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La Basilique de Fourvière. Photo : @ Elwood j blues/Wikipedia

L’inscription du site historique de Lyon au patrimoine de l’UNESCO favorisée par la Maçonnerie et le groupe Bilderberg ?

Il y a 25 ans, le 5 décembre 1998, l’UNESCO inscrivait le site historique de Lyon sur sa Liste du patrimoine mondial. Cela a été rendu possible grâce à Régis Neyret et l’association Renaissance du Vieux-Lyon, Henri Chabert et surtout Raymond Barre, membre du groupe Bilderberg, dont les réseaux internationaux ont dû jouer un rôle important. Le président de l’UNESCO de l’époque, Federico Mayor Zaragoza, était lui aussi membre du groupe Bilderberg et franc-maçon.

Aujourd’hui, l’UNESCO souligne sur son site que la ville de Lyon, dont l’histoire remonte à une agglomération proto-urbaine celte et à la fondation de la capitale des Trois Gaules par les Romains au Ier siècle av. J.-C., a joué un rôle crucial dans le développement de l’Europe sur les plans politique, culturel et économique.

Les vestiges de Lugdunum, les ruelles médiévales de Fourvière, les habitations Renaissance du Vieux-Lyon et l’architecture classique de la presqu’île illustrent cette richesse historique. Les pentes de la Croix-Rousse témoignent de l’histoire ouvrière du XIXe siècle. Comment ne pas évoquer aussi la Galerie Philibert Delorme, joyau de la Renaissance française que l’on doit à l’architecte lyonnais Philibert Delorme, qui faisait référence au « grand architecte » dans le premier tome de son « Traité d’architecture », ou la Cour des Voraces, qui pourrait tenir son nom des « Dévoirants », membres de la loge d’une organisation mutualiste, le « Devoir mutuel » ?

L’UNESCO met d’ailleurs en avant la Cour des Voraces sur son site Internet, mais aussi la Loge du Change, un ancien établissement de bourse, construit sur des plans de l’architecte Simon Gourdet entre 1631 et 1653 et remanié sous la direction de l’architecte franc-maçon Jacques-Germain Soufflot, qui fera partie de la Société Académique d’Architecture de Lyon, la plus ancienne société d’architectes française, liée à la Maçonnerie. Le maçon Tony Garnier a fait partie de cette société et l’UNESCO met également en lumière « l’École de tissage, œuvre de l’architecte moderniste », aux côtés de l’hôtel particulier Chamberlain, de la Manécanterie, de l’église abbatiale d’Ainay, de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, de l’église Saint-Nizier, l’Hôtel de Ville, l’Hôtel-Dieu ou la Basilique de Fourvière.

La Galerie Philibert Delorme. Photo : @Pymouss/wikimedia Commons

Le combat de Régis Neyret en faveur de la préservation du partimoine lyonnais

À l’origine de l’inscription du site historique de Lyon à l’UNESCO, on trouve Régis Neyret et son épouse Annie, issus d’une famille de notables lyonnais, comme en témoigne la rue Neyret, située dans les pentes de la Croix-Rousse. Elle fut nommée ainsi en hommage à Claude Neyret, marchand lyonnais et seigneur de Bellevue, qui faisait partie des Échevins de Lyon, des notables de la ville qui étaient élus. Cette tradition remonte au règne de Philippe-Auguste aux environs de 1200, lorsque Renaud de Forez, archevêque de Lyon, était en conflit avec les citoyens de la ville, des siècles avant la création de l’ASSE. Être Échevin de Lyon donnait un privilège de noblesse transmissible.

Régis et Annie Neyret ont été les figures médiatiques des « sauveurs du Vieux-Lyon ». Le quartier, paupérisé et insalubre, était menacé par les destructions modernistes du maire de Lyon et ancien résistant, Louis Pradel, qui fut membre du réseau de résistance maçonnique, « Le Coq Enchaîné ». Dans sa majorité municipale à la coloration antigaulliste, on retrouvait des franc-maçons et même un ancien de l’OAS, Jacques Soustelle, qui était en exil mais retrouva un siège de député à Lyon sous Pradel. Fasciné par New York, Pradel voulait faire de Lyon une ville internationale, mais il défigura la ville avec la construction de l’échangeur de Perrache et la jonction des autoroutes A7 et A6 en plein centre-ville. Il s’en fallut de peu pour que celui que l’on surnommait « zizi béton » ne rase le Vieux-Lyon, même si le projet remontait à Édouard Herriot, un autre franc-maçon. L’idée était de raser le quartier insalubre, qui abritait prostitution, délinquance et mal logement, pour y faire passer une autoroute.

