Hapsatou Sy a pris la parole sur BFMTV ce lundi 12 mai pour témoigner d’un agression raciste qu’elle aurait subie ce jeudi 8 mai, au Jardin d’Acclimatation dans le bois de Boulogne, en présence de ses enfants. Elle y a exprimé sa douleur et son choc face à un acte de violence qui, selon elle, est le reflet d’une atmosphère politique et sociale de plus en plus tolérante vis-à-vis du racisme. Dans ce témoignage, l’animatrice et entrepreneuse qui a été nominée Rising Talent lors du Women’s Forum de Deauville en 2010 a également interpellé les responsables politiques, notamment Bruno Retailleau, en dénonçant leur complicité passive.
Hapsatou Sy se trouvait avec ses enfants, âgés de 5 et 8 ans, dans un lieu emblématique de Paris, le Jardin d’Acclimatation, lorsqu’un homme se serait permis de l’agresser verbalement en l’appelant « Corinne », en référence à la polémique qui l’a opposé à Éric Zemmour en 2018. Ce dernier avait alors comparé son prénom à une « insulte à la France » et affirmé que sa mère « avait tort » de lui avoir donné ce prénom et qu’elle aurait pu l’appeler « Corinne ». Éric Zemmour avait été condamné en mars 2024, à 4 000 euros d’amende et 6 000 euros de dommages et intérêts pour injure raciste à l’encontre de l’animatrice. Hapsatou Sy avait pris pour avocat Éric Dupond-Moretti.
Le harcèlement de l’extrême droite persiste
L’homme aurait continué à suivre Hapsatou Sy, lui reprochant son procès contre Éric Zemmour et la qualifiant de « victime ». Cette confrontation a rapidement pris un tour encore plus inquiétant lorsqu’un autre individu s’est interposé, la bousculant et tentant d’arracher son téléphone. Selon le récit de l’animatrice, il a également proféré des insultes racistes devant ses enfants et a exigé son adresse.
Hapsatou Sy se dit la cible fréquente de harcèlement en ligne et hors ligne depuis la polémique qui l’a opposée à l’ancien polémiste devenu homme politique. Elle a affirme avoir été victime de milliers de messages injurieux, alimentés par les soutiens d’Éric Zemmour.
Une réaction ferme et la solidarité des passants
L’animatrice a menacé de dénoncer l’agresseur à la police. Elle a également pu compter sur la solidarité de deux passants, qui se sont interposés pour éviter une escalade violente.
L’agression a été filmée et postée sur les réseaux sociaux. Hapsatou Sy a ensuite identifié les deux hommes l’ayant agressée, précisant que l’un d’eux serait « le directeur général de l’amicale de la Police nationale, pris en photo avec le ministre de l’Intérieur » qui travaillerait d’ailleurs selon Sy « au ministère de l’Intérieur ».
Port de plainte et répercussions judiciaires
Face à cette agression, Hapsatou Sy a porté plainte contre les deux hommes, tandis qu’ils ont eux-mêmes déposé des plaintes pour « dénonciation calomnieuse et diffamation ».
Le parcours de Sy
Hapsatou Sy a grandi à Sèvres dans une famille d’origine sénégalaise et mauritanienne. Après des études en commerce international, elle a lancé à 24 ans Ethnicia, un concept de salons de beauté. En 2007, elle a remporté le 2e prix du concours Grand prix jeunes créateurs, organisé par le groupe Unibail-Rodamco et s’est fait un nom dans le monde de l’entrepreneuriat féminin. La même année, elle était sélectionnée pour représenter l’entrepreneuriat français au G20 Yes et sera également nommée Rising Talent lors du Women’s Forum de Deauville en 2010. Elle a même rencontré le président Nicolas Sarkozy en 2011 pour échanger sur l’entrepreneuriat au féminin.
Cependant, son réseau de salons de beauté a fait face à des difficultés financières, et l’entreprise a été mise en liquidation en 2013. Malgré cette épreuve, Hapsatou Sy a persisté dans ses ambitions entrepreneuriales et fondé Atypic Africa Group en 2015, visant à développer des projets pour la protection de l’environnement et la valorisation de la biodiversité. En 2017, elle publiait son premier livre Partie de rien, un témoignage inspirant de son parcours. En parallèle, elle a obtenu plusieurs distinctions, dont une place dans le Choiseul 100 des jeunes leaders économiques.
Hapsatou Sy s’est également fait connaître comme chroniqueuse télé, notamment dans Le Grand 8 et Les Terriens du dimanche !, mais a quitté Canal+ en 2021 après ses problèmes avec Zemmour.