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Béatrice Véssilier et Sylvain Godinot. Photo : @Grégory Fiori

Lyon dévoile son nouveau plan de gestion UNESCO jusqu’à 2030

En 1998, Lyon a obtenu une reconnaissance prestigieuse en inscrivant son site historique sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, l’agence des Nations unies, membre du Forum économique mondial. Cette réalisation a été rendue possible grâce à l’intervention de Régis Neyret, de l’association « Renaissance du Vieux Lyon », et du maire de l’époque, Raymond Barre, membre du groupe Bilderberg. Vingt-cinq ans plus tard, la Ville de Lyon célèbre cet anniversaire en dévoilant les premières actions de son nouveau plan de gestion. Ce plan, dont le ton et la complexité rappellent les Objectifs de Développement Durable 2030 des Nations Unies et les initiatives du Forum économique mondial, marque une nouvelle étape pour la préservation et la valorisation du patrimoine lyonnais.

Depuis son inscription, Lyon a intensifié son engagement envers la sauvegarde de son patrimoine exceptionnel. En 2013, il est devenu le premier site UNESCO à se doter rétroactivement d’un plan de gestion pour les cinq années à venir, 2014-2019, définissant ses grands objectifs stratégiques de préservation et d’amélioration. Cependant, avec l’avènement de la Covid-19 et un changement d’exécutif, il était depuis quatre ans sans nouvelle orientation.

Le nouveau plan de gestion, approuvé le 15 mars par la Commission locale et le 30 mai par le Conseil municipal de Lyon, repose sur quatre axes stratégiques et propose 13 actions pour la période 2024-2030. Il a été présenté symboliquement dans l’ancien bâtiment des beaux-arts, situé Rue Neyret, dans les pentes de la Croix-Rousse. Ce bâtiment abrite désormais le siège du service archéologie de la Ville.

Lors de la présentation, Sylvain Godinot, Adjoint au Maire délégué à la Transition écologique et au patrimoine, était accompagné de Béatrice Vessiller, Vice-présidente de la Métropole de Lyon en charge de l’urbanisme et du cadre de vie, ainsi que de représentants de l’association « Renaissance du Vieux Lyon », autrefois présidée par Régis Neyret. Sophie François, du service archéologie de la Ville, et Cécilia Prudhomme, Directrice du Service Accueil et Visite Guidée à l’Office de Tourisme de la Métropole de Lyon, étaient également présentes.

Un plan visant à préserver le patrimoine tout en s’adaptant au réchauffement climatique

Sylvain Godinot a rappelé que l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, est « la plus haute reconnaissance pour un site patrimonial ». « Cela nous honore, mais ça nous oblige à préserver et à valoriser la valeur universelle exceptionnelle du site ». Il a souligné le succès des célébrations du 25e anniversaire du site l’année dernière, marqué par de nombreux événements et le rapport périodique approuvé par le gouvernement, attestant des efforts de la Ville en matière de préservation.

Les principales orientations incluent la promotion d’une gouvernance partenariale, la préservation et la conservation du patrimoine avec une adaptation aux « défis du XXIe siècle », notamment face au changement climatique. Godinot a mentionné les efforts pour améliorer la végétalisation, diversifier la mobilité, améliorer l’accessibilité et préserver la qualité du paysage nocturne à travers un plan lumière.

L’importance du service archéologique de la Ville de Lyon et de ses projets comme la visite virtuelle des « Arêtes de poisson« 

Une attention particulière sera aussi accordée au patrimoine archéologique de Lyon, avec des projets ambitieux de restauration et de protection des sites comme les mausolées de la Place Werner, la crypte de Saint-Irénée et l’Église Saint-Nizier.

Le service archéologique de Lyon, fondé en 1933 par l’ancien maire et franc-maçon Édouard Herriot, est l’un des plus anciens services archéologiques de collectivité en France et joue un rôle crucial dans ce plan de gestion UNESCO.

Il prévoit de sensibiliser le public, et l’une de ses initiatives phares sera la visite virtuelle des Arêtes de Poisson. En 2022, la Ville de Lyon a lancé un budget participatif permettant aux habitants de proposer des projets pour leur ville. Luc Bolevy, un auteur-illustrateur lyonnais, a proposé la création d’une visite virtuelle basée sur un relevé photogrammétrique en 3D de cet ouvrage. Il s’agit d’un illustrateur Lyonnais, qui a consacré sur son blog, un article sur le résistant franc-maçon, Philibert Gaillard, La visite virtuelle des Arêtes de Poisson devrait être lancé lors des Journées européennes du patrimoine de 2024, qui se tiendront fin septembre.

Le projet est piloté par l’archéologue Cyrille Ducourthial, qui cherche également à confirmer ou infirmer certaines hypothèses sur l’utilisation de ce site énigmatique. En 2011, Walid Nazim a publié un livre intitulé L’Énigme des Arêtes de Poisson, où il avance que ces galeries de la Croix-Rousse auraient servi d’entrepôt pour le trésor des Templiers. Le Service archéologique est toutefois sceptique quant à cette thèse, bien qu’elle ait inspiré le réalisateur Georges Combe, qui a réalisé en 2015 un documentaire intitulé Les Souterrains du Temps, évoquant un lieu de procession initiatique et la franc-maçonnerie.

