortant à minimiser les pertes civiles, Emmanuel Macron prend une position plus tranchée.
Un tournant dans la stratégie française
À Paris, ce durcissement rhétorique illustre une inflexion stratégique. Jusque-là, la position de la France alternait entre condamnation des attaques du Hamas et soutien au droit d’Israël à se défendre, tout en évitant de trop critiquer ses partenaires historiques. La publication de ce communiqué s’inscrit dans un changement d’approche, dicté par une détérioration alarmante de la situation humanitaire à Gaza et par les réactions de plus en plus critiques au sein de l’opinion publique européenne. Les diplomates français, britanniques et canadiens font désormais front commun pour exiger « un accès humanitaire sans entrave, immédiat, sûr et durable ».
Ce mouvement pourrait également préfigurer une redéfinition des relations entre l’Union européenne et Israël. L’unité affichée par ces trois pays renforce le poids diplomatique de leur appel et pourrait inciter d’autres États à se joindre à ce type d’initiatives, à Bruxelles comme à l’ONU. À mesure que les tensions s’exacerbent sur le terrain, la pression internationale s’intensifie, y compris sur le plan du discours.
Dans un climat où le conflit israélo-palestinien suscite une polarisation croissante des opinions et des sociétés civiles à travers le monde, la prise de parole ferme d’Emmanuel Macron reflète une volonté de reprendre la main sur un dossier explosif. L’Élysée envoie un message autant politique que symbolique : les alliés traditionnels d’Israël exigent désormais des comptes et une refonte de la stratégie militaire sur le terrain. Une posture qui pourrait rapidement changer l’équation diplomatique.