Les Démocrates de Suède (SD), principal parti d’extrême droite suédois, ont publié ce jeudi 26 juin un livre blanc sur leur passé raciste et antisémite. Une initiative perçue comme une stratégie pour accéder à des postes ministériels lors des prochaines élections.
Commandité par le chef du parti, Jimmie Akesson, ce rapport de près de 900 pages a été rédigé par l’historien Tony Gustafsson. Il révèle que, depuis leur fondation en 1988, les SD étaient profondément ancrés dans le fascisme, le nationalisme révolutionnaire, l’anticommunisme, l’apartheid sud-africain et même le rock suprémaciste blanc. Jusqu’au milieu des années 1990, l’idéologie du parti était résolument ethnonationaliste, désignant les Juifs comme « internationalistes ennemis », les adversaires politiques comme traîtres et les immigrés comme une menace pour l’homogénéité culturelle et ethnique du pays.
Un parti devenu la deuxième force politique de Suède
Au prix d’exclusions répétées, les SD ont progressivement adouci leur image. Après leur entrée au Parlement en 2010, ils sont devenus la deuxième force politique du pays en 2022 avec 20,5 % des voix, remportant 73 sièges. Depuis, ils soutiennent la coalition gouvernementale minoritaire de droite et participent activement à l’élaboration des politiques nationales.
Des excuses partielles aux Juifs suédois
Mardi 24 juin, à Gotland, Jimmie Akesson a présenté des excuses aux Juifs suédois pour l’antisémitisme passé du parti, déclarant : « Je présente mes excuses, personnellement et au nom des Démocrates de Suède, quant au fait que mon parti a abrité un temps des personnes aux convictions antisémites ». Le Conseil central juif a salué « un pas dans la bonne direction », mais regrette que ces excuses ne concernent pas l’idéologie du parti dans son ensemble. Le Comité suédois contre l’antisémitisme rappelle que de nombreux responsables SD ont tenu des propos antisémites ces dernières années.
Une stratégie pour entrer au gouvernement
Pour l’éditorialiste de Dagens Nyheter, cette démarche vise à lever l’un des derniers obstacles empêchant le parti d’accéder à des ministères. Jimmie Akesson, à la tête du parti depuis 2005, ambitionne d’intégrer un prochain gouvernement de droite après les élections de 2026. Selon un sondage du Svenska Dagbladet, il dépasse désormais en popularité le Premier ministre conservateur Ulf Kristersson, même si la sociale-démocrate Magdalena Andersson reste en tête.
Source : Courrier international
