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Gabriel Attal. Photo : @Sydney Phoenix

L’interdiction du voile pour les mineures, révélateur du glissement idéologique du macronisme

Gabriel Attal a relancé un débat brûlant en proposant ce mardi 20 mai, l’interdiction du port du voile pour les mineures de moins de 15 ans. Une proposition marquant un tournant dans la trajectoire idéologique de Renaissance, huit ans après l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Une ligne plus dure sur la laïcité, qui tranche avec les positions nuancées affichées jusqu’ici par la macronie.

Longtemps marginale, cette idée avait été portée dès 2021 par Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau lors des débats sur la loi « séparatisme ». À l’époque, l’initiative avait été désavouée par Emmanuel Macron et la direction d’En Marche. Aujourd’hui, elle est défendue au sommet du parti présidentiel, au nom de l’égalité femmes-hommes et de la protection de l’enfance.

Le parti souhaite même créer un « délit de contrainte au port du voile » ciblant les parents. Une mesure qui pourrait se heurter à la jurisprudence du Conseil constitutionnel, qui impose un impératif d’ordre public pour toute restriction à la liberté de conscience.

Un contraste avec la ligne Macron des débuts

Lors de sa campagne de 2017, Emmanuel Macron s’opposait à l’interdiction du voile à l’université. En 2022, il attaquait Marine Le Pen pour sa volonté d’interdire le voile dans l’espace public. Il défendait alors une laïcité inclusive, refusant de « diviser le pays ». Un discours que le président avait notamment incarné lors de son allocution aux Mureaux, appelant à un équilibre entre lutte contre l’islamisme et reconnaissance des manquements républicains dans certains quartiers.

Vers une dérive droitière assumée ?

L’initiative de Gabriel Attal semble s’inscrire dans une stratégie de droitisation du discours, visible également sur d’autres sujets comme la sécurité, l’immigration ou l’autorité parentale. Pour certains observateurs, il s’agit d’un glissement idéologique assumé, visant à concurrencer la droite et l’extrême droite sur leurs terrains.

Selon Thomas Legrand, journaliste de Libération, « Prononcer un interdit vestimentaire autre que le bannissement pour des raisons de sécurité est une atteinte, sans doute inconstitutionnelle et certainement contraire au droit européen en plus d’être inapplicable sans trouble à l’ordre public ».

Or, le rapport qui alimente cette proposition – centré sur l’entrisme des Frères musulmans – ne suggère pas de mesures liberticides, mais plutôt des réponses culturelles, éducatives et symboliques : apprentissage de l’araberéglementation funérairecontre-discours républicain. Autant de leviers éloignés d’une politique de contrainte.

Source : Le Huff Post, Libération.

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