Lors d’une conférence de presse conjointe avec Alexandre Loukachenko à Moscou, Vladimir Poutine a déclaré aujourd’hui être favorable à une trêve en Ukraine, tout en soulevant des interrogations sur sa mise en œuvre concrète. Le président russe s’est interrogé sur le rôle des observateurs internationaux, évitant cependant de désigner un arbitre précis. Il a mis en avant l’implication de quatre pays des BRICS – l’Afrique du Sud, la Chine, l’Inde et le Brésil – dans le processus de résolution du conflit, excluant ainsi les pays européens.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a affirmé que Moscou ne prenait pas en compte la position de l’Union européenne sur le dossier ukrainien. Cette déclaration intervient en réponse aux propos du secrétaire d’État américain, Marco Rubio, qui a insisté sur l’implication inévitable des Européens dans le conflit.

L’hypothèse d’un déploiement de forces de maintien de la paix européennes en Ukraine a été balayée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Elle a prévenu que cela constituerait un « conflit armé direct » entre la Russie et l’Occident, avec des conséquences militaires immédiates.

Un processus de paix encore flou

Vladimir Poutine a souligné que toute trêve devait s’inscrire dans un cadre de paix durable, traitant des « causes profondes » du conflit. Cependant, aucune condition concrète n’a été énoncée, alimentant le scepticisme sur la volonté réelle de Moscou d’aboutir à un cessez-le-feu.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a fustigé les États-Unis, affirmant qu’ils n’avaient « aucun plan » pour mettre fin à la guerre en Ukraine. De son côté, le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, a déclaré que la trêve proposée était perçue comme une simple « pause temporaire » pour les forces ukrainiennes, insistant sur la nécessité d’un « règlement pacifique de long terme » conforme aux intérêts de Moscou.

Un message de fermeté : Poutine en treillis militaire

La veille, Vladimir Poutine est apparu pour la première fois en treillis militaire, depuis la région de Koursk, exhortant son armée à poursuivre ses offensives. Il a averti que les soldats ukrainiens capturés seraient traités « comme des terroristes ».

Aujourd’hui, la télévision russe a diffusé des images de Sergueï Kirienko, haut responsable du Kremlin, aux côtés de Denis Pouchiline, chef de la partie de Donetsk sous contrôle russe, dans la ville stratégique de Kourakové, riche en lithium.

Les échanges avec Washington sous haute tension

Une rencontre à huis clos entre Vladimir Poutine et l’envoyé spécial du président américain, Steven Witkoff, est prévue, mais le Kremlin a démenti tout projet de dialogue direct entre Poutine et Donald Trump. Le président américain à quant à lui déclaré qu’il souhaitait parler du cessez-le-feu avec Vladimir Poutine. Moscou semble vouloir maîtriser le tempo des négociations, alors que Washington pousse pour une résolution rapide.

La Russie cherche ainsi à imposer son propre cadre de discussions, marginalisant l’Europe et jouant la carte des BRICS, tout en maintenant une pression militaire constante sur le terrain.

Source : Les Échos.