C’est donc à ce moment-là qu’apparut la figure de Régis Neyret, qui est devenu en 1961, le président de « La Renaissance du Vieux-Lyon », une association fondée en 1946. Il s’opposa fermement au projet et obtint, en 1964, la création du premier secteur sauvegardé français par le ministre de la Culture et franc-maçon André Malraux.

Régis Neyret fut ensuite directeur d’une maison d’édition, chroniqueur du journal Lyon Capitale, président de Patrimoine Rhônalpin (fédération d’associations de valorisation du patrimoine) et membre du groupe de travail pour la constitution du dossier de candidature de Lyon pour l’inscription du site historique au Patrimoine mondial de l’UNESCO, inscription obtenue en 1998 avec l’appui du maire de Lyon, Raymond Barre.

Le rôle de Raymond Barre dans l’inscription du site historique de Lyon au patrimoine de l’UNESCO

Ce dernier, ancien Premier ministre, membre de l’Alliance trilatérale, vice-président de la Commission européenne chargé de l’Économie et des Finances, et membre du groupe Bilderberg, s’est rendu à la réunion de ce groupe informel réunissant « les grands de ce monde » en 1983, selon l’universitaire allemand Aleksander M. Zielinski. Alors qu’il était vice-président de l’Union européenne, Raymond Barre a « accepté en 1971 d’aider le jeune ingénieur et économiste allemand Klaus Schwab à organiser son premier Symposium européen du management », qui sera à l’origine du Forum économique mondial de Davos, comme l’expliquait Les Écho, dans un article publié le 19 janvier 2020. Klaus Schwab était avant cela membre du comité de pilotage du groupe Bilderberg.

Raymond Barre au Forum économique mondial de Davos en 1989. Photo : @World Economic Forum

L’histoire politique lyonnaise de Raymond commence lors des législatives de 1981, lorsqu’il fut élu député dans la 4e circonscription. Encouragé par Jacques Chirac, il se présenta ensuite aux municipales de 1995 contre l’ancien maire de Lyon, Michel Noir, qui s’était lui aussi rendu à la réunion du groupe Bilderberg en 1991, toujours selon Zielinski, de l’université de Fribourg. Noir avait été mis en examen en 1993 dans l’affaire Botton impliquant son gendre, Pierre Botton, qui avait mis en place un système de financements occultes sur des comptes suisses. L’affaire impliquait également le maire de Cannes Michel Mouillot et Patrick Poivre d’Arvor, membre du cercle Le Siècle fondé après guerre par des franc-maçons. Noir ne pourra finalement pas se présenter et Barre sera victorieux.

Le rôle d’Henri Chabert adjoint au maire à l’urbanisme

Si Neyret et Barre ont joué un rôle clé dans l’inscription du Vieux Lyon au patrimoine mondial de l’humanité en 1998, c’est aussi le cas du noiriste, Henry Chabert, qui a été adjoint au maire de Lyon chargé de l’Urbanisme et Vice-Président de la communauté urbaine de Lyon chargé de l’Aménagement et Développement urbain entre 1989 et 2001. Celui-ci avait remplacé Michel Noir au dernier moment lors des municipales, réussissant une belle campagne qui le mènera à trois points de la liste de Raymond Barre au premier tour, les deux listes fusionnèrent entre les deux tours. Sur les conseils de l’UDF, Michel Mercier, qui a également eu des relations étroites avec la Maçonnerie, Barre organisera toutefois une cohabitation avec la gauche à la Communauté urbaine pour contrer Henry Chabert, qui avait créé un groupe autonome plus important que celui du maire à la ville et un groupe indépendant à la communauté urbaine.