Cette hypothèse gagne en crédibilité du fait que Jean-Baptiste Willermoz, un franc-maçon ayant joué un rôle crucial dans le Rite Écossais Rectifié, a possédé le terrain au XVIIIe siècle. Ce qui est particulièrement intrigant, c’est que Ducourthial, l’archéologue de la Ville, a publié des articles dans les Regesta Imperii de l’Académie des sciences et des lettres de Mayence et de l’Académie autrichienne des sciences. On y trouve la « Fondation Hannes Androsch de l’ÄOW », créée en l’honneur de Hannes Androsch, membre du groupe Bilderberg, qui a participé à plusieurs de leurs réunions entre 1974 et 1988.

Sophie François a également indiqué que des rencontres avec l’ensemble des guides de l’Office du Tourisme ont été organisés à partir des archéologues municipaux et a souligné l’importance que représentait pour le service archéologique de la Ville, les Journées européennes de l’archéologie, qui se sont déroulées du 14 au 16 juin, sous la patronage du Conseil de l’Europe du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Charles Michel.

Béatrice Vessillier a également souligné que la mission de la Métropole était de garantir « la préservation de ce patrimoine exceptionnel » tout en assurant son « adaptation aux défis contemporains ». Elle a déclaré que « la transformation des espaces publics est essentielle pour les rendre cohérents avec les impératifs actuels, tels que la diversité des usages, l’adaptation au réchauffement climatique et l’inclusivité ». Elle a précisé que le plan de gestion inclut des actions spécifiques pour promouvoir un tourisme durable et valoriser le site, notamment à travers des initiatives de signalétique patrimoniale et touristique, ainsi que des outils numériques de promotion.

Le schéma de développement touristique de la Métropole pour la période 2021-2026

Le schéma de développement touristique 2021-2026 de la Métropole de Lyon, détaillé par Cécilia Prudhomme, définit les objectifs et les orientations stratégiques de la politique touristique métropolitaine visant à créer « un tourisme plus inclusif, participatif et respectueux des habitants ».

L’une de ses priorités est de diversifier les offres de visites pour désengorger les zones touristiques tendues autour du périmètre UNESCO. L’objectif est de promouvoir des activités dans les 59 communes métropolitaines et de renforcer la communication sur d’autres secteurs du territoire.

L’Office de Tourisme souhaite jouer un rôle central en développant des bonnes pratiques et en impliquant les habitants dans le tourisme local. Il a établi une charte de guidage au sein du périmètre UNESCO et du parc de la Tête d’Or en collaboration avec les associations de guides conférenciers et la Ville de Lyon.

Des initiatives incluent la sensibilisation à l’accessibilité, l’amélioration des infrastructures sanitaires, et la formation sur le patrimoine pour tous les acteurs du secteur, y compris privés et indépendants. Cela inclut l’envoi de personnel en formation au sein de l’Association des biens français du patrimoine mondial, qui est affiliée à l’UNESCO, pour garantir une expertise de haut niveau. On nous a par ailleurs confirmé lors de cette conférence de presse, que la Métropole participait régulièrement à des réunions de cette association, grâce à la Ville de Lyon qui en est membre, ce qui lui permet d’échanger avec d’autres acteurs sur les outils à mettre en place.

La question des tags a également été abordée. Sylvain Godinot qui a expliqué que la question mobilisait beaucoup les services de la Ville et de la Métropole. « Il y a un enjeu de civisme sur ce sujet là pour qu’on arrive à arrêter de tagger des sites historiques. On ne peut pas mettre un policer derrière chaque habitant et ce n’est abosulement pas notre intention d’aller vers une surveillance généralisée de la population », nous a-t-il indiqué. On avait besoin d’être rassuré.

Les 13 Actions Clés du Plan de Gestion UNESCO de la Ville de Lyon

  1. Gouvernance Stratégique et Technique : Renforcement de l’ingénierie pour une gestion durable du site.
  2. Coopération Nationale et Internationale : Collaboration renforcée avec les partenaires nationaux et internationaux.
  3. Conservation du Patrimoine : Intégration de la Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE) dans les opérations de conservation.
  4. Patrimoine Archéologique : Renforcement des interventions pour la valorisation du patrimoine archéologique.
  5. Espace Public : Accompagnement des projets et gestion améliorée de l’espace public.
  6. Patrimoine Bâti : Restauration et valorisation des édifices des XIXe et XXe siècles.
  7. Habitabilité : Amélioration de la convivialité et adaptabilité du site historique.
  8. Site Patrimoine Remarquable : Intégration d’un nouveau site dans le plan de gestion.
  9. Ateliers Transversaux : Encouragement à la collaboration entre chercheurs et praticiens.
  10. Interprétation du Patrimoine : Mise en place d’un dispositif concerté d’interprétation.
  11. Tourisme Durable : Promotion d’une politique touristique respectueuse de l’environnement.
  12. Signalétique Patrimoniale : Modernisation de la signalétique pour renforcer la visibilité du site UNESCO.
  13. Valorisation Numérique : Développement d’outils numériques pour promouvoir le site.

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