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Négatif du visage du linceul de Turin (1898). Photo : @Giuseppe Enrie/Wikipedia.

Livre : « Les Suaires du Christ en Occident » de Nicolas Sarzeaud

Nicolas Sarzeaud, docteur en histoire médiévale de l’EHESS, nous offre une plongée fascinante dans l’histoire complexe et controversée des suaires du Christ à travers son ouvrage « Les Suaires du Christ en Occident ». Ce livre, se lisant comme un véritable thriller théologico-historique, nous emmène à travers les siècles et les différents coins de l’Europe pour retracer la saga de cette relique vénérée et disputée.

Le Suaire, considéré comme le linceul de la Résurrection du Christ, est l’une des reliques les plus célèbres et contestées. De Turin en Italie à Cahors en France, en passant par Oviedo en Espagne, de nombreux sanctuaires revendiquent sa possession depuis le Moyen Âge. Cette multiplicité s’explique par la promotion active des papes et évêques, qui voyaient en cette relique une preuve tangible de la Passion du Christ, capable de susciter des miracles et d’attirer les pèlerins en masse.

Un trésor pour l’Église et une énigme pour l’Histoire

Pourquoi une telle abondance de suaires ? Sarzeaud nous explique que ces objets, promus par l’Église catholique et célébrés par les érudits comme des preuves de la Passion du Christ, avaient le pouvoir de mobiliser des ressources et des énergies considérables. Ils étaient capables d’agréger le peuple et de susciter des pèlerinages, constituant à la fois un trésor matériel et spirituel pour l’Église.

Les défis de la modernité

Cette abondance de suaires a persisté jusqu’aux Lumières, malgré les périodes de vandalisme révolutionnaire et les interrogations des sciences modernes. Le Vatican lui-même s’est posé la question de savoir s’il fallait conserver ces suaires concurrents dans les musées ou permettre la continuation de leur dévotion locale. Nicolas Sarzeaud éclaire ces dilemmes avec une rigueur académique et une narration captivante.

Témoignages historiques

Sarzeaud nous plonge dans les archives historiques, nous révélant des témoignages fascinants. Par exemple, l’érudit Romano Giuseppe Buonafede considérait en 1654 que le Suaire était le « cinquième évangile », tandis que le cardinal Gabriele Paeleotti voyait dans ses taches « autant de caractères, d’écrits faits avec le sang ».

Nicolas Sarzeaud qui est l’auteur de nombreuses publications en histoire de l’art et des images analyse le défi que lance le suaire, qui a capté l’apparence du « christ mort » aux écritures n’ayant plus « le monopole du vrai ». 

« Les Suaires du Christ en Occident » de Nicolas Sarzeaud. Editions du Cerf.

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