Par la suite, Henry Chabert a dû se retirer de la campagne des municipales de 2001, qui a mené à l’élection du franc-maçon Gérard Collomb. Entre-temps, Henry Chabert, qui était le champion de la droite, a été condamné pendant la campagne dans le cadre de « l’affaire de la SACVL », qui a éclaté suite à un rapport de la Mission interministérielle d’inspection du logement social (Milos). En moins de quinze jours, celui qui était en tête des sondages est devenu inéligible. Le noiriste avait été élu député en 1997 dans la 2e circonscription de Lyon, où Michel Noir avait démissionné. Il avait ensuite ressauté à Paris, où il a côtoyé un certain Nicolas Sarkozy, contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, mais visiblement cela ne lui a pas porté bonheur. Des lettres anonymes avaient en effet été envoyées après l’élection de Chabert à la députation, menant à son implication dans l’affaire dite de la « SACVL ». Dans les colonnes du journal Lyon Capitale publié le 30 avril 2001, Michel Forien (RPR) percevait « certaines collusions » à la Grande Loge de France (GLF), qui « n’auraient pas été étrangères » selon lui, « à l’origine des ennuis judiciaires » d’Henry Chabert.

Denis Eyraud, ancien président de la « Renaissance du Vieux Lyon », nie le rôle joué par Henri Chabert

Je me suis entretenu avec Denis Eyraud, ancien architecte, qui a été nommé président de la « Renaissance du Vieux Lyon » en 1995, après André Hugoniot, mais qui était affilié à cette association depuis 1976. Il est revenu sur l’histoire de la « Renaissance du Vieux Lyon », « première association au monde à se préoccuper de préserver des quartiers anciens dans leur ensemble ». Il a évoqué « la prise de pouvoir des amis de Régis Neyret, issus de la jeune chambre économique » dans les années 60, qui ont « obtenu de Malraux de faire le premier classement de site avec le Vieux-Lyon ». Nous lui avons fait remarquer que Malraux était franc-maçon et nous lui avons demandé si la Maçonnerie, réputée influente à Lyon, avait joué un rôle. Il nous a répondu par la négative et a affirmé que Régis Neyret et lui-même n’en ont jamais fait partie. Il a toutefois bizarrement nié le rôle d’Henri Chabert dans la reconnaissance du site historique de Lyon au patrimoine de l’UNESCO, alors qu’en tant qu’adjoint à l’urbanisme, son rôle a été indéniable.

Les réseaux internationaux de Raymond Barre

Sur les réseaux de Raymond Barre, Denis Eyraud nous a expliqué que l’ancien maire de Lyon a été « comme une boîte aux lettres », ce qui a permis d’éviter d’être bloqué par le ministère de la Culture. Les réseaux internationaux de Barre lui ont en effet permis de mener une politique d’envergure au niveau international. Il avait obtenu de la part de Jacques Chirac la promesse d’organiser un G7 dans la ville, qui a bien eu lieu en 1996. Barre a aussi profité de ses relations avec l’ancienne Première ministre de Norvège, qui a également été directrice générale de l’OMS et contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Gro Harlem Brundtland, pour implanter dans la capitale des Gaules le Bureau de l’OMS de réponse et de préparation d’urgence sanitaire à Lyon. Gro Harlem Brundtland figure également dans la base de données établie par Aleksander Zielinski références les invités du groupe Bilderberg.

Les liens de Raymond Barre avec Klaus Schwab ont également pu être utiles, puisque l’UNESCO est affiliée au Forum économique mondial. D’autant plus que son directeur général de l’époque, Federico Mayor Zaragoza, est franc-maçon et membre du groupe Bilderberg, comme Raymond Barre l’avait été. Zaragoza s’est rendu à la réunion de 2010. L’actuelle DG de l’UNESCO, Audrey Azoulay, lancée en politique par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, François Hollande, en même tant que le contributeur du FEM, Emmanuel Macron, s’est quant à elle rendue aux éditions 2018 et 2019 de la réunion du groupe Bilderberg, toujours selon l’universitaire allemand Zielinski.